Marc Gricourt : « Il n’y a pas de problème de l’immigration, mais une réalité des migrations »
Dans la perspective de promouvoir un débat public éclairé sur l’immigration, une convention citoyenne a vu le jour ce samedi matin à Blois. Elle se déroule en trois sessions thématiques, chacune abordant un aspect de la question migratoire. Un sujet particulièrement explosif suite à la loi votée fin 2023. La première session s’est donc tenue à l’Espace Jorge-Semprun. Parmi les intervenants, le maire de Blois, Marc Gricourt. L’édile nous accordé un peu de son temps, au terme de cet acte I, pour évoquer le sujet. Il a répondu à trois questions de Denis-Yves Lesault.
Q : Marc Gricourt, en tant que maire de Blois, quel est votre point de vue sur les défis et opportunités de l’immigration à Blois ?
Marc Gricourt : Blois est une ville qui, depuis des décennies, voire des siècles – puisque les Italiens sont passés par ici à la Renaissance et ont apporté des richesses architecturales et patrimoniales – a connu l’arrivée de nombreuses populations d’autres régions de France et du monde, notamment après la Seconde Guerre mondiale, vers les années 55-60, grâce à l’industrialisation. Cela a toujours été une richesse, car cela répond au développement d’une société, d’un pays. Dans notre cas, cela a accompagné le développement économique de la ville. À mon avis, cela enrichit l’identité blésoise.
Nous étions, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, une petite ville marquée par la bourgeoisie et le monde agricole, avec quelques ouvriers. Aujourd’hui, il y a une véritable richesse de diversité culturelle à Blois qui crée une identité forte et contribue sans aucun doute à la dynamique de la vie culturelle et sportive, améliorant ainsi la qualité de vie dans la ville.
Les migrations sont anciennes et ont toujours existé. Il n’y a pas de problème de l’immigration, mais une réalité des migrations, touchant des personnes d’autres pays victimes de guerre, de dictature ou des conséquences du réchauffement climatique. Elles fuient simplement leur pays pour survivre, pour eux, leurs enfants.
Q : Ce type de convention a-t-il une importance pour la ville de Blois ?
Marc Gricourt : Elle a une importance dans la société française actuelle, suite au vote de la loi, qui, de façon objective et factuelle, tourne le dos aux valeurs fondamentales de la République et nous ramène à des moments tristes de l’histoire de France, comme le régime de Vichy. Il est important que des citoyens engagés dans la vie politique et associative réagissent face à cette loi.
Il n’y a pas de problème d’immigration en soi, mais un problème sur les conditions d’accueil et d’intégration. Même s’il y a eu des succès d’intégration, beaucoup ont échappé à une qualité d’accueil et d’intégration satisfaisante. Nous devrions, en France et dans d’autres pays européens, travailler sur l’accueil et l’intégration. Cela implique au niveau national de donner le droit à toute personne venant d’ailleurs de travailler, ce qui est le meilleur moyen de les intégrer. Cela répond en plus à des problématiques économiques. Et puis ça donne accès au logement. Et puis la seconde mesure c’est d’accueillir systématiquement dans nos écoles les enfants qui accompagnent leurs parents.
Q : Avez-vous un message à passer aux Blésois ?
Marc Gricourt : Mon message aux Blésois est d’aborder ce sujet de façon sereine et en regardant la réalité des données chiffrées. À Blois, si nous avions une vague phénoménale de migrants comme véhiculé au niveau national, nous aurions une forte augmentation de la population, ce qui n’est pas le cas, et je pourrais ajouter : malheureusement. Il faut être clair sur les données factuelles et regarder la qualité de notre vie à Blois, partagée avec des gens de différentes régions de France et du monde. Nous devons éviter de stigmatiser et de faire croire que tous les problèmes sont dus à celles et ceux qui viennent d’ailleurs. C’est totalement faux.
Prochain rendez-vous, le samedi 27 janvier au Théâtre Nicolas-Peskine. Il réunira les conseillers départementaux Benjamin Vételé et Hanan El Adraoui, des membres du collectif « Pas d’Enfant à la Rue » et de la Ligue des droits de l’Homme. La députée Mathilde Desjonquères, qui a voté la loi immigration, pourrait également intervenir lors de cette deuxième session de la convention citoyenne.