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80 ans de la Libération : le Loir-et-Cher honore la mémoire des résistants et déportés

Le jeudi 9 janvier 2025, une double exposition intitulée « 1945 – Libération de Blois & 80 ans de la libération des camps » a été inaugurée à l’Hôtel du Département*, à Blois. Cet événement s’inscrit dans le cadre des commémorations des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. À travers un parcours mémoriel, le Conseil départemental de Loir-et-Cher, en partenariat avec des associations locales, invite le public à revivre les moments marquants de la libération de Blois et à comprendre l’horreur des camps de concentration nazis.

Un travail collectif pour transmettre la mémoire

Dans son discours inaugural, Philippe Gouet, président du Conseil départemental, a rappelé l’importance de cette démarche : « Cette double exposition marque la reprise des cycles mémoriels au sein du cloître de l’Hôtel du Département, après des travaux de rénovation. C’est une occasion de redécouvrir des pans majeurs de notre histoire locale et nationale. » Il a également souligné la volonté du Département d’associer cette exposition à des actions éducatives à destination des jeunes générations, afin de mieux transmettre le devoir de mémoire.

Libération de Blois

Deux associations locales ont contribué à la réalisation de cette exposition : l’Association blésoise pour la mémoire de la Résistance, de la Déportation et de la Libération, qui présente les principaux épisodes de la libération de Blois; l’Association départementale des déportés, internés, résistants et patriotes (FNDIRP), présidée par Martine Aubry-Rigny, qui consacre son volet à la libération des camps et à la mémoire des déportés originaires du Loir-et-Cher.

La libération de Blois : un acte de courage collectif

L’exposition revient en détail sur la libération de Blois, notamment les actes héroïques menés par les résistants locaux. Yves Olivier, président de l’Association pour la mémoire de la Résistance, de la Déportation et de la Libération en Loir-et-Cher (AMRDL 41), a évoqué un épisode emblématique : « La nuit du 9 au 10 août 1944, le lieutenant Robert Godineau, à la tête d’un groupe de résistants, parvint à libérer 183 patriotes emprisonnés à Blois (lire ici). Cette opération audacieuse se déroula sous le nez des Allemands, qui ne découvrirent la fuite qu’après coup. » Il a également voulu mettre en lumière l’implication des Forces françaises de l’intérieur (FFI) dans les combats menés contre l’occupant. « En septembre 1944, les FFI réussirent à libérer l’ensemble du Loir-et-Cher. Quelques mois plus tard, en novembre, 1 200 volontaires issus des rangs de la résistance locale rejoignirent le Corps Franc Pommiès, participant à la réduction de la poche de Lorient, où les troupes allemandes s’étaient retranchées », a-t-il expliqué au public.

Libération de Blois

L’exposition met en lumière les souffrances de la population civile sous l’occupation, marquée par la répression, la faim et les privations. « Malgré ces conditions terribles, de nombreux citoyens se sont levés contre l’oppression, souvent au péril de leur vie », a affirmé Yves Olivier. Il a également rendu hommage aux tirailleurs africains, injustement stigmatisés par la propagande nazie, dont près de 2 000 furent exécutés en France, certains d’entre eux dans le Loir-et-Cher, alors qu’ils tentaient de ralentir l’avancée allemande sur la rive gauche de la Loire.

L’horreur des camps et la difficile reconstruction

Dans son intervention, Martine Aubry-Rigny, présidente de la FNDIRP-ADIRP 41, a rappelé les conditions effroyables dans lesquelles furent libérés les camps nazis : « Le 27 janvier 1945, l’armée soviétique libérait Auschwitz, découvrant l’ampleur des massacres perpétrés par les nazis : des milliers de vêtements, plus de 7 tonnes de cheveux humains, témoignaient de l’horreur industrielle de la mort organisée. »

Martine Aubry-Rigny

Elle a souligné que la libération des camps ne signifiait pas la fin des souffrances pour les rescapés : « Rien n’avait été prévu pour les accueillir. Les survivants, souvent malades, étaient placés en quarantaine, sans soins ni médicaments. Beaucoup sont morts malgré leur libération. » Martine Aubry-Rigny, qui mène depuis plusieurs années un travail minutieux de recherche sur les déportés originaires du Loir-et-Cher, a évoqué les difficultés rencontrées : « Les SS ont pris soin de détruire une grande partie des documents pour dissimuler leurs crimes, ce qui complique considérablement la recherche de preuves. » Elle a insisté sur l’importance de la transmission de cette mémoire, en évoquant le silence souvent observé au sein des familles de déportés : « Pour de nombreux anciens déportés, le silence a longtemps régné, laissant aux enfants et petits-enfants des questions sans réponses. Pourtant, il est essentiel de ne pas oublier. »

Un programme riche en conférences et animations

En parallèle de la double exposition, le Conseil départemental organise plusieurs conférences, ouvertes au grand public et aux scolaires :

  • Le 17 janvier 2025 à 18h30, une conférence intitulée « Blois en guerre (juin 40 – août 44) », animée par Yves Boyer, docteur en sciences politiques.
  • Le 27 février 2025, une double conférence sur le thème « 80e anniversaire de la fin des camps nazis et du retour des déportés à la liberté : de la complexité du contexte aux défis posés par les retours », présentée par Yves Lescure, directeur général de la Fondation pour la mémoire de la déportation :
    • À 14h30, la conférence sera réservée aux scolaires.
    • À 18h30, une session grand public sera proposée.
  • Le 7 mars 2025 à 18h30, Daniel Simon, agrégé de lettres et président de l’Amicale de Mauthausen, donnera une conférence intitulée « Il y a 80 ans, la Libération des camps de la mort ».

Par ailleurs, des panneaux explicatifs seront visibles sur les grilles de l’Hôtel du Département jusqu’au 7 mars 2025, et des portraits de déportés seront exposés sur les grilles de la Préfecture du 22 au 30 avril 2025.

expo dachau

Un devoir de mémoire pour la paix

En conclusion, Philippe Gouet a réaffirmé l’engagement du Conseil départemental à transmettre cette mémoire aux jeunes générations : « Ce devoir de mémoire doit également être un combat pour la paix. À une époque où des idéologies dangereuses subsistent, il est de notre responsabilité de rappeler ces horreurs et de continuer à enseigner les valeurs de liberté et de fraternité. » Martine Aubry-Rigny a également insisté sur la nécessité de rester vigilant face à la résurgence de certaines menaces : « Le nazisme, ennemi mortel de l’humanité, reste une menace. Notre combat pour la mémoire doit aussi être un combat pour la paix. »

*Entrée libre, jusqu’au 7 mars 2025.

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