Pourquoi un Chemin et une Levée des « Pingres » à Blois ?

A Blois, il existe des vestiges et des noms qui défient le temps, racontant des histoires de la vie passée de la ville. Parmi ceux-ci, le Chemin et la Levée des « Pingres » portent en eux des récits d’épreuves et de résilience.
Mais pourquoi « Pingres » ?
Ce terme, quelque peu oublié dans le langage contemporain, trouve ses origines dans une période où la pauvreté massive générait de grands travaux. Dans le sillage d’un hiver rigoureux en 1788-1789, suivi par une crue dévastatrice en janvier 1789, la ville de Blois fut confrontée à une nécessité : celle d’employer une population affamée et démunie. Selon le Littré, il semble que le terme « pingre » dérive d’une version nasalisée du mot de l’ancien français « pigre », signifiant misérable. Dans le cas qui nous occupe, il était question d’utilisation des fonds de la Charité pour mettre en place des ateliers où les pauvres pouvaient travailler afin de gagner leur vie.
Le projet choisi fut la construction d’une levée de garde, reliant les Ponts Chartrains à la levée servant de route royale vers le Berry. C’était une œuvre pour protéger la ville des inondations mais également pour assurer le passage sûr même en temps de crue. Les travaux débutèrent, des femmes et des enfants, participèrent à l’édification de cette levée. Leurs efforts ne furent pas vains, bien que la levée ait été mise à rude épreuve par les crues subséquentes de 1846 et 1855, et finalement détruite en 1866.
Aujourd’hui, bien que la levée n’existe plus en tant que structure physique, elle survit dans les mémoires et sur les cartes. Et cette appellation est donc loin d’être une étiquette d’infamie.
Sources : Littré / « Blois, dictionnaire des noms de rues » (éditions CLD) de P. Nourrisson. / « Dictionnaire de la langue du 19e et du 20e siècle » (CNRS) / « Le déchargeoir de la bouille, contrôle du chemin de l’eau de 1584 à 1907 », de F. de Person / « La Loire à Blois et en Loir-et-Cher », de J.-M. Lorain.