AgendaAgenda mars 2024 BloisCultureEntretiensMusique

Alvie Bitemo : « Faire partie des Amazones d’Afrique, c’est ma contribution dans cette parole de lutte »

Les Amazones d’Afrique sont un supergroupe musical entièrement féminin originaire d’Afrique de l’Ouest, formé dans le but de lutter pour les droits des femmes et contre les violences faites à celles-ci. Le collectif mélange avec habileté des genres musicaux variés, allant de l’électro-pop au funk, en passant par le folk, pour créer un son unique et puissant qui transcende les frontières culturelles et musicales.

Le groupe a vu le jour grâce à l’initiative de trois musiciennes reconnues : Angélique Kidjo, Kandia Kouyaté, et Mamani Keïta. Depuis sa formation, il a accueilli de nombreuses artistes talentueuses d’Afrique et de la diaspora, chacune apportant sa voix unique au mélange vibrant de musiques et de messages portés par le groupe. Les membres du collectif chantent en plusieurs langues, ce qui ajoute une dimension internationale à leur musique et à leur message.

Les Amazones d’Afrique sont connues non seulement pour leur talent musical mais aussi pour leur engagement social et politique. Leurs chansons abordent des sujets importants tels que les droits des femmes, l’égalité de genre, l’empowerment féminin, et la violence à l’égard des femmes. À travers leur musique, elles cherchent à inspirer un changement positif et à encourager les femmes à se battre pour leurs droits et leur liberté.

Leur troisième album studio, « Musow Danse », sorti en février 2024, a été salué par la critique pour son mélange de mélodies entraînantes, de rythmes imparables et de messages puissants. Produit par Garret « Jacknife » Lee, l’album met en vedette les voix de plusieurs membres du collectif, dont Alvie Bitemo, et a été reçu avec enthousiasme tant par les critiques que par les fans. L’album se distingue par sa capacité à fusionner des influences musicales variées tout en portant un message féministe radical et universel​​​​​​.

Les Amazones d’Afrique sont actuellement en tournée, et elles seront à la Maison de Bégon vendredi 29 mars 2024 (à 20h30). Un concert à ne pas manquer. Nous avons interviewé Alvie Bitemo qui a récemment rejoint ce collectif d’artistes.

Blois Capitale : Comment avez-vous rejoint Les Amazones d’Afrique et qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être partie de ce collectif ?

Alvie Bitemo : Valérie Malot, qui est la manageuse des Amazones d’Afrique, m’a contactée. J’ai été auditionnée dans un studio, ma voix et ma créativité ont plu. Faire partie des Amazones d’Afrique, c’est apporter ma contribution dans cette parole de lutte, une parole que j’avais de mon côté. Mais c’est plus intéressant d’être en groupe pour faire entendre encore plus fort sa voix.

Blois Capitale : Sur l’album vous avez composé deux titres avec Garret Lee (« Mother Murakoze » et « Amahoro »), de quoi traitent-ils ?

Alvie Bitemo : « Amahoro », c’est pour dire à la femme d‘être plus forte encore. Et je lui dis que lorsque adviennent des moments de faiblesse, de tristesse ou de fatigue, on a le droit d’être dans cet état, on a le droit de pleurer, on a le droit de s’énerver. Parce ce quand une femme s’énerve, on dit qu’elle est folle et quand c’est un homme, il est juste en colère ! Voilà, je dis aux femmes qu’elles se fassent confiance car elles ont une force illimitée, des ressources. On peut pleurer et se relever pour aller de l’avant. Les femmes donnent la vie, elles la portent. Quant à « Murakoze », c’est : merci maman. Vous savez, moi je viens du Congo. Et la maman n’est pas toujours celle qui t’a mise au monde. Il y a toutes ces mamans qui prennent soin des autres, adoptent, redonnent vie. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs mamans dans ma vie. Celle qui m’a donnée la vie, celle qui m’a élevée, celle qui m’a orientée dans mon travail, celle qui m’a consolée et accompagnée… j’en ai tellement. Toutes ces mamans ont leur place. Et je leur dis « Merci. »

Blois Capitale : Les Amazones d’Afrique sont connues pour aborder des sujets importants comme les droits des femmes et l’empowerment féminin à travers leur musique. Quel message spécifique espérez-vous transmettre lors de votre tournée et donc lors du concert à Blois ?

Alvie Bitemo : Le message, c’est que plus de femmes doivent rejoindre celles qui luttent, celles qui donnent de la voix. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir exprimer son opinion dans le monde. Celles qui peuvent parler et se lever à la place des autres doivent le faire. Et on demande aux hommes – qui ont vu le jour grâce à une femme – de se rallier. Que ce soit dans une ville, un quartier, par une association… Pour conquérir la juste place due aux femmes, il faut des hommes de bonne volonté qui entendent qu’on parle de leur mère, de leur sœur, de leur femme.

Blois Capitale : Les Amazones d’Afrique sont un collectif d’artistes, comment le processus créatif est-il géré ?

Alvie Bitemo : Déjà, cela dépend des disponibilités de chacune. C’est ainsi qu’on organise l’aventure car chacune de nous à une carrière à côté. Je suis comédienne et chanteuse, impliquée dans d’autres projets. mais dès que je suis disponible, je rejoins les sœurs.

Blois Capitale : Quelles sont les réactions du public par rapport aux messages véhiculés, la tournée et le dernier album ?

Alvie Bitemo : Les femmes nous disent « merci » de faire entendre cette parole, enfin. Parfois, on nous apprend que, dans certains coins, une association a été créée après un concert. Avec cet album, il y a beaucoup de jeunes qui s’y intéressent même si on parle de choses dures. Parce qu’il a été conçu pour attirer la jeunesse, celle qui construira demain.

Blois Capitale : Portez-vous un intérêt sur les combats locaux qui rejoignent vos causes lors de la tournée?

Alvie Bitemo : Oui, ça nous intéresse beaucoup ! Les Amazones arrivent parfois deux jours avant le concert pour rencontrer les femmes, faire des ateliers et les inviter au concert. Cela se fait dans certaines villes. Il nous arrive de verser les recettes à l’association du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018 pour son action en faveur des femmes violées. On l’appelle le ‘docteur qui répare les femmes’.

Blois Capitale : Dans l’actualité à Blois, il y a 76 enfants et 39 mamans isolées, originaires d’Afrique, qui la semaine prochaine, avec la fin de la trêve hivernale, vont se retrouver sans abri…

Alvie Bitemo : Je l’apprends… Si quelque chose peut se faire avec les organisateurs, oui avec plaisir. Après, on ne pourra pas les reloger, mais parler avec elles, avec les associations qui les aident, oui. On peut voir ensemble ce qu’on pourrait faire, et qu’on fasse passer le message pendant le concert, car cela peut avoir un impact sur les politiques.

Blois Capitale : En quoi pensez-vous que la musique peut changer le monde ?

Alvie Bitemo : Le changer peut-être pas… mais cela peut contribuer à changer les idées et les modes de fonctionnement. Comme le rire, la musique peut faire passer des messages. Un discours politique, les gens ne l’écoutent pas forcément, mais le même message dans une mélodie peut avoir plus de portée. C’est ça la magie. Un message peut passer avec l’émotion ou l’expression d’une douleur. La musique est capable de créer un déclic. Et puis dans nos concerts nous prenons la parole, car forcément tout le monde ne comprend pas les textes. Dans la salle il n’y a pas que des Maliens, Congolais, Nigériens ou Béninois… Donc oui, on a une part de prise de parole, facilement écoutable puisqu’elle ne vient pas d’un parti politique. C’est celle des Amazones !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR