20 ans de la Casserole : le Grand Orchestre de… la joie, de l’originalité, de l’ouverture

En cette fin d’année 2024, le Grand Orchestre de… la Casserole célèbre ses 20 ans. Vendredi, un concert mémorable s’est déroulé au Club de la Chesnaie, à Chailles. Cet événement entendait couronner deux décennies de musique joyeuse, de tournées inoubliables et de fêtes de village, avant de repartir dans de nouvelles aventures. L’occasion était également parfaite pour enregistrer un album en live, capturant ainsi l’essence même de cette fanfare iconoclaste, née en 2004, et qui n’a cessé de réinventer sa musique de rue depuis. Pour en savoir plus sur cette aventure collective, nous avons discuté avec Marie Beau, présidente de l’Atelier de la Casserole, l’association qui porte la fanfare.

Marie Beau est l’une des fondatrices de la fanfare, créée en 2004 avec Baptiste Touret, toujours chef d’orchestre de l’ensemble, et son frère Vincent. Tout commence avec un groupe de musiciens passionnés, désireux de donner un élan nouveau à la fanfare. Marie raconte avec humour les débuts de cette aventure : « À l’époque, je sollicitais beaucoup Vincent en lui disant : « Tu as une fanfare de gamins, pourquoi pas une fanfare d’adultes ? » Je n’étais pas la seule à le dire, et finalement, on s’est retrouvés en réunion plénière fin 2004, on était sept ou huit, et là, c’était parti ! »
Le noyau dur de cette première formation est resté fidèle à l’esprit de la fanfare, même si certains, comme Vincent Touret, ont pris des chemins différents. « Vincent est parti vivre en Angleterre, mais Baptiste et moi sommes toujours là », précise Marie. Ce groupe initial s’est étoffé, et au fil des ans, le Grand Orchestre de la Casserole a vu de nouveaux musiciens arriver, tandis que d’autres partaient. « On a eu beaucoup d’arrivées et de départs », explique-t-elle, « certaines personnes ont déménagé, et des jeunes femmes ont arrêté de jouer lorsqu’elles ont eu des enfants. C’est un groupe qui bouge, qui vit. »
Une joyeuse bande qui traverse les générations
Le secret de cette longévité, selon Marie Beau, réside dans l’ADN du groupe : « Vivre 20 ans ensemble, c’est la preuve d’une belle solidarité, et c’est surtout quelque chose de très joyeux. » La fanfare a su traverser les années avec légèreté et enthousiasme, enchaînant les concerts, les fêtes de village, et surtout les tournées. « On est partis en tournée cinq ou six fois, et à chaque fois, c’est un moment magique. On part avec les conjoints, les enfants… Bon, pas les grands-mères, mais si on devait les emmener, on le ferait ! »
Les souvenirs des tournées sont nombreux et souvent empreints d’humour. Marie cite des fêtes de village : « On a joué à la fête de la lentille, à la fête de la saucisse de Morteau, à la fête du boudin en Sologne… Mais l’une des plus mémorables, c’est la fête de la courge à Saint-Rémy-la-Varenne, entre Saumur et Angers. C’est toujours un grand moment. » Le groupe a également vécu des moments plus intimes, notamment lors d’une tournée dans le Jura, où ils campaient près de la frontière suisse, entourés de vaches. « C’était une ambiance très « village gaulois », très festive. Et puis, on faisait nos répétitions le soir, avec les vaches pour voisines. »
Aujourd’hui, le Grand Orchestre de… (G.O.d.) la Casserole compte une vingtaine de musiciens, même si, pour certains concerts, ils ne sont pas toujours au complet. « Là, pour notre concert des 20 ans, on était presque tous présents, il ne manquait que deux personnes », se réjouit Marie.
Un répertoire unique et des compositions originales
L’un des points forts du G.O.d., c’est son répertoire, à la fois éclectique et original. La fanfare ne se contente pas de jouer des classiques de la musique de rue, elle cherche à innover en permanence, en collaborant avec des compositeurs et en créant ses propres morceaux.
« On a demandé à des compositeurs de nous écrire des morceaux. Clément Oury, par exemple, qui est musicien à Blois, nous a composé deux morceaux. Arnaud Méthivier, accordéoniste, nous en a écrit deux autres, et Baptiste et Vincent ont aussi composé pour la fanfare. » Cette diversité musicale fait la particularité du G.O.d.
« Quand on pense à une fanfare, on pense souvent à la joie. Nos morceaux sont effectivement joyeux, même si certains, comme ceux inspirés de la musique d’Europe centrale, peuvent être à la fois joyeux et tristes. Mais globalement, on amène toujours une énergie positive. » Marie se souvient d’ailleurs d’un morceau, joué une seule fois, qui avait une ambiance trop funèbre. « C’était très beau, mais ça faisait marche funèbre. On a décidé de ne plus le jouer. »
Un des morceaux de la fanfare est la « Cumbia de la prés’ », composée par Vincent Touret en hommage à la première présidente de l’association, décédée il y a deux ans. « C’est une cumbia joyeuse, même si elle a été composée dans un contexte de deuil. »

Une fanfare pour toutes les générations
Ce qui frappe aussi dans cette fanfare, c’est la diversité des générations. Depuis 20 ans, le Grand Orchestre de… la Casserole a vu passer des musiciens de tous âges, et cet équilibre intergénérationnel fait partie de son charme. « Il y a 20 ans, on partait en tournée avec les enfants de ceux qui avaient 40 ans. Aujourd’hui, ce sont les enfants de ceux qui avaient 20 ans à l’époque qui partent avec nous. C’est très drôle de voir cette continuité », s’amuse Marie.
Malgré les départs, le renouvellement des membres se fait naturellement, et la fanfare continue d’attirer des musiciens amateurs de tous horizons. « On a de tout : des musiciens qui n’avaient aucune notion de solfège au départ, et des amateurs éclairés qui ont progressé au fil des ans. On est une fanfare d’amateurs, mais on a aussi des professionnels comme Baptiste Touret et Clément Oury. »

L’esprit de la Casserole
Le nom de la fanfare, « la Casserole », reflète bien l’esprit décalé et irrévérencieux du groupe. « C’est un pied de nez, une petite ironie pour dire qu’on fait de la musique populaire, accessible à tous », explique Marie Beau. Quant aux couleurs jaune et rouge, elles sont devenues emblématiques de la fanfare, après quelques essais infructueux avec d’autres couleurs. « On a essayé le bleu pour notre premier concert, mais on s’est vite rendu compte que le jaune et rouge, ça pétait beaucoup plus ! »
Cet esprit frondeur se retrouve aussi dans les noms que la fanfare se donne à chaque événement. « Selon les occasions, on changeait de nom. Par exemple, pour une fête du vin, on s’était appelés le Grand Orchestre de Jessica Bernet. On s’amuse avec des jeux de mots un peu ridicules, ça nous fait rire. »

Un avenir encore plein de projets
Le Grand Orchestre de la Casserole ne compte pas s’arrêter là. Pour fêter dignement ses 20 ans, l’association prévoit un festival de fanfares en septembre prochain. « On réfléchit à organiser quelque chose de différent, peut-être sur deux jours. Mais c’est épuisant pour les bénévoles, alors on cherche encore comment faire », confie Marie.
Chaque année, la fanfare organise déjà le Bal des Vendangeuses, un événement festif qui réunit 400 à 500 personnes dans la cour d’une ferme à Chailles. « C’est une grande fête de village, très conviviale. On s’installe dans les hangars pour la buvette et la scène, et tout le monde danse. »
La musique de rue, une passion partagée
La musique de rue reste au cœur de l’identité du Grand Orchestre de… la Casserole. « Ce que j’adore avec la musique de rue, c’est qu’elle est ouverte à tous. Les gens passent, écoutent, et s’ils n’aiment pas, ils s’en vont. C’est différent d’un concert où l’on reste assis même si ça ne plaît pas. » La fanfare participe régulièrement à des événements comme le carnaval de Blois ou des fêtes de village, où elle anime les rues et fait venir les curieux.
Au-delà de la musique, le G.O.d a aussi développé une démarche théâtrale, en collaboration avec la compagnie du Coin, basée à Tours. « Ils nous ont appris à animer nos prestations, à ne pas simplement jouer nos morceaux, mais à interagir avec le public, à faire des choses drôles et décalées », raconte Marie. Cette approche a permis à la fanfare de se renouveler et d’offrir des spectacles toujours plus originaux.
Un esprit de famille qui se perpétue
Le Grand Orchestre de la Casserole, c’est avant tout une grande famille. « Pendant les tournées, on joue beaucoup, on progresse énormément, et on vit des moments très forts ensemble. C’est un peu comme si on revenait de Mars quand on rentre chez nous après une semaine sur la route ! » Les anecdotes abondent, et la fanfare continue de nourrir des projets pour l’avenir, toujours avec la même envie de partager sa musique et sa bonne humeur.

Si la fanfare fête ses 20 ans cette année, l’Atelier de la Casserole, l’association qui l’abrite, propose également d’autres formations musicales, comme « Les Pieds dans les Bretelles », un groupe de bal traditionnel, ou un ensemble d’accordéonistes. L’association reste ouverte à de nouveaux projets, et n’exclut pas de relancer un jour une fanfare d’enfants, si les bonnes conditions sont réunies.
En attendant, le Grand Orchestre de… la Casserole continue de répandre sa joie et son énergie à travers ses concerts, ses tournées et ses fêtes de village, toujours avec ce petit grain de folie qui fait tout son charme.