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Les élus socialistes de Loir-et-Cher entre défis locaux et ambitions nationales

Ce samedi 25 janvier 2025 était jour de vœux à la fédération socialiste, à Blois. Une occasion de faire un point sur le national et le local. Revenant sur les moments marquants de l’année 2024, Christophe Chapuis, premier secrétaire fédéral du Parti socialiste en Loir-et-Cher, a souligné l’importance des élections européennes de juin, qui ont mobilisé la fédération. « Cette campagne électorale, menée avec enthousiasme, a permis de repositionner le Parti socialiste au sein de la gauche, tout en rééquilibrant les rapports de force au sein de l’ancienne NUPES. » Il a salué la dynamique portée par la liste Réveiller l’Europe conduite par Raphaël Glucksmann, bien qu’il ait regretté que les résultats en Loir-et-Cher n’aient pas permis de transformer cet élan.

En effet, l’annonce, dans la foulée, de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République a marqué un tournant. « Cette décision, prise en l’absence de toute concertation, a surpris bon nombre d’entre nous. Elle a offert le terrain au Rassemblement national, grand vainqueur des élections européennes, » a-t-il rappelé, pointant du doigt les conséquences d’une telle stratégie. Malgré ce contexte tendu, la création du Nouveau Front Populaire a redonné espoir à la gauche. « Nous avons su nous retrouver et rassembler autour de valeurs communes face aux dangers que représente l’extrême droite. »

Aujourd’hui, François Bayrou est Premier ministre, il a pris la succession de Michel Barnier. Mais, il n’a pas plus de vision pour le pays, a déploré le socialiste. « Aujourd’hui, nous faisons face à un gouvernement qui refuse d’accepter le rejet massif de sa politique par les Français. » Face aux défis, Christophe Chapuis a réaffirmé l’engagement du Parti socialiste pour défendre les plus fragiles et promouvoir une justice sociale. « Nous avons obtenu des reculs significatifs sur des mesures injustes, comme le passage de trois jours de carence pour les fonctionnaires ou la suppression de postes dans l’éducation nationale. Nous avons aussi arraché des avancées, comme la création de 2 000 postes d’AESH et l’abandon des hausses de taxes sur l’électricité. » Il a également insisté sur la nécessité d’une réforme des retraites juste et équitable. « Le PS n’acceptera pas une réforme qui pénalise les plus faibles. Nous avons exigé que les partenaires sociaux soient remis au centre des négociations, afin de construire une réforme qui prenne en compte la pénibilité et garantisse une véritable solidarité. »

Les collectivités locales face aux incertitudes budgétaires

Le flou qui persiste autour du vote du budget national, tant pour l’État que pour la Sécurité sociale, place les collectivités locales dans une position d’incertitude préoccupante. Marc Gricourt, maire de Blois et vice-président de la Région Centre-Val de Loire, a mis en lumière cette situation complexe. « Le secrétaire général de la préfecture, présent lors de nombreuses cérémonies de vœux, semble lui-même embêté. Les maires présentent leurs projets à court et moyen terme, mais ceux-ci sont entourés d’incertitudes, car à la préfecture, ils ne savent pas encore s’ils pourront accompagner les collectivités, » a-t-il souligné. À Blois, la situation est emblématique. « Nous devons adopter, lors du conseil municipal du 3 février, des délibérations pour des demandes de subventions dans le cadre de la Dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) pour deux grands projets, sans savoir si ces demandes seront acceptées par la préfecture, » a-t-il expliqué. Ces incertitudes sont amplifiées par l’absence de perspectives claires sur les grands financements, comme le Fonds Vert, essentiel pour les projets structurants de la ville. Il faut donc un budget à la France. « C’est crucial, tant pour les collectivités que pour le monde économique et les particuliers, notamment sur les questions de fiscalité, de sécurité sociale ou d’accès aux soins, » a-t-il affirmé, tout en rappelant les limites du projet budgétaire actuel, qu’il qualifie de « budget de droite libérale ». « Nous plaidons pour une réforme fiscale globale, qui soit plus juste et plus productive. Cela permettrait de mieux financer les politiques publiques, notamment dans des secteurs clés comme l’éducation, la santé et la lutte contre le dérèglement climatique, » a-t-il déclaré.

Pour Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, l’urgence budgétaire est indéniable : « Nous avons besoin de savoir ce que l’État allouera concrètement aux collectivités pour investir. Cela a été martelé dans toutes nos cérémonies de vœux, » a-t-il déclaré. Et il pointe également une absence de vision politique claire, exacerbée par l’attentisme du gouvernement. Lors de la cérémonie de vœux d’Intercommunalités de France, où étaient présentes Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, et Françoise Gatel, ministre en charge de la ruralité, ce manque de clarté a été particulièrement flagrant. « Elles ont tenu des discours sympathiques, rappelant le rôle clé des intercommunalités, mais rien de concret n’a suivi. Le problème principal reste le budget, mais aussi l’arrêt de nombreuses politiques publiques qui attendent des décisions, » a-t-il affirmé.

Christophe Degruelle a également évoqué la problématique du « zéro artificialisation nette » (ZAN), une question cruciale pour les collectivités. « À l’échelle régionale, la mise en œuvre du SRADDET est bloquée, tout comme les modifications des SCOT. Nous sommes dans une impasse, » a-t-il déploré, ajoutant que la réponse de la ministre Pannier-Runacher à ce sujet s’est résumée à un silence embarrassant. « On sent que les ministres sont tétanisés à l’idée de dire quelque chose qui pourrait leur valoir des reproches de leur hiérarchie. »

Karine Gloanec Maurin, conseillère régionale impliquée dans la commission « Communes rurales » de l’AMF, a insisté sur l’importance du rôle des élus locaux dans ce contexte d’incertitude. « À l’AMF, nous avons porté un message très fort sur ces questions, car les collectivités ne peuvent pas avancer sans une visibilité budgétaire claire, » a-t-elle affirmé. L’élue socialiste a également évoqué la nécessité de renforcer la coopération entre les différents niveaux de décision. « Nous avons besoin d’un véritable partenariat entre l’État, les régions, les départements et les communes pour relancer les politiques publiques qui sont à l’arrêt, » a-t-elle ajouté.

D’un point de vue politique, les élus PS ont rappelé que le vote de non-censure sur la politique générale avait été un geste important de compromis. « La balle est désormais dans le camp de François Bayrou et de son gouvernement. Il leur revient de démontrer que ce vote peut aboutir à des résultats concrets, pas seulement sur le budget, mais sur l’ensemble des politiques publiques, » a déclaré Christophe Degruelle. Les socialistes, tout en critiquant le manque de clarté du gouvernement, ont réaffirmé leur volonté de rester des partenaires exigeants mais constructifs. « Nous sommes dans l’opposition, mais nous avons conscience qu’il faut que le pays avance. Cela passe par des décisions claires, des priorités assumées, et un dialogue renforcé avec les collectivités locales, » a conclu Marc Gricourt.

Et le maire de Blois ajoute : « On ne peut pas simplement combler les déficits ici ou là. Ainsi, il faut repenser le financement du secteur médico-social et hospitalier. Par exemple, dans notre territoire, il y a un projet majeur à l’échelle du groupement hospitalier territorial (GHT) départemental, avec un investissement de 100 millions d’euros pour l’hôpital de Blois. Ce projet a été validé par deux ministres, mais il reste des incertitudes sur son financement final. Pourtant, l’hôpital de Blois est en équilibre budgétaire, ce qui est rare et montre sa capacité à porter des investissements. Mais ce qui est insupportable, c’est que les ARS (Agences Régionales de Santé) prennent souvent des décisions unilatérales sans tenir compte des élus. C’est un vrai problème. Et je voudrais aussi souligner que sur ce projet, nous travaillons main dans la main avec Marc Fesneau. Nous sommes en total accord pour rappeler que la parole des élus doit compter autant, voire plus, que celle des administrations. »

parti socialiste 41

Une Europe à la croisée des chemins

Au niveau européen, les fragilités institutionnelles et économiques commencent à se faire ressentir. Ainsi qu’une tendance… « On voit bien qu’il y a une droitisation qui s’installe tranquillement, une extrême droitisation qui se renforce, » alerte Karine Gloanec Maurin, qui siège au Comité européen des régions. Selon elle, cette évolution n’est pas seulement le fruit de dynamiques internes aux États membres, mais elle est aussi influencée par des pressions extérieures. « On l’a vu en Allemagne, avec des figures comme Trump ou Elon Musk, qui viennent troubler, voire abîmer, la dimension européenne. Jusqu’ici, cette dimension était portée par une vision sociale-démocrate forte, même si elle restait ancrée dans une logique libérale fondée sur le marché unique. »

Cette montée en puissance des forces conservatrices et extrêmes droitières remet en question les avancées récentes sous l’égide de la présidente de la Commission européenne. « On avait observé des évolutions importantes, notamment sur des sujets sociaux et environnementaux, mais aujourd’hui, il y a une réelle inquiétude quant à la direction que prendra l’Europe, » ajoute Karine Gloanec Maurin. Elle cite, en exemple concret, un projet qu’elle porte dans sa collectivité et qui illustre bien l’impact de cette instabilité : « Deux millions d’euros de fonds FEDER sont réservés pour un de nos projets, mais à mi-parcours, ces fonds feront l’objet d’une révision. Si, d’ici le printemps, nous n’avons pas obtenu de réponse, la région ne nous confiera plus ces fonds, car elle ne sera pas certaine qu’ils pourront être consommés à temps. »

Stratégie

Alors que le paysage politique français reste marqué par des divisions nationales, le Parti socialiste en Loir-et-Cher cherche à se reconstruire en s’appuyant sur des dynamiques locales et une volonté affirmée de rassemblement. Reconnaissant que les tensions nationales peuvent avoir des répercussions sur le terrain, Christophe Chapuis estime néanmoins que ces influences ne sont pas insurmontables. « On voit bien qu’il est possible de ne pas être unis au niveau national tout en réussissant à rassembler la gauche et les écologistes localement. Et inversement, » explique-t-il, rappelant que la politique locale possède une dynamique propre, souvent détachée des clivages nationaux.

Cette approche pragmatique se traduit par un objectif clair : renforcer le maillage territorial du Parti socialiste. « Nous souhaitons présenter des candidats aux municipales partout où nous avons des militants, » déclare Christophe Chapuis. Cet effort inclut la formation et l’accompagnement des nouveaux adhérents, afin de garantir une présence dans le maximum de communes, même modeste. « Parfois, ce ne sera pas un militant socialiste qui conduira une liste, mais une personne proche de nos idées. Ce qui compte, c’est d’être présents et de faire entendre notre voix, » ajoute-t-il.

Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, souligne pour sa part que les dynamiques locales ne se limitent pas à des enjeux régionaux. « On pourrait même dire que, dans l’autre sens, les réussites locales où les socialistes montrent leur capacité à gérer et à rassembler peuvent inspirer le national, » affirme-t-il. Cette observation met en avant le rôle des élus locaux comme vecteurs d’innovation politique et comme exemples de gestion crédible pour un électorat parfois désorienté par les débats nationaux.

La situation interne du Parti socialiste, autrefois fracturé, semble aujourd’hui plus apaisée. Karine Gloanec Maurin insiste sur ce point : « Les décisions récentes ont été votées à l’unanimité, sans tension, avec une réelle volonté commune de replacer notre parti dans son rôle historique, celui de porter des valeurs de justice sociale et de transformation. » Marc Gricourt, maire de Blois et vice-président de la Région Centre-Val de Loire, observe un retour encourageant de citoyens de gauche vers le Parti socialiste. « Beaucoup de citoyens de gauche, qui s’étaient éloignés du PS, reviennent vers nous, » témoigne-t-il. Ces retours se font sentir même dans les communes rurales. « Lors des cérémonies de vœux, des gens viennent nous dire : ‘Franchement, on est contents de voir le PS s’affirmer à nouveau, parce que LFI, ce n’est pas possible pour nous.’«  Dans un contexte où les alliances nationales peuvent être fragiles, les élus socialistes du Loir-et-Cher s’accordent sur l’importance de se concentrer sur le terrain. Comme le souligne Christophe Chapuis, « c’est en étant présents partout, même dans les petites communes, que nous pourrons peser à nouveau, localement comme nationalement. »

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