Sept artistes, sept approches, sept regards artistiques à la Galerie Wilson

En ce mois de février, la Galerie d’Art Wilson, à Blois, accueille une exposition collective réunissant sept artistes, dont cinq « nouveaux venus ». Entre peinture et sculpture, l’événement met en lumière des approches variées. Daniel Caspar, GB de Zsitvaÿ, Samuel Tasinaje, Serge Guarnieri, Franck Charlet rejoignent ainsi Pierre Beaufils et Diego dans cette exposition qui invite à une lecture plurielle des formes et des textures.
Daniel Caspar et la verticalité comme structure picturale
Peintre abstrait depuis cinquante ans, Daniel Caspar présente une série de toiles où la verticalité s’impose comme un élément structurant. « L’abstraction, je n’y crois pas, » confie-t-il en préambule, avant d’expliquer son rapport à cette recherche picturale. « Un peintre est face à une toile, un espace. C’est le corps qui est en relation avec cet espace vide qu’il faut habiter. Donc, la symétrie corporelle joue un grand rôle. De là vient cette recherche d’équilibre. » L’artiste revendique une approche où le geste initial est essentiel : « Le premier acte est le plus fou, si l’on peut dire. C’est un geste rapide, avec des traces tachistes, des surprises, des accidents. Après, tout le reste suit : contraste, harmonie, équilibre. » Une dynamique du corps qui rapproche son travail d’une forme d’expérience physique, presque sportive.

Serge Guarnieri : l’énergie de la fusion dans la sculpture
Serge Guarnieri expose Galerie Wilson ses sculptures réalisées en fer à béton fusionné, un matériau qu’il façonne en alliant dessin et maîtrise du feu. « Tout part du dessin. Chaque trait du dessin est repris par une tige de fer à béton. Ensuite, tout est fusionné, donc ça devient une matière brute. Puis viennent différentes phases de meulage, jusqu’à un poli extrême », explique-t-il sur son processus.
L’énergie qui traverse son travail est nourrie par une interrogation sur l’origine de la vie et son organisation. « C’est pour cela que l’on retrouve un côté cosmique — puisque l’on dit que la vie vient du cosmos — mais aussi aquatique, car elle a besoin d’eau. La vie, c’est aussi du mouvement, et cela se traduit dans mon travail par un contraste entre cette matière brute, polie et transparente, toujours en quête d’équilibre et de légèreté. »
L’artiste insuffle également à son œuvre des ruptures visuelles en intégrant des éléments tels que la feuille d’or, le cristal ou la fusion cuivre-laiton. Le feu joue aussi un rôle primordial, notamment à travers la présence de couleurs marquées. « Souvent, on retrouve du rouge, de l’orangé, que je contraste avec du noir pour le faire ressortir. Cela évoque un côté volcanique. J’aime aussi mêler les éléments minéral, végétal et animal. » Son travail se nourrit ainsi des forces telluriques, tout en oscillant entre microcosme et macrocosme.
Parmi ses œuvres figuratives, Actini s’impose comme une pièce majeure, déjà par sa taille. « Elle appartient à la famille des actiniaria. Je me suis inspiré des anémones de mer, de leur mouvement. Pendant longtemps, on a cru qu’au fin fond des abysses, dans l’obscurité totale, la vie n’existait pas. Mais en réalité, ça fourmille d’organismes. Il y a un lien évident entre ce monde sous-marin et le cosmos. »

Diego : du palimpseste urbain à la peinture
Diego, lui, explore une approche singulière où la photographie et la peinture s’entrelacent dans une recherche sur la mémoire des surfaces. Son travail s’inspire du concept de palimpseste, cette technique médiévale qui consistait à réécrire sur des parchemins grattés. « J’ai retrouvé cette logique dans certains quartiers populaires du sud de l’Europe, où l’on communique sur les murs : les affiches sont arrachées, remplacées, et ainsi de suite. »
L’artiste capte ces transformations urbaines et les immortalise par la photographie avant qu’elles ne disparaissent. « En me baladant dans ces rues, j’ai repéré des détails graphiques qui, noyés dans la masse, passent inaperçus. Et pourtant, ils possèdent une force visuelle, une richesse née du hasard, sans intention artistique. » La transition vers la peinture lui permet de poursuivre cette recherche à une autre échelle. « Je ne suis pas photographe professionnel, donc j’en rate, surtout dans la restitution des couleurs telles que je les avais perçues. La peinture me permet de les retrouver, de leur donner l’intensité que j’avais en tête. »
L’exposition est visible en accès libre du mercredi au vendredi, de 14h à 19h, et le samedi de 10h à 19h. La Galerie Wilson est accessible aux personnes à mobilité réduite.
>> A SUIVRE : des interviews ici de GB de Zsitvaÿ et Samuel Tasinaje