Agendaagenda novembreagenda octobreAgenda septembreCultureVie locale

Stéfanni Bardoux, la poésie de l’épure entre imaginaire et réalité

Artiste plasticienne, illustratrice, et graphiste qui enseigne à l’école ETIC, Stéfanni Bardoux propose une exposition intitulée La Troisième Aire, à l’Hôte Bureau, à Blois, jusqu’au 5 novembre 2024. Elle nous invite à explorer les frontières entre imaginaire et réalité, un thème qu’elle développe à travers le prisme du concept psychanalytique d’« espace transitionnel » de Donald Winnicott.

« Poésie de l’épure », c’est ainsi que nous décrirons le travail artistique de Stéfanni Bardoux car son art repose sur une simplicité apparente, où chaque trait et chaque élément est minutieusement pensé pour dégager une forme de beauté et d’élégance. L’épure fait référence à cette quête de simplicité, de minimalisme, où rien n’est superflu. Stéfanni Bardoux utilise des techniques simples, comme le crayon ou le stylo Bic, et pourtant elle parvient à exprimer des émotions simples et des idées complexes. Cette capacité à faire ressortir une poésie à partir de formes épurées, sans ornements excessifs, rend son travail particulièrement touchant et subtil.

Une carrière sous le signe de la liberté créative

Plasticienne, graphiste et illustratrice de métier, Stéfanni Bardoux cherche à libérer sa créativité. « Le temps que je peux consacrer à mon art, j’essaie de faire des choses qui ne sont pas sous la contrainte », précise-t-elle. Ce besoin de liberté s’accompagne d’une forme d’évasion : « Quand je crée, le temps passe très vite, et je m’évade. J’oublie complètement la notion du temps. » Ce sentiment, elle le recherche autant dans la création que dans la contemplation. Pour elle, le processus artistique est indissociable de cette quête de tranquillité et de réconfort, comme elle le confie : « J’aime aussi contempler la nature, simplement pour la contempler. »

La Troisième Aire : exploration de l’espace transitionnel

L’exposition La Troisième Aire est une invitation à voyager dans cet espace psychique, ce « troisième espace » décrit par Donald Winnicott, situé entre le monde intérieur et le monde extérieur, où naissent les créations. Stéfanni Bardoux explique avoir été inspirée par ce concept pour sa série de triptyques. « J’avais envie de raconter ce trio qui se crée entre le créateur, l’œuvre et le regardant. Cette triangulation crée une circulation d’émotions. »

Le choix de l’installation en triptyques n’est pas anodin. Il permet de raconter une histoire à trois niveaux : celle du créatif, celle de l’œuvre et celle de celui qui regarde. « C’est un triptyque qui raconte une histoire entre le créatif, le regardant, l’œuvre, et aussi l’émotion », précise Stéfanni. Elle pousse cette idée jusqu’à casser le quatrième mur, à l’image du théâtre, pour inclure le spectateur dans le processus créatif.

Un élément marquant de La Troisième Aire est l’utilisation des constellations. Chaque triptyque est associé à une constellation portant le nom d’un animal. « J’ai choisi des constellations d’animaux, car je voulais un lien symbolique avec chaque œuvre, une histoire universelle », raconte-t-elle. À travers ces constellations, Stéfanni Bardoux tisse un lien entre différentes cultures et traditions, renforçant la portée symbolique de ses œuvres.

Une quête d’équilibre entre lâcher-prise et contrôle

Si Stéfanni Bardoux revendique une volonté de lâcher-prise dans son processus créatif, elle n’en reste pas moins une artiste minutieuse et rigoureuse. « J’aime que mes œuvres aient une forme d’équilibre. Le chiffre trois, que l’on retrouve dans mes triptyques, représente cette idée de Trinité et d’harmonie. » Cet équilibre se manifeste également dans sa recherche constante de structure et de composition.

La répétition des formes et des traits est également une marque de son style. « J’ai un petit côté névrosé, comme je l’ai dit au vernissage, qui me pousse à organiser et contrôler chaque élément de l’œuvre. » Cette approche structurée contraste avec la spontanéité apparente de ses compositions, où la douceur des ciels et la légèreté des tons invitent à la contemplation.

Une place particulière accordée aux spectateurs

Le regard du spectateur occupe une place centrale dans le travail de Stéfanni Bardoux. « Ce qui m’intéresse, c’est aussi ma place en tant qu’artiste dans ce triptyque, et celle du regardant. » Pour l’artiste, il est essentiel que chacun prenne le temps d’observer ses œuvres, de s’immerger dans l’histoire qu’elles racontent. « Il faut prendre le temps de regarder chaque triptyque, de comprendre le titre, les attitudes, les liens entre les personnages. »

Lors d’une précédente exposition à l’Atelier 6, elle a pu échanger avec les visiteurs et recueillir leurs impressions. « Les gens se sont reconnus ou identifiés dans mes œuvres. Certains ont témoigné de leur émotion, et cela m’a fait beaucoup de bien. » L’achat d’une œuvre est pour elle un moment particulièrement fort, car cela signifie qu’elle a su toucher quelqu’un. « Ce n’est pas rien d’acheter de l’art. Cela veut dire que la personne a envie de vivre avec cette œuvre, de la voir tous les jours. C’est très valorisant pour un artiste. »

L’enfance, une source d’inspiration inépuisable

Une des clés de la création chez Stéfanni Bardoux est son attachement à l’enfance et à l’énergie créative qu’elle représente. « Pour moi, les grands créatifs, ce sont les enfants. Ils sont capables d’un lâcher-prise total, d’une concentration extrême. » Dans ses ateliers, notamment ceux qu’elle anime dans le cadre du festival bd Boum, Stéfanni observe cette capacité unique des enfants à se plonger dans le dessin sans jugement. « J’essaie toujours de me reconnecter à cette sensation d’enfance, à cette liberté de créer sans se poser de questions. »

Son travail actuel est d’ailleurs nourri par ses observations, cela vaut pour les enfants en plein processus créatif que l’on trouvé dessinés. « Lors des ateliers bd Boum, je les prends souvent en photo, car leur capacité de concentration m’inspire beaucoup. » Cet état d’esprit, elle tente de le retrouver dans son propre travail, même si elle admet parfois avoir du mal à lâcher prise.

Une création profondément ancrée dans la nature

La nature occupe une place prépondérante dans l’univers de Stéfanni Bardoux. Ses toiles, empreintes de douceur et de légèreté, reflètent cette connexion profonde avec les éléments naturels. « La nature est toujours présente dans mon travail, que ce soit à travers les ciels, les nuages ou les reflets dans l’eau. »

L’artiste admet prendre des dizaines de photos de ciel, cherchant sans cesse à capturer les nuances et les mouvements des nuages. « Parfois, je me dis qu’il faut que j’arrête, car je prends 15 photos du même ciel, juste parce que le nuage a bougé légèrement », raconte-t-elle. Cette obsession pour les ciels et la lumière se retrouve dans ses œuvres, où elle travaille les couches et la transparence pour créer une profondeur. « Chaque toile a une dizaine de couches de peinture, cela me permet de jouer avec la transparence et de donner une sensation de profondeur. »

La fragilité de l’artiste face au regard du public

Exposer ses œuvres est pour Stéfanni Bardoux une démarche à la fois gratifiante et vulnérable. « Quand on présente son travail, on est très à nu. Les gens s’approprient les œuvres d’une manière très intime, parfois plus qu’avec la musique. » Cette fragilité, elle la ressent chaque fois qu’elle dévoile ses créations, mais elle a appris à se concentrer sur les retours positifs. Car l’art est pour elle un moyen de se connecter aux autres, de partager des émotions et des histoires. « J’ai toujours dessiné, depuis que je suis toute petite. Le dessin est en moi, c’est quelque chose qui ne m’a jamais quittée. » Ce lien intrinsèque à la création est ce qui guide chaque étape de son parcours artistique.

Stéfanni Bardoux

Avec La Troisième Aire, Stéfanni Bardoux nous invite à ralentir, à prendre le temps de contempler et de ressentir. Son travail, à la fois minutieux et poétique, est une réflexion sur le rapport entre l’artiste, l’œuvre et le spectateur, une quête d’équilibre entre lâcher-prise et contrôle. Les constellations, la nature, et l’énergie créative de l’enfance sont autant de thèmes qui nourrissent ses œuvres et leur donnent cette profondeur singulière.

N’hésitez pas à pousser la porte de l’Hôte Bureau pour découvrir cette exposition. La Troisième Aire vous offrira une parenthèse de calme et de contemplation, où l’imaginaire et le réel se rencontrent dans un espace où tout devient possible.

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR