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Histoire

La salamandre symbole du feu et emblème de François Ier

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La salamandre, un petit amphibien qui aurait pu rester dans l’ombre de l’histoire naturelle, a plutôt trouvé sa place au panthéon des symboles royaux de la France.

Depuis l’Antiquité, la salamandre est enveloppée de mystères et de légendes, notamment liées au feu. Des naturalistes de renom, tels qu’Aristote dans son œuvre « L’Histoire des Animaux », ont été les premiers à lui attribuer des qualités exceptionnelles. Ils décrivaient cet amphibien comme capable de traverser le feu sans en souffrir, allant jusqu’à l’éteindre par sa simple présence. Cette idée fut reprise et amplifiée par d’autres, comme Pline l’Ancien. La salamandre devint sans genre, son venin pouvait causer la chute des cheveux, corrompre les fruits, et même rendre mortellement toxique l’eau des fontaines et des puits.

Symbole du feu

La croyance en l’incombustibilité de la salamandre s’étendit à travers l’Europe chrétienne, influencée notamment par le « Physiologus » et d’autres textes qui s’en inspiraient. Dans la symbolique chrétienne, la salamandre, associée à l’allégorie des quatre éléments, devint un emblème du feu.

Représentée comme une dompteuse du feu, capable d’éteindre les vices, la salamandre acquit une signification spirituelle dans le christianisme. Elle symbolisait l’homme vertueux et était parfois représentée dans les cathédrales, évoquant les Justes et la pureté. Sa résilience face au feu lui conférait également une aura d’éternité, rappelant le mythe du Phénix.

Au Moyen-Âge, la salamandre était perçue non seulement comme une créature réelle mais aussi comme un être légendaire, intégrée dans le bestiaire des animaux magiques. Sa réputation de résistance au feu, particulièrement remarquable, a nourri son caractère mythique. Cette croyance trouve son origine dans une observation assez banale : hibernant dans les souches, la salamandre émergeait souvent des feux de bois, sa peau humide la protégeant temporairement des flammes. Ce phénomène a fasciné les observateurs de l’époque, qui y ont vu une manifestation de pouvoirs surnaturels.

Emblème royal : au-delà de François Ier

La tradition de choisir un animal comme symbole du pouvoir royal remonte à l’Égypte ancienne. En France, cette pratique a été adoptée par des monarques tels que Childéric avec l’abeille, ou Clovis avec le crapaud. Ces choix reflétaient non seulement le pouvoir, mais aussi des traits caractéristiques de leur règne ou de leur origine.

Le lien entre la salamandre et la royauté française est intrinsèquement lié à François Ier, mais cette association a des racines plus profondes. Déjà, son grand-père Jean d’Angoulême et son père Charles de Valois utilisaient ce symbole.

La symbolique de la salamandre sous François Ier

François Ier, célèbre pour son mécénat des arts et des lettres, a porté la salamandre à un statut emblématique sans précédent. Cette créature ornait non seulement le Château de Chambord, mais aussi d’autres résidences royales, sur des objets variés allant de l’orfèvrerie aux tapisseries. La devise de François Ier, « Je nourris le bon et j’éteins le mauvais » (« Notrisco al buono stingo el reo »), reflétait la légende de la salamandre qui pouvait éteindre le feu. Ce choix symbolisait les aspirations du roi à être un souverain juste et vertueux, capable de développer le bien et danéantir le mal.

Interprétations et symbolismes

La devise et l’usage de la salamandre par François Ier ont donné lieu à diverses interprétations au fil des siècles. Au XVIe siècle, ces interprétations s’étendaient au-delà de la simple lutte entre le bien et le mal, englobant des allégories de l’amour, de la justice, et de la capacité à rester invaincu face aux difficultés. La salamandre symbolisait la dualité de la nature humaine et royale face à la passion ardente et la capacité de tempérance.

Toutefois, au cours du XVIe siècle, l’image de la salamandre comme créature invulnérable au feu commença à être remise en question par des figures scientifiques de l’époque. Parmi eux, le médecin et botaniste italien Matthiole (1501-1577), qui, après avoir observé une salamandre au milieu des flammes, conclut que l’idée de son invulnérabilité au feu était une croyance infondée. Il déclara que penser que le feu ne la consumait pas relevait de la superstition. Anatomiste, Ambroise Paré (1510-1590) partageait également ces doutes sur cette invulnérabilité. Mais comme Matthiole, il demeurait persuadé de la grande toxicité de l’animal. Il faudra attendre les travaux de Johann Paul Wurfbain et 1683 pour réaliser qu’on pouvait toucher la salamandre sans crainte. Le début d’un changement de statut.

Sources : BNF et Université de Poitiers.

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