Un mineur isolé en danger : les enseignants du collège Rabelais de Blois se mobilisent

Ce jeudi 19 décembre, à la mi-journée, les enseignants et personnels du collège Rabelais de Blois se sont rassemblés devant leur établissement pour alerter sur la situation alarmante d’un élève scolarisé dans le dispositif UPE2A (Unité pédagogique pour élèves allophones nouvellement arrivants). Originaire de Guinée-Conakry, cet adolescent de 15 ans, en classe de troisième, se trouve en grande précarité. Non reconnu comme mineur isolé par le conseil départemental, il risque de se retrouver sans hébergement dès la mi-janvier.
Un jeune en quête de stabilité
Mme Callu, enseignante en français langue seconde et responsable du dispositif UPE2A (qui permet aux élèves étrangers nouvellement arrivés en France d’apprendre la langue et de s’intégrer dans leur parcours scolaire), revient sur la situation de l’élève : « Nous avons appris depuis la rentrée de septembre que nous avions un jeune qui était hébergé bénévolement par un copain, il est en classe de 3e, il a 15 ans. » Souci, le conseil départemental n’a pas reconnu officiellement le jeune comme mineur isolé, ce qui prive ce dernier de toute prise en charge institutionnelle : « De fait, il se retrouve sans rien, et c’est donc l’accompagnement bénévole qui fait qu’il a un toit jusqu’à ce jour. »

Une solidarité bénévole mais fragile
Depuis son arrivée, l’élève survit grâce à l’hébergement bénévole d’un de ses amis et au soutien d’une éducatrice spécialisée, comme l’explique Mme Callu : « Elle a compris que ce jeune n’était pas pris en charge et son choix de citoyenne a été de l’accompagner. » Cependant, son hébergement est temporaire : « Ce qui est le plus dramatique, si on peut parler en termes de priorité, c’est qu’il n’aura pas de toit d’ici maintenant quelques semaines. Ça devait être fin décembre, c’est repoussé à début mi-janvier parce que le copain qui l’héberge doit déménager et de fait, le gamin se retrouve sans rien. » Mme Callu insiste sur l’urgence de la situation : « Nous avons un gamin qui est à l’école, qui doit, comme tout le monde, avoir un toit pour dormir et être au chaud. Et ce n’est pas parce qu’il y a des congés scolaires que sa vie s’arrête. »
Un appel au conseil départemental
Les enseignants appellent le conseil départemental à réexaminer la situation de cet élève : « L’objectif, c’est que notre administration et le conseil départemental se mettent autour d’une table sans tarder pour revoir la situation de ce garçon. » D’autant plus que les conditions dans lesquelles l’évaluation administrative a été menée sont contestables : « On a bien compris que cet entretien, qui a décidé de sa situation actuelle, a été mal conduit, ou en tout cas que les conclusions tirées en 20 minutes, qui ont impacté la suite de la vie de ce garçon, posent problème. »
Un enfant avec des besoins spécifiques
L’enseignante souligne que cet élève, bien que motivé, nécessite un accompagnement adapté : « Il a été reconnu par le CIO, c’est-à-dire le Centre d’Information et d’Orientation. Il y a eu un test, comme pour tous les arrivants, qui a décidé qu’il avait besoin d’avoir un vrai accompagnement en langue française et en niveau scolaire en général. » Elle ajoute également que cet adolescent fait face à des problèmes de santé, nécessitant de l’aide : « C’est un gamin qui a avant tout envie d’aller à l’école, qui a des problèmes de santé aussi, pour aller à l’hôpital, il est accompagné par des bénévoles. »
Cette mobilisation met en lumière un problème plus large concernant l’accueil et la prise en charge des mineurs isolés étrangers. Mme Callu témoigne de son expérience : « Ce n’est pas le premier, mais ce sera sans doute pas le dernier, mais c’est toujours un de trop. » Malgré le report du déménagement de son hébergeur, offrant un répit de quelques jours, la situation reste urgente : « Ce délai nous donne un peu de temps pour tout organiser, mais ce n’est qu’un sursis. On ne peut donc pas se permettre d’attendre le dernier jour. »