Pourquoi devenir bénévole à SOS Amitié peut transformer [3/3]

Être bénévole à SOS Amitié, c’est potentiellement entrer dans un espace où les mots deviennent des ponts entre la souffrance et l’apaisement. À chaque appel, une histoire se dévoile, souvent brisée, parfois pleine d’espoir, mais toujours profondément humaine. À Blois, Edmond et Amélia, écoutants engagés, partagent leurs parcours, leurs motivations et les transformations intérieures qu’ils vivent à travers cet engagement.
Trouver du sens à travers l’écoute
Les parcours qui mènent à SOS Amitié sont souvent empreints d’une quête de sens. Edmond, ancien travailleur social, raconte : « Une fois à la retraite, je ne voulais pas tomber dans le repli ou l’inactivité sociale. SOS Amitié m’a offert une manière de rester en lien avec les autres, tout en respectant une distance qui me convient. » Le cadre anonyme de l’association lui a permis de continuer à œuvrer pour autrui sans intrusion dans sa vie personnelle. Amélia, elle, a découvert SOS Amitié avec l’envie de se confronter à d’autres réalités. « Je voulais sortir de ma bulle et me reconnecter à des vies différentes, à des expériences humaines auxquelles je n’étais pas habituée. »
Les qualités indispensables à l’écoute
L’écoute chez SOS Amitié repose sur des bases solides : empathie, respect et absence totale de jugement. Inspirée par les travaux du psychologue Carl Rogers, l’approche est à la fois active et non directive. Edmond explique : « Nous n’avons pas à donner de conseils ou à juger. Notre rôle est de reformuler, de clarifier ce que l’appelant exprime pour l’aider à mieux comprendre ce qu’il ressent. Pendant un appel, on ne doit pas projeter nos propres opinions ou émotions. On met son ego de côté pour se concentrer uniquement sur l’appelant. » Cette capacité à se retirer du dialogue est au cœur de l’engagement. « Il faut apprendre à être une oreille neutre, mais bienveillante. » Celle de SOS Amitié.
Une formation rigoureuse pour accompagner les bénévoles
Devenir écoutant ne s’improvise pas. Chaque bénévole suit une formation de 96 heures, alternant théorie et pratique. « On apprend à écouter autrement, à poser des questions sans orienter, à respecter les silences », explique Amélia. Les sessions de double écoute, où un novice est accompagné par un écoutant expérimenté, sont au centre de cette formation. « C’est une expérience précieuse. On écoute des appels ensemble, puis on analyse ce qui s’est passé pour comprendre comment mieux accompagner les appelants. » Les bénévoles participent également à des réunions de partage avec des psychologues, un soutien crucial pour faire face aux appels difficiles. « Ces moments permettent de verbaliser ce qu’on ressent et de ne pas rester seul face aux émotions qu’on peut vivre, » ajoute Edmond.
Les transformations qu’apporte le bénévolat
Pour Edmond et Amélia, être écoutant est aussi une source d’enrichissement personnel. « On apprend à écouter différemment, confie Amélia. Cela a changé ma manière d’interagir, même dans ma vie personnelle. Je suis plus à l’écoute, plus attentive aux mots et aux silences des autres. » Edmond évoque l’impact des appels sur sa perception de la nature humaine. « Chaque échange est une surprise. On découvre des réalités qu’on ne soupçonnait pas, et cela nous pousse à revoir nos certitudes. » Ce bénévolat, souvent exigeant, permet aussi de relativiser ses propres soucis. « Quand on entend certaines histoires, on prend du recul sur ses propres préoccupations. »
L’importance de l’écoute dans une société en crise
Depuis la pandémie, les appels à SOS Amitié ont considérablement augmenté. La détresse psychologique touche toutes les tranches d’âge, mais de manière différente. « Les jeunes expriment beaucoup d’anxiété, d’incertitudes sur l’avenir, raconte Amélia. Chez les personnes âgées, c’est souvent l’isolement qui domine. Certaines n’ont parlé à personne de toute la semaine. » Edmond se souvient d’un appel : « Une femme âgée m’a confié qu’elle n’avait parlé à personne depuis si longtemps qu’elle avait la voix enrouée. Ces moments rappellent à quel point l’écoute peut être un acte réparateur. »
Être écoutant, c’est aussi affronter des appels marquants, parfois éprouvants. Edmond raconte : « J’ai reçu un appel d’une personne qui allait se pendre. J’ai essayé de l’accompagner, de créer un espace où elle pouvait parler, mais elle a fini par raccrocher. Ces moments sont difficiles, car on ne sait jamais ce qui se passe ensuite. » Amélia souligne l’importance des réunions de partage dans ces situations. « Elles nous permettent de parler de ces appels et de gérer ce que cela peut provoquer en nous. »
Un engagement flexible mais exigeant
L’association permet aux bénévoles de choisir leurs créneaux en fonction de leurs disponibilités. « On s’inscrit sur un planning selon nos envies et nos contraintes, précise Amélia. Il y a une grande souplesse. » Toutefois, elle insiste sur la nécessité d’une certaine stabilité psychologique. « Si un bénévole traverse une période difficile, il peut se mettre en pause. C’est essentiel pour garantir une écoute de qualité. »
Un appel à l’engagement
SOS Amitié manque de bénévoles pour répondre à tous les appels, notamment la nuit. Pourtant, ce bénévolat offre bien plus qu’il ne demande. « On apprend sur les autres, sur soi-même, et on se rend compte de l’importance de l’écoute dans une société qui en manque cruellement », résume Amélia. Pour Edmond, cet engagement est une réponse concrète à un besoin urgent. « Dans un monde où les gens ont de moins en moins d’occasions d’être écoutés, SOS Amitié joue un rôle essentiel. Chaque appel est une preuve que l’écoute peut faire une différence. »
Pour rejoindre l’antenne de Blois, qui vient de naître, et contribuer à cette mission essentielle, contactez 41sosamitiecentre@gmail.com.