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Nicolas Orgelet: « Tous les sujets doivent être pensés à partir des limites planétaires »

Nous poursuivons notre grand entretien politique avec Nicolas Orgelet [Lire ici les autres réponses], vice-président de l’agglomération de Blois à la transition écologique, co-président du groupe écologiste, et conseiller municipal. Nous lui avons demandé si tous les sujets devaient désormais être pensés par rapport à la situation climatique ?

« Tous les sujets doivent désormais être pensés pour que nous ne dépassions pas les limites planétaires* dont l’évolution climatique est une des composantes. Cela est le défi principal de notre temps, sans doute même le plus grand défi que l’humanité ait eu à affronter si nous voulons garder l’espoir d’une planète vivable. Cela nous oblige à repenser nos modèles de société et notre rapport au monde, ce qui impacte à peu près tous les sujets : transport, tourisme, sécurité, commerce, énergie, éducation, l’alimentation, etc. Mais aussi la question du juste partage de la ressource, de la manière dont tout doit se transformer en préservant les valeurs de la République auxquelles nous sommes attachés : la liberté, l’égalité et surtout la fraternité, explique Nicolas Orgelet. Comme pour l’écologie en tant que science, il nous faut penser les politiques publiques et les relations à notre environnement comme un système qui doit s’équilibrer dans toutes ses composantes pour pouvoir durer. Construire une nouvelle culture sociétale, dont nous soyons fiers et qui permette des vies moins impactantes et pourtant plus heureuses, se nourrissant et en nourrissant d’autres, dans des espaces de vies dynamiques, vivants, dont les membres sont liés les uns aux autres. C’est possible, nous en sommes convaincus, même si cela est encore, largement, devant nous. »

*Limites planétaires

Le concept des limites planétaires – dont parle Nicolas Orgelet – établit un cadre pour un développement sûr et équilibré de l’humanité. Actuellement, il repose sur neuf éléments-clés qui maintiennent la stabilité de la Terre : les modifications climatiques, la diminution de la biodiversité, les bouleversements des cycles naturels de l’azote et du phosphore, les modifications de l’usage des terres, l’acidification des océans, la consommation mondiale d’eau, la détérioration de la couche d’ozone, l’accroissement des aérosols atmosphériques et l’introduction d’éléments nouveaux dans la biosphère.

Le dépassement de ces seuils compromet le bien-être de la Terre pour nous, les humains. À ce jour, six de ces frontières ont été dépassées.

Un constat alarmant : en 2023, une sixième frontière planétaire a été franchie, après trois en 2009 et quatre en 2015. Donc, six des neuf seuils établis ont déjà été dépassés. Pourquoi est-il primordial d’être au courant de ces données ? Descriptif des six frontières dépassées :

  • Changement climatique : Cela se rapporte à la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Bien que le seuil soit de 350 ppm, nous sommes actuellement à 415 ppm.
  • État de la biodiversité : C’est une mesure de la santé de notre biodiversité. Le taux « naturel » d’extinction est d’environ 10 espèces sur un million chaque année. Actuellement, ce chiffre est entre 100 et 1 000 (signe d’une sixième extinction majeure, imputable à l’action humaine).
  • Perturbation des cycles de l’azote et du phosphore : Ces deux éléments sont vitaux pour la vie. Les activités humaines perturbent leurs cycles, causant par exemple la prolifération d’algues nuisibles.
  • Transformation des sols : Cela englobe les changements d’utilisation des sols, comme la transformation des forêts en terres agricoles. En 2015, seulement 62 % des forêts demeuraient, contre un seuil de 75 %.
  • Pollution chimique : Il s’agit de l’introduction de substances toxiques dans notre environnement. Une étude de 2022 a montré que nous avions dépassé cette frontière.
  • Consommation d’eau douce : Le plafond est de 4 000 km cubes/an. Cette limite a été franchie pour l’eau verte en 2022 et pour l’eau bleue en 2023.

Les trois frontières toujours respectées sont :

  • La protection de la couche d’ozone.
  • L’équilibre des océans (éviter leur acidification).
  • La gestion des aérosols dans l’atmosphère.
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