Marc Tirvaudey : « Le Parti radical est ancien, mais il ne vieillit pas »

Responsable du Parti radical valoisien en Loir-et-Cher, Marc Tirvaudey revendique un engagement ancien et réfléchi, porté par une certaine idée de la République, de la laïcité et de la modération. S’il souhaite s’impliquer dans les prochaines municipales à Blois, c’est sans posture d’ambition personnelle mais avec une exigence de construction collective. Rencontre.
Il parle sans emphase, mais avec une forme de gravité tranquille. Marc Tirvaudey n’a rien de l’apparatchik ni du militant à slogans. Son engagement remonte aux années 1980, lorsqu’il devient secrétaire départemental du Parti radical valoisien en Haute-Saône, à 26 ans. Aujourd’hui, après un long parcours professionnel « riche, mais indépendant de toute carrière politique », il reprend le flambeau dans le Loir-et-Cher avec une ambition : « faire vivre des idées qui existaient avant nous et les adapter à notre époque ».
Ce qui le séduit dans le Parti radical, c’est d’abord son absence de machine. « Ce n’est pas une écurie présidentielle. Il n’y a que deux permanents, une secrétaire générale et une collaboratrice. Elles font tout. Ce n’est pas un appareil qui capterait des ressources pour porter des carrières. » Il revendique un engagement artisanal, presque en marge du bruit médiatique et de la logique de conquête.
Loin de toute nostalgie, Marc Tirvaudey revient sur l’histoire du plus ancien parti politique français. « Le Parti radical, qu’il soit de gauche ou valoisien, partage une racine commune : celui de 1901, le vieux parti de la Troisième République, celui de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, de Mendès France, Jean Zay, Clémenceau… Des figures qui incarnent la République dans ce qu’elle a de plus exigeant. » Il évoque aussi la tentative de réunification, il y a trois ans, avec les radicaux de gauche — tentative avortée qui a laissé chacun reprendre son chemin. « Ce n’est pas grave, mais cela dit quelque chose du morcellement politique actuel. »
Le radicalisme, version valoisienne, se veut centriste, laïque, européen et social. « La laïcité, ce n’est pas un débat, c’est une réaffirmation permanente. Elle devrait sous-tendre tous les comportements publics. On a trop mélangé vie privée et vie publique, et on attend des miracles de la politique alors que ce n’est pas son rôle. »
À ceux qui l’interrogent sur l’absence de ligne claire entre les multiples composantes du centre droit, il répond sans détour : « Oui, notre espace est encombré. UDI, MoDem, LR : il y a des différences microscopiques. Mais moi, par exemple, je fais une distinction entre le MoDem, très marqué par la personnalité de François Bayrou et une forme de catholicisme social, et le Parti radical, qui est dans une vraie neutralité, une vraie laïcité. »
Il insiste aussi sur la responsabilité individuelle, pilier de son humanisme. « La solidarité n’est pas contradictoire avec l’exigence personnelle. Il faut un filet de sécurité, mais il faut aussi reconnaître à chacun la capacité à être acteur de sa vie. » À ce titre, il défend une idée peu présente dans les discours de la droite modérée : celle d’un revenu républicain universel. « C’est une idée portée par le Parti radical, qui permettrait de garantir un socle minimal pour chacun. »
Sur l’écologie, il entend éviter les postures. « Le Parti radical n’a pas besoin de clamer : il agit. On le voit sur le logement, sur l’idée d’une taxe carbone aux frontières, sur la critique raisonnée mais lucide de la loi ZAN. » Il rappelle aussi qu’un député radical a été à l’origine de propositions concrètes sur ces sujets.
Quant à son attachement à Blois, il le revendique sans fioritures. « Cela fait trois ans que j’y vis. J’y suis bien. Mais je m’attendais à une ville avec une force de frappe plus importante. Elle a un potentiel historique, culturel, patrimonial exceptionnel, et pourtant, on sent une forme de stagnation. » Il évoque dans la foulée la fiscalité, « bien plus élevée qu’à Tours ou Orléans », et le manque de dynamisme économique, malgré la proximité avec Paris. « Une heure et demie de train, c’est idéal. Mais il faut de vraies stratégies. »
Le haut fonctionnaire cite l’exemple du centre-ville, à ses yeux sous-exploité : « Le maire d’Orléans a transformé sa ville avec une politique de ravalement de façades ambitieuse. À Blois, le budget est de 150 000 euros par an, c’est ridicule. » Il plaide aussi pour une approche plus fine de la rénovation urbaine : réintroduire du végétal, réfléchir à l’usage des places minérales, activer le levier public sans prétendre tout faire à la place des acteurs privés. « La ville doit jouer son rôle marginal, d’accélérateur, mais ne peut pas tout assumer seule. »
Sur le tourisme, il s’étonne du contraste entre le potentiel du Val de Loire et la réalité du terrain. « Il y a plein d’initiatives privées, mais aussi énormément d’hôtels et de restaurants à vendre. On pourrait s’attendre à mieux. » Là encore, il évoque l’insuffisance d’une stratégie d’exploitation — au sens positif — des ressources locales.
Avec Unis pour Blois aux prochaines municipales
Concernant les élections municipales de 2026, Marc Tirvaudey confirme qu’il souhaite s’engager. « Je suis en contact avec des personnes autour de la liste Unis pour Blois. Ce qui m’intéresse, c’est que les profils sont variés, avec une ambition commune. » A-t-il une vision pour Blois ? Il sourit. « Une vision, c’est prétentieux. Une aspiration, oui. » Et de conclure, sur un ton plus personnel : « Le Parti radical est ancien, mais il ne vieillit pas. Il ne s’est pas construit sur un homme, ni sur une écurie présidentielle. C’est ce qui le rend précieux aujourd’hui. C’est ce que j’ai retrouvé ici, ce sont des gens pleins d’énergie. »