Pedro Kouyaté : « Sur le boulevard de la culture, tu n’as peur de rien »
Le festival FIGAS s’est tenu à Blois du 19 au 21 juillet 2024. Dans le cadre du « before » nommé « Instants Figas », Pedro Kouyaté s’est déplacé à la médiathèque Maurice Genevoix afin de présenter des instruments traditionnels et parler de l’art de la transmission et de la parole (voir la vidéo-interview ci-dessus).
Sa carrière
Né à Bamako, Pedro Kouyaté est un griot, chanteur, compositeur et musicien malien. Issu d’une famille de griots, il a été immergé dès son plus jeune âge dans les traditions musicales et narratives de l’Afrique de l’Ouest. Son parcours musical est marqué par une quête constante de fusion entre les sonorités traditionnelles mandingues et les influences contemporaines telles que le jazz, le blues, et l’électro.
Pedro Kouyaté a commencé sa carrière en tant que percussionniste avec le célèbre bluesman malien Boubacar Traoré. Cependant, en quête de liberté artistique, il décide de se lancer en solo. Son premier album, « One », sorti en 2007, est un mélange de transe mandingue et de blues. Suivent plusieurs autres albums tels que « Two You », un album acoustique en duo avec Renaud Ollivier, et « Live ». En 2016, il sort « AÏNA », une compilation de ses meilleurs titres, incluant deux nouvelles chansons. Par la suite, il se tourne vers l’électro-blues avec l’album « Vis ta Vie » en 2018, où il collabore avec des artistes comme Oxmo Puccino et Mamani Keita.
Pedro Kouyaté a parcouru le monde avec ses tournées, se produisant en France, en Suisse, en Italie, et même au Japon. Il a collaboré avec divers musiciens internationaux, et a réalisé la première partie de Youssou N’Dour à l’Olympia en 2019. Le griot continue d’explorer et de développer son univers musical. Il prépare la sortie de son prochain album « Following », avec de nouvelles collaborations.
Sa source
Les Kouyaté sont traditionnellement des griots en raison de leur appartenance à une caste spécifique au sein des sociétés mandingues de l’Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, en Guinée et au Sénégal. Les griots, ou djélis, sont des bardes, conteurs, historiens et musiciens qui jouent un rôle crucial dans la transmission de la culture, de l’histoire et des traditions orales de leurs communautés. Les Kouyaté sont historiquement associés à la caste des griots en raison d’une sélection par un grand empereur, probablement Mansa Soundiata Keïta, le fondateur de l’Empire du Mali et celui qui a institué la Charte du Mandé (ou Charte de Kurukan Fuga) en 1236.

Ses mots
Cette mission de transmission, Pedro Kouyaté la porte au plus profond de lui. « Quand l’homme sait que la culture est essentielle, il n’y a pas de guerre, pas de meurtre, pas d’exclusion, pas de racisme, juge le griot. Il ne faut pas arrêter de répéter la culture. La répétition, la commémoration, la tradition créent des liens. La culture ne disparaîtra jamais, mais il faut soutenir ceux qui portent ce véhicule-là, la mémoire. Les morts ne sont pas morts, ils sont dans nos murs, dans notre sang, dans le vent. La culture est la seule chose qui reste en l’homme quand il a tout oublié. Un homme sans culture n’existe pas. Ma mission aujourd’hui est à Blois, demain à Paris, après-demain à Tombouctou, je ne sais pas. Mais je veux que les gens qui soutiennent la culture, comme le FIGAS, comme tous les festivals, soient soutenus. Quand je vois un petit gamin toucher au carignan, ou quand il me demande « c’est quoi ce truc rond ? », ma mission est accomplie. Je préfère cela plutôt que jouer à l’Olympia. Quand tu te trouves sur le boulevard de la culture, tu n’as peur de rien. Si tu es complexé, c’est que tu ne connais pas ta culture ou que tu ne veux pas voir ta culture. »