L’insolite visiteur de la Loire : quand Blois accueillait un phoque
C’était le 11 septembre 1975. Il y a près de 50 ans, les Blésoises et les Blésois s’amusaient d’une visite aussi surprenante qu’exceptionnelle : un phoque avait remonté la Loire jusqu’à Blois. L’animal, probablement un phoque gris (Halichoerus grypus), espèce plus commune sur les côtes rocheuses de l’Atlantique, s’était aventuré loin de son habitat naturel.
Mais comment un phoque s’est-il retrouvé si loin dans les terres ? La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) rappelle que ces mammifères marins possèdent une capacité remarquable à alterner entre l’eau salée et l’eau douce. Ce phénomène s’explique en partie par le comportement migratoire de certaines espèces de poissons, comme les aloses ou les lamproies, qui remontent les fleuves pour se reproduire. Les phoques, en quête de nourriture, peuvent les suivre bien au-delà de l’embouchure des rivières. Ce type d’adaptation à des variations importantes de l’environnement porte un nom scientifique : l’euryécie (du grec eurys, large, et oikos, habitat), qui désigne une espèce capable de tolérer de fortes fluctuations de certains facteurs écologiques.
Si la présence d’un phoque à Blois en 1975 a provoqué la curiosité, elle n’était pourtant pas sans précédent. Des récits historiques attestent d’autres apparitions de phoques en Loire dès le XIXe siècle, notamment en Touraine et dans l’Orléanais. À cette époque, ces animaux étaient bien souvent abattus, considérés comme une curiosité rare ou une menace pour la pêche. Heureusement, les mentalités ont évolué et les quelques observations récentes de phoques en Loire sont désormais perçues avec émerveillement. Depuis 1975, une trentaine de signalements de phoques ont été recensés dans différents fleuves français, dont la Loire, la Seine et la Garonne.
La Loire, avec ses bancs de sable et sa biodiversité aquatique foisonnante, constitue un environnement propice à ces visiteurs inattendus. En 2009, un phoque gris a ainsi été observé en Anjou, et en 2017, un individu a été repéré à Tours. Ces apparitions, bien que rares, rappellent que la nature nous réserve encore bien des surprises.