« Quand les arts visuels rencontrent l’illettrisme » : à l’Hôtel du département, une exposition-manifeste
À l’occasion de la 12ᵉ édition des Journées nationales d’action de lutte contre l’illettrisme, l’Hôtel du département de Loir-et-Cher accueille, jusqu’au 25 septembre 2025, une exposition conçue avec le CRIA 41 qui met en lumière quarante œuvres réalisées par des artistes loir-et-chériens, mais aussi par des collégiens et des étudiants, autour d’un même thème : « Quand les arts visuels rencontrent l’illettrisme ». L’objectif est frontal : associer un mot et une œuvre pour « ouvrir un dialogue sensible entre langage et image » et rendre visible une réalité « qui touche encore une personne sur dix dans notre département ».
Un chiffre qui oblige, un dispositif qui s’ouvre
« Une personne sur dix dans la tranche d’âge de 16 à 64 ans. C’est considérable, ça représente à peu près 23 000 personnes », rappelle donc Geneviève Baraban. La « particularité » de cette édition, dit-elle, réside dans l’ouverture à de nouveaux publics. Des collégiens ont été invités : ils étaient 500 à participer à la grande dictée du Rotary au printemps. Et des jeunes de quatre collèges ont été conviés à présenter leur propre création. Les élèves latinistes du collège Rabelais ont ainsi produit des marque-pages.
« Apprendre, c’est reprendre le contrôle de sa vie »
Au nom du CRIA 41, sa présidente Claire Baudin-Richard replace l’initiative dans son cadre et son enjeu. Elle rappelle qu’il s’agit de la troisième exposition de ce type : « l’idée a germé », puis « peu à peu cette exposition s’est enrichie », jusqu’à offrir aujourd’hui une diversité d’œuvres qui « en fait toute la richesse ». Mais l’essentiel n’est pas seulement d’exposer : la démarche déplace le combat contre l’illettrisme hors des lieux habituels de formation et d’insertion, pour l’inscrire aussi dans le champ de la culture. L’effet levier des expositions est tangible : « Le nombre de personnes engagées dans les actions a été multiplié par dix. » Et de nouveaux partenariats se déploient, au sein des entreprises et des collectivités.
La définition est donnée sans détour : « L’illettrisme, c’est ne pas maîtriser les savoirs de base. Lire, écrire, calculer, mais aussi aujourd’hui utiliser le numérique, qu’on a parfois tendance à oublier. » Une réalité d’autant plus rude qu’elle reste invisible : « Se détacher du sentiment de honte, du manque d’estime de soi, ce n’est pas évident. » D’où la nécessité de relais et de médiateurs pour orienter vers le CRIA, qui « sensibilise et informe », organise des formations pour bénévoles et professionnels, et propose des évaluations permettant d’établir des bilans de compétences. Malgré l’obstacle, la moitié travaille, « mais à quel prix, et parfois avec quelle souffrance ». D’où cet axe directeur : « Apprendre, c’est reprendre le contrôle de sa vie. Voilà l’essentiel. »
Infos pratiques : « Quand les arts visuels rencontrent l’illettrisme » jusqu’au 25 septembre 2025
Du lundi au vendredi : 8 h–12 h 15 et 13 h 30–17 h. Ouverture exceptionnelle le samedi 21 et le dimanche 21 septembre de 15 h à 18 h Hôtel du département – Cloître – Place de la République, Blois
Entrée libre et gratuite.
