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Un nouveau monde littéraire et graphique fait de « Brèches » naît à Blois

Passer de 0 à 1 est une métaphore pour décrire le processus de création ou de démarrage de quelque chose à partir de rien. Mais on peut partir de rien et générer un zéro, dans l’édition par exemple. Le « numéro 0 » dans l’édition fait généralement référence à une publication préliminaire ou à un prototype. Née à Blois, la revue littéraire Brèches a proposé son « numéro 0 » à l’automne 2023, et va lancer son « numéro 1 » en mars 2024. Blois Capitale a rencontré au Liber.thés, en marge d’une lecture de poèmes, le quatuor à la tête de l’association culturelle afin de parler de cette naissance. Il est composé de Françoise Pinet, Anne-Sophie Perraudin, Çağla Usta, et Thierry Thurmel.

L’histoire débute par une impulsion. Celle de Thierry Thurmel et de Tekin Yildirim. Avec pour idée de créer une revue partagée. Initialement, cette revue était en collaboration avec la Turquie, autour de l’association « BloiStanbul ». Ce que l’on trouve dans le numéro zéro. Mais pour la suite, il n’y aura pas de frontières. Et ce sera l’association « Brèches » à la manœuvre. « Nous nous sommes complètement émancipés, explique Anne-Sophie Perraudin. La première publication était centrée sur Istanbul, car c’était en collaboration avec des personnes de Blois et d’Istanbul. Nous avons ensuite décidé d’élargir notre horizon. L’idée de base était de favoriser les rencontres entre diverses cultures. Dès le début, nous étions convaincus de la nécessité de cette ouverture. »

Bref, « Brèches » ne repose plus sur le même noyau d’origine, mais avance, avec une revue littéraire mettant en avant principalement des textes poétiques. Contrairement au numéro zéro, qui comprenait une variété de textes, deux longues nouvelles, des essais courts, des critiques, etc. Le « Brèches » repensé se focalise sur la poésie et les arts visuels. « Il ne s’agit pas uniquement de poésie au sens traditionnel, mais d’une approche qui valorise le texte tout en s’éloignant des formats longs traditionnels », précise Çağla Usta. « En nous affranchissant de cette collaboration, nous avons désormais la liberté de choisir nos textes », ajoute Anne-Sophie Perraudin.

Le numéro de mars s’annonce donc différent littérairement, mais pas visuellement parlant, puisqu’il conserve la patte de Çağla Usta. « Nous sommes tout à fait contents et très satisfaits. Nous avons accompli quelque chose dont nous pouvons être fiers, commente-t-elle. En tant que collectif, nous étions unis dans notre approche, mêlant esthétisme et diversité d’idées. » Et elle ajoute : « Notre prochain projet se veut plus joyeux et collaboratif. Nous avons surmonté des étapes inattendues et notre créativité s’est enrichie d’apports internationaux, notamment de France et du Mexique. Nous valorisons les contributions de tous horizons. » Il y aura donc des textes de toutes langues dans « Brèches ». Et un thème. « La distance » précédemment, et « seuil » pour le numéro 1. La méthode est claire : les auteurs adressent leur contribution sur le thème proposé, et ensuite, le comité de lecture tranche.

Brèches poésie

L’association « Brèches » va au delà de la publication de la revue littéraire avec des événements et des performances entre chaque numéro pour enrichir sa démarche et financer la publication de la revue. Ces rassemblements, alliant poésie, musique et autres formes d’art, permettent de tisser des liens avec le public et d’explorer de nouvelles voies créatives. Le samedi 16 mars 2024, rendez-vous est donné au Ben’s Blues Bar, 41 rue Saint-Lubin. Il y aura une lecture de poèmes en musique en première partie, et un concert ensuite.

« Notre association se consacre à une variété de projets culturels, du cinéma aux lectures, en passant par la musique, le cadre est large », complète Çağla Usta. « Nous envisageons même d’accueillir des résidences d’artistes », ajoute Françoise Pinet. « Notre ambition est de créer un espace dynamique et inclusif pour l’expression artistique, tant au sein de notre revue que dans nos activités extérieures », rebondit Thierry Thurmel. « L’idée est de créer une dynamique et que ça s’ouvre. » Largement. « Malgré des moyens financiers limités, nous sommes déterminés à faire rayonner notre travail et à établir des partenariats fructueux à travers le monde. »

Les premiers retours sont positifs. « La revue a fait l’unanimité », se félicite Anne-Sophie Perraudin. Et les performances ont accroché. « Certains, déjà familiers avec la poésie, nous ont remerciés pour nos propositions originales, soulignant qu’il n’y avait pas suffisamment d’initiatives similaires dans la région. D’autres, moins habitués à la poésie, ont été surpris et véritablement captivés par l’expérience, ce qui suggère que nous parvenons à surprendre notre public. Il y a des gens qu’on emmène vers la poésie. L’idée est de faire une vraie proposition. »

« Il semble y avoir un manque d’offres culturelles en matière de poésie« , constate Françoise Pinet. « Aussi parce que contrairement à la musique ou au cinéma, où le spectateur peut adopter une posture plus passive. Les lectures de poésie requièrent une attention et une implication actives de la part de l’auditoire, ce qui crée une expérience différente, juge Çağla Usta. C’est un public dynamique et engagé, susceptible d’apprécier cette forme d’art ».

Brèches revue littéraire

Enfin, nous avons demandé l’ADN littéraire du quatuor, le premier émoi de jeunesse de chacun.e avec les mots. C’est Yaşar Kemal pour Çağla Usta quand elle avait dix ans. Thierry Thurmel nous raconte une histoire bien différente : « Je dirais que j’ai commencé à écrire à l’âge de 12 ans, motivé par mon premier chagrin d’amour. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé l’importance que les mots pouvaient avoir. L’année suivante, à 13 ans, ma découverte de la bière a renforcé mon appréciation pour les mots et m’a révélé un certain goût pour la poésie. C’était un mélange curieux d’amour, de bière et de poésie ! Cette passion pour l’écriture s’est poursuivie et m’a mené à explorer différents auteurs. Je me souviens notamment d’avoir lu Rimbaud. Même si je ne comprenais pas tout, je trouvais ses écrits fascinants. » Un point commun avec Françoise Pinet : « J’ai aussi découvert Rimbaud très jeune, et cela a été une expérience marquante. Plus tard, je me suis passionnée pour le mouvement surréaliste, que j’affectionne tout particulièrement. Quant à mes goûts littéraires, ils s’étendent principalement aux grands romans du XXe siècle, couvrant une variété de pays. C’est assez fascinant, en réalité. » Enfin, Anne-Sophie Perraudin confie une autre histoire : « Je dirais que j’ai toujours eu un amour profond pour la lecture, un intérêt qui remonte à ma plus tendre enfance. Devenir écrivain était mon rêve de petite fille, une aspiration qui m’a suivie pendant de nombreuses années. Cependant, j’ai fini par admettre que je manquais d’imagination. C’est pourquoi j’ai choisi de devenir rédactrice. Dans ce rôle, on me guide sur les sujets à traiter. Mon auteur de prédilection est Robert Merle. Je considère que c’est grâce à lui que j’ai appris à lire avec passion. Si je n’avais pas découvert ‘un animal doué de raison’ en sixième, je ne serais peut-être pas tombée amoureuse de la lecture avec autant d’intensité. C’est allé ensuite vers Boris Vian et Vernon Sullivan, enrichissant ainsi mes années de jeunesse. J’ai véritablement grandi en lisant. »

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