EcologiePodcast Nicolas OrgeletPolitiqueVie locale

[Podcast JBEL] Le projet écocide du golf des Bordes sur le grill

Depuis plusieurs semaines, la contestation monte contre un projet d’agrandissement du golf des Bordes, un domaine privé ultra-luxueux situé à Saint-Laurent-Nouan. Ce projet d’extension, porté par le fonds d’investissement RoundShield Partners, prévoit la destruction de 150 hectares de forêt classée Natura 2000, afin d’y construire un complexe d’écolodges exclusif réservé à une clientèle très fortunée.

Face à ce qu’ils considèrent comme un projet écocidaire, des citoyens, associations et collectifs se mobilisent. Parmi eux, la coopération des luttes locales Centre et le collectif Stop au golf des Bordes, qui dénoncent un projet contraire à l’intérêt général, synonyme de privatisation de terres naturelles au profit de quelques privilégiés.

Dans les épisodes 138 et 139 du podcast Journal de bord d’un élu local, Nicolas Orgelet et Gaël Point Bernard donnent la parole à Katherine, coordinatrice des luttes locales en région Centre. Ils y détaillent les enjeux environnementaux et politiques de ce projet controversé, tout en exposant les moyens d’action mis en place pour tenter de l’empêcher.

Un projet pour une élite, dénoncé comme écocidaire

Le golf des Bordes, domaine ultra-sécurisé, s’étend déjà sur 560 hectares de terres en Sologne. Il accueille une clientèle triée sur le volet, avec un droit d’entrée et un accès réservé aux membres cooptés. Dans le détail, le projet prévoit la construction de 90 villas de luxe (vendues entre 1 et 3 millions d’euros), la rénovation d’un hôtel 5 étoiles, la création de suites hôtelières, d’une piscine, d’un spa et d’un village commercial privé permettant aux résidents de ne jamais avoir à quitter le domaine.

Le problème, dénoncent les opposants, est l’impact environnemental massif de cette extension. La zone concernée est classée Natura 2000 en raison de la présence d’espèces rares protégées. Elle est également située dans la zone UNESCO du Val de Loire, un patrimoine censé être préservé. Pourtant, 66 hectares ont déjà été autorisés au défrichement en 2020, et une nouvelle demande a été déposée pour 92 hectares supplémentaires, portant le total à 150 hectares de forêt détruite et artificialisée.

Une enquête publique sous tension

Le projet doit encore passer l’épreuve de l’enquête publique. Celle-ci permettra aux citoyens d’accéder au dossier complet et de formuler des contributions écrites pour donner leur avis. « Les enquêtes publiques sont souvent des procédures obscures, avec peu de communication. La majorité des citoyens n’en entend même pas parler. Pourtant, c’est un moment clé pour peser sur la décision finale », explique Katherine dans le podcast.

Un précédent encourageant existe : en 2023, le préfet a refusé un projet de golf similaire à Saint-Laurent-Nouan, en arguant qu’il ne présentait pas d’intérêt général. Il serait donc incohérent qu’il valide aujourd’hui une extension encore plus grande du golf des Bordes. La Mission Régionale d’Autorité Environnementale (MRAE) avait déjà émis un avis très critique sur le projet en 2020, soulignant des études de biodiversité incomplètes, une absence de vision globale des impacts environnementaux, et un non-respect des principes d’évitement, de réduction et de compensation des dégâts écologiques. Or, cette fois-ci, la MRAE, sous pression et en manque de moyens, n’a pas pris la peine d’examiner le nouveau dossier. Une absence d’expertise extérieure qui inquiète.

Des impacts économiques contestés

Les promoteurs du projet mettent en avant la création d’emplois locaux et un investissement de 580 millions d’euros pour justifier l’agrandissement. Mais les opposants dénoncent un chantage à l’emploi et des bénéfices uniquement destinés aux actionnaires étrangers. En outre, il existe des doutes sur la viabilité économique du projet. « On risque d’artificialiser et de détruire toute cette forêt pour un projet qui ne sera même pas rentable et qui restera vide », s’inquiète Nicolas Orgelet dans le podcast.

Enfin, les militants dénoncent un impact direct sur les communes alentour. Avec la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN), chaque hectare artificialisé compte. Or, l’ensemble du territoire du Grand Chambord artificialise en moyenne 12 hectares par an pour des logements, écoles et commerces. Avec 150 hectares engloutis par le golf, ce sont plus de dix ans de droits à construire qui disparaîtront au profit d’un projet réservé à une poignée de privilégiés.

Une mobilisation samedi

Face à ce qu’ils considèrent comme une aberration écologique et sociale, les opposants au projet préparent une grande manifestation à Saint-Laurent-Nouan ce samedi 7 février 2025 (voir le flyer ci-dessus). « Ce type de projet avance toujours discrètement, sans que la population ne soit mise au courant. Notre objectif est d’empêcher cela », souligne Katherine. Pour aller plus loin, les épisodes 138 et 139 du podcast Journal de bord d’un élu local proposent un lot d’informations sur ce dossier explosif.


Crédits des podcasts Journal de Bord d’un élu local

  • *Élu : Nicolas Orgelet,
    • Vice-président de l’agglomération de Blois en charge de la transition écologique et énergétique, du Plan climat air énergie, de la biodiversité, des paysages, de la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondation, du paysage
    • Conseiller municipal de Blois et co-Président du groupe politique écologiste à la municipalité de Blois
  • Suivi de projet – montage : Gaël Point Bernard
  • Musique originale : Clément Oury
  • Partenaires : StudioZef et Blois Capitale.

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR