Opus Mentoris : l’afterwork où la compétence prime sur le business

Jeudi dernier, au restaurant 1846 à Blois, se tenait la troisième édition d’Opus Mentoris, un afterwork imaginé par quatre jeunes professionnels du territoire : Charles Daudin, chargé de développement économique d’Agglopolys, Mathieu Lopin, conseiller création reprise chez In Extenso, Pierre Coullon, agent général Axa Prévoyance et Patrimoine, et Damien Dumont. Rendez-vous convivial, l’événement vise à favoriser les rencontres entre jeunes entrepreneurs, salariés, mentors et chefs d’entreprise. Avec 92 participants cette fois-ci, la dynamique ne cesse de prendre de l’ampleur.
L’initiative Opus Mentoris, lancée en 2023, continue de tracer son sillon dans le paysage entrepreneurial local. Dès 18h30, les participants – étudiants entrepreneurs, salariés en reconversion, indépendants, chefs d’entreprise ou porteurs de projets – se sont retrouvés autour d’un programme en trois temps : des pitchs d’entrepreneurs, des témoignages de mentors, puis une soirée placée sous le signe de l’échange libre. L’ambiance est résolument chaleureuse, mais pensée pour être efficace. « Ce n’est pas un afterwork où on se regarde dans le blanc des yeux en regardant fondre ses glaçons, résume l’un des coorganisateurs. C’est un moment où tous les échanges sont facilités. Et surtout, on met en avant les compétences, plus que le business pur. »
Car c’est bien là le credo d’Opus Mentoris : créer un réseau de compétences sur le territoire pour accompagner les jeunes entrepreneurs – sans forcément leur vendre quoi que ce soit. Qu’ils soient étudiants, en reconversion ou à la tête d’un projet depuis quelques mois, tous sont accueillis avec le même objectif : trouver autour d’eux des ressources humaines capables de les faire progresser.

Une dynamique en forte croissance
La première édition avait réuni 55 personnes. La seconde, 70. Ce jeudi 5 juin, ils étaient 92 à avoir répondu présent, preuve que le format séduit. Ce succès, les organisateurs le doivent à la diversité des profils présents. L’événement attire autant des curieux que des personnes bien implantées dans l’écosystème blésois, en quête de nouveaux liens. « On a de tout : des étudiants, des salariés, des chefs d’entreprise, des gens qui veulent comprendre le dynamisme local et qui ont envie de transmettre. Il y avait même des participants de 18 à 65 ans lors de la dernière édition. » L’initiative est soutenue de fait par les réseaux partenaires, dont la BGE, la Jeune Chambre économique, ou encore des structures comme l’INSA Centre-Val de Loire, où Damien Dumont accompagne les étudiants entrepreneurs.
Des rencontres qui ont déjà porté leurs fruits
Au fil des éditions, les retours se multiplient. Certains entrepreneurs ont trouvé un mentor. D’autres ont bénéficié d’un regard extérieur salutaire sur leur projet. Plusieurs ont noué des collaborations concrètes, comme ce jeune de l’INSA qui a rencontré sa maîtresse de stage lors du premier afterwork, et qui est aujourd’hui en poste chez Myago 3D. « On voit souvent des projets fragiles au démarrage : la bonne rencontre peut tout changer. »

Cette mise en relation permet de gagner du temps, d’éviter des erreurs coûteuses et parfois de détecter ce qui manquait à un projet. Et si les jeunes entrepreneurs découvrent qu’ils ne sont pas seuls, les mentors, eux, y trouvent aussi matière à se nourrir intellectuellement et humainement.
Une approche lucide, sans angélisme
Les organisateurs ne sont pas là pour vendre du rêve. Chacun dans son domaine apporte un regard expert : analyse financière, stratégie, gestion, retour d’expérience. Et parfois, ils alertent. « Mon rôle, c’est aussi de parler chiffres. Si ça ne tient pas, je le dis, explique Mathieu Lopin. On met des points de vigilance. Mais certains veulent foncer coûte que coûte. Parfois, ils ont raison. Parfois non. On n’a pas de boule de cristal. C’est dans l’échange de points de vue qu’on affine les choses. »
Dans un contexte où de nombreux créateurs d’entreprise n’ont ni antécédents familiaux dans l’entrepreneuriat, ni formation dédiée, la demande de conseils et de mentorat est croissante. Beaucoup viennent du salariat ou de la reconversion, sans réseau ni repères. « Avant, beaucoup d’entrepreneurs étaient enfants d’entrepreneurs. Aujourd’hui, c’est souvent une première. Et ça change tout. Le rôle d’Opus Mentoris, c’est de montrer que les compétences sont là, juste à côté. Pas besoin d’aller chercher à Paris ou à Bordeaux : à Blois, on a ce qu’il faut. »

Un projet né… lors d’un afterwork
Les quatre organisateurs, eux-mêmes issus de parcours différents (AXA, INSA, Agglopolys, In Extenso), se sont rencontrés dans un afterwork. L’idée d’en créer un nouveau est née de cette amitié. « On s’est rencontrés dans ces moments informels, et à chaque fois qu’on avait un besoin, quelqu’un dans le groupe avait la solution. C’est cette complémentarité qu’on veut maintenant transmettre. On est quatre potes avec des compétences différentes, et on veut créer un écosystème vertueux », expliquent-ils collégialement. « C’est un peu comme une asso. Sauf qu’on n’est pas une asso. Mais on a la même énergie, la même envie de faire ensemble. Et on sait qu’il y a plein de structures comme la BGE ou la Jeune Chambre qui partagent ça. »

Sérieux, mais pas guindé
Après les pitchs et les témoignages, place à l’échange libre. Mais là encore, tout est pensé pour briser les barrières : un icebreaker invite chacun à retrouver trois personnes dans la salle. Objectif : que personne ne reste dans son coin. « On veut casser l’effet “je suis venu seul, je ne parle à personne”. Je l’ai vécu moi-même, c’est dur de briser la glace. Alors on a prévu de petits jeux, des prétextes pour parler, parce qu’on sait que l’entrepreneuriat, c’est aussi beaucoup de solitude. »
Et une fois les barrières tombées, l’ambiance se détend. Une bière à la main, on échange sur les réussites, les galères, les idées à moitié folles. « Même si on ne vient pour rien, on passe un bon moment. On rigole, on apprend des choses, on rencontre du monde. Et peut-être qu’un jour, ça fera tilt. On a fait une sorte de mix de ce qui se faisait déjà, ici et ailleurs. À Nantes, notamment, il y a eu pas mal d’inspirations. À Tours, on ne retrouvait pas cette ambiance : un afterwork à la fois utile, convivial, et détendu. » Le slogan d’Opus Mentoris l’assume avec légèreté : « l’afterwork blésois où tout le monde y trouve son compte ».
À l’heure où de nombreux jeunes entrepreneurs tâtonnent dans leurs débuts, souvent isolés, l’équipe d’Opus Mentoris insiste : il n’y a pas besoin d’être “le meilleur” ou « la meilleure » pour participer. Il suffit de vouloir apprendre, échanger, transmettre, ou simplement écouter. « On veut montrer que l’entrepreneuriat, ce n’est pas qu’une performance. C’est aussi une aventure collective, avec des moments de joie, de doute, de rencontres. Et ça, on ne le dit pas assez. On veut le vivre et le faire vivre. »
Pour en savoir plus : linkedin.com/company/opus-mentoris