Municipales 2026 : « Blois en commun », le collectif qui veut faire vivre la démocratie

« Ce n’est pas une candidature contre, c’est une dynamique pour. » Alors que les municipales de 2026 se profilent, un collectif citoyen s’est constitué à Blois. Il s’appelle Blois en commun. Il ne revendique pas d’appartenance partisane directe. Né officiellement à l’automne 2024, ce collectif se structure autour de principes précis : la co-décision, la transparence, la démocratie permanente et l’implication des habitantes et habitants à chaque étape. Rencontre avec ses porte-parole à l’occasion d’un point presse organisé en amont de leur première réunion publique, qui a fait le plein, mardi, à la Ferme de Brisebarre.
Une genèse à plusieurs étages
Les quatre intervenants de la conférence de presse – Sylvie, Cécile, Benjamin et Amandine – ont tous des trajectoires différentes, mais une envie commune : celle de redonner du sens à la politique locale, en partant des habitant.es.
Tous participent à la construction du collectif depuis sa fondation lors d’un week-end de travail, en septembre 2024, aux Greniers de Vineuil, accompagné par la coopérative Fréquence Commune. C’est là qu’a été rédigé le texte fondateur du collectif, intitulé raison d’être.
À l’origine, plusieurs d’entre eux étaient engagés dans l’association Blaisois Naturellement, elle-même issue du groupe politique Blois Naturellement, actif depuis 2020. « Ce n’est pas une fusion, mais il y a des ponts », précise Sylvie. Blois en commun s’inscrit donc dans une continuité d’engagement local, tout en affirmant une rupture de méthode : un fonctionnement horizontal, une gouvernance collective, une volonté de dialogue constant avec les citoyennes et citoyens.

Un fonctionnement participatif assumé
Le collectif réunit chaque mois une plénière de 30 à 40 personnes. À cela s’ajoutent plusieurs groupes de travail : élaboration du programme, mobilisation, communication, coordination, accueil des nouveaux, lutte contre les discriminations. Tous ces groupes sont ouverts, tournants, et destinés à garantir que personne ne monopolise les leviers de décision. « La force du collectif, c’est de pouvoir s’impliquer à la hauteur de son envie, de ses disponibilités, de ses possibilités », rappelle Amandine. Une liste de diffusion regroupe par ailleurs à ce stade environ 300 personnes qui reçoivent les actualités du mouvement.
Le collectif s’appuie sur une méthode de prise de décision par consentement, inspirée des pratiques de la sociocratie*. Toute décision importante passe par la plénière. Si un mot, une idée ou une orientation suscite une objection forte et argumentée, le collectif s’arrête pour la discuter. « Ce n’est pas un droit de veto, mais un espace de dialogue. Et on a pu constater que les objections majeures étaient rares, car les discussions permettent de clarifier les désaccords ou de reformuler pour trouver un terrain d’entente », explique Benjamin qui se souvient lui-même d’avoir porté une objection forte.
Cécile insiste sur le sens de cette méthode : « Il n’y a pas de président, pas de porte-parole permanent. On refuse la hiérarchie. Ce sont les membres qui font avancer le collectif, ensemble. »
Un projet politique en construction
Le collectif ne se positionne pas « contre » la majorité municipale actuelle ni contre une autre opposition. Il se construit « pour » : pour l’avenir, pour une nouvelle manière de faire de la politique locale, pour une plus grande implication des habitant.es dans les décisions qui les concernent.
« Ce n’est pas tellement une question de programme politique au sens classique. Ce qui nous intéresse, c’est de partir des volontés des habitants », résume Amandine. Le programme, en cours d’élaboration, devrait être finalisé à l’automne 2025. Il est nourri par des réunions, des ateliers et des temps d’écoute sur le terrain : marchés, porte-à-porte, cafés d’accueil dans différents quartiers. Une rencontre publique autour de l’alimentation, thème qui a émergé des échanges, est prévue pour juin.
Parmi les priorités dégagées jusqu’ici figurent : la sécurité sociale de l’alimentation, le renforcement du lien entre les quartiers, l’aménagement de la voirie, la propreté, les inégalités de traitement d’un quartier à l’autre. « On a aussi identifié des thématiques sur lesquelles nous devons nous former davantage, comme la politique en direction des quartiers prioritaires », ajoute Amandine.
Un ancrage à gauche, mais ouvert
Les membres de Blois en commun se situent sans ambiguïté à gauche, mais refusent d’en faire un préalable partisan. « Justice sociale, urgence écologique, renouvellement démocratique : ce sont nos trois axes fondateurs », résume Benjamin. Inclusivité, lutte contre les discriminations, égalité dans la prise de parole sont également des valeurs essentielles.
Les partis politiques qui soutiennent la démarche – EÉLV et Génération·s – n’y exercent aucune domination. « Ceux qui sont membres d’un parti viennent en leur nom propre. Le collectif décide seul, en toute autonomie », affirme Cécile.
Quelle place en 2026 ?
À ce stade, aucune décision n’a été prise quant à la présentation d’une liste en vue des élections municipales de 2026. Le collectif envisage cette option, mais n’exclut pas non plus une autre configuration. Ce sera à la plénière de décider, par consentement. « On part sans a priori. Ce n’est pas un collectif contre la majorité actuelle, c’est un collectif pour une dynamique citoyenne. Quand viendra le temps de faire un choix, ce sera une décision collective », affirme Amandine. La question d’un éventuel rapprochement avec d’autres forces de gauche n’est pas écartée non plus. « Pour l’instant, tout cela n’est pas d’actualité. »
Une démocratie au long cours
Au-delà de l’échéance de 2026, Blois en commun se veut une aventure durable. « Le collectif a vocation à durer. Ce n’est pas une simple campagne. On veut susciter du désir pour la politique locale, reconnecter les habitants avec l’idée qu’ils ont un pouvoir d’agir », insiste Cécile. « C’est en s’impliquant qu’on apprend, qu’on apaise ses angoisses, et qu’on retrouve du sens. » Sylvie ajoute : « C’est une bonne façon de lutter contre l’éco-anxiété ». À entendre ces voix, venues de tous les quartiers de Blois, il ne s’agit donc pas seulement de revendiquer un programme, mais de faire exister une méthode, un collectif, une culture politique.
Pour en savoir plus : bloisencommun.fr
*La sociocratie est un mode de gouvernance participatif fondé sur l’égalité des voix, les décisions par consentement, la transparence et la responsabilité partagée au sein de cercles autonomes et reliés.