Une commémoration du génocide qui alarme sur la situation en Arménie
Sensibiliser à la situation actuelle de l’Arménie tout en se souvenant du génocide de 1915, c’était la double idée dans le cadre de la commémoration ce mercredi 24 avril 2024, Place de la république, à Blois.
L’Arménie traverse une période complexe et difficile, marquée par des tensions géopolitiques accrues avec l’Azerbaïdjan et une situation politique intérieure tendue. La situation dans la région du Haut-Karabakh est particulièrement précaire. Après des combats acharnés en septembre 2023, l’enclave a été officiellement dissoute le 1er janvier 2024. Des incidents frontaliers en février 2024 ont également mené à des affrontements mortels, exacerbant les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Ces événements ont forcé l’Arménie à repenser ses alliances sécuritaires, notamment en réduisant sa dépendance vis-à-vis de la Russie et en cherchant un soutien accru auprès de l’Union européenne et des États-Unis.
Sur le plan politique interne, la défaite militaire dans le Haut-Karabakh a provoqué des crises politiques, avec des appels à la démission du Premier ministre Nikol Pashinyan. L’opposition critique sévèrement sa gestion de la crise et l’accuse de trahison, exacerbant les divisions au sein de la société arménienne. Économiquement, bien que l’Arménie ait réalisé des progrès dans certains secteurs industriels, le pays fait face à une inflation élevée et à des déséquilibres extérieurs, augmentant sa vulnérabilité économique dans un contexte déjà instable.
L’Arménie de 2024 est un pays confronté à des défis multidimensionnels, oscillant entre la nécessité de sécuriser ses frontières, de stabiliser sa situation politique interne, et de revitaliser son économie dans un environnement régional tumultueux.
C’est pourquoi Ani Manukyan, présidente de l’association éducative et culturelle arménienne de Loir-et-Cher Armat, était particulièrement émue. « Enfants d’Arménie que nous sommes, aujourd’hui nous sommes ici pour la mémoire de nos aînés. Mais encore une fois, je sonne l’alarme. À l’heure actuelle, les Arméniens sont en train de se battre pour la liberté et le droit de vivre sur leur terre ancestrale, a déclaré Ani Manukyan. L’Arménie est un petit pays, sans grand intérêt économique ou politique aux yeux de l’Europe, et pourtant, c’est un petit paradis peuplé de gens courageux, attachés à leur identité et fiers de leurs racines. Aujourd’hui, ce témoignage est une dénonciation de tous les actes inhumains commis contre l’humanité. Un nouveau génocide est en train de se produire. Ne soyons pas indifférents au massacre des Arméniens. À l’heure actuelle, nous avons besoin de vous. Les Arméniens, sans alliés, luttent seuls pour défendre leurs maisons, leur terre. Nous avons besoin de vous encore une fois, et je vous remercie, au nom des Arméniens, pour votre solidarité, votre soutien et tant d’années d’amitié qui nous ont soutenus dans notre résilience pour exister. Moi, en tant qu’Arménienne, en tant que citoyenne d’un pays vivant, je ne renoncerai jamais, je ne cesserai jamais de parler de la cause arménienne, car notre cause est juste. »
Frédéric Orain représentait Marc Gricourt et le conseil municipal de Blois dans le cadre de la commémoration du génocide arménien. « Nous sommes réunis aujourd’hui pour une journée de commémoration mais aussi de réflexion. Le génocide arménien, qui date de 1915, n’est effectivement pas reconnu par tous les États. C’est un combat de tous les jours. Il a fallu du temps pour que la France le reconnaisse, et il faudra sans doute encore se battre pour que les autres pays le reconnaissent aussi, mais nous serons là tous les ans s’il le faut, jusqu’à ce que justice soit faite, a déclaré l’élu. « Nous devons rendre hommage à la résilience incroyable du peuple arménien, qui a souffert dans sa chair mais continue de souffrir encore aujourd’hui. Aujourd’hui, il nous montre comment on peut avoir un attachement à sa culture tout en restant ouvert aux autres. Nous devons nous garder de sentiments de haine envers l’autre, car chacun d’entre nous est menacé par la colère et l’envie parfois de se laisser aller aux éléments les plus bas de l’espèce humaine. Nous promettons aujourd’hui de nous souvenir mais aussi de tirer les leçons du génocide arménien. Nous espérons tous pouvoir contribuer ainsi à un monde plus sûr, juste, et enrichi de nos cultures. »
Cette 109e année après le génocide arménien se trouve bouleversée par une actualité ténébreuse. En présence des sénateurs Bernard Pillefer et Jean-Luc Brault, cette commémoration sonnait comme une prise de conscience à avoir en France.