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Trésors de bois et de velours : le château royal de Blois révèle les secrets du mobilier Renaissance

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Jusqu’au 21 septembre 2025, le château royal de Blois déploie une exposition consacrée au mobilier de la Renaissance. Pensée comme une traversée à double niveau – immersive d’un côté, analytique de l’autre – l’exposition “Trésors de bois et de velours. Secrets du mobilier Renaissance” explore avec rigueur et précision l’art de vivre et l’art de fabriquer à une époque où le meuble devient un instrument de prestige autant qu’un objet fonctionnel. Un parcours conçu pour tous les publics, enrichi par les réserves du château, une muséographie pédagogique et un propos scientifique fondé sur les collections comme sur les savoir-faire artisanaux.


Une exposition en deux temps : l’espace vécu, puis l’atelier

Dans les appartements royaux du château de Blois, la première partie du parcours replace le meuble dans son espace d’usage, sa fonction symbolique et son rôle social. “On a voulu proposer un récit cohérent, qui parte des usages quotidiens à la Renaissance”, explique Bastien Lopez, directeur du château. “Le mobilier n’est pas un décor figé. Il est au cœur de la vie de cour, à la fois utilitaire, statutaire, transportable et porteur d’un imaginaire.”

Cette première séquence est rythmée par la figure d’Hugo, un personnage spécialement créé pour la médiation jeune public. Ce “fourrier du roi” accompagne les enfants tout au long de la visite : “C’est une façon d’expliquer que la cour se déplace avec ses meubles, que le mobilier est mobile avant tout, et que sa fonction première est de servir l’itinérance du pouvoir”, ajoute Bastien Lopez.

Hugo château royal de Blois

Dans les appartements François Ier, on découvre l’usage du coffre – ancêtre du meuble moderne –, les variations du dressoir, les prémices de l’armoire. “On voit comment, à partir d’une simple caisse de rangement, on crée des éléments plus sophistiqués, plus ouverts, plus décorés, qui commencent à organiser l’espace domestique tout en mettant en scène les richesses que l’on possède.” Certains meubles sont enrichis de décors sculptés, d’autres d’éléments architecturaux : “Ils ne sont pas seulement utilitaires. Ils deviennent des supports d’ornement, voire des œuvres à part entière.”

Dans la chambre de la Reine, par exemple, c’est la symbolique du lit qui est abordée. “Le lit n’est pas qu’un meuble de repos. C’est aussi le lieu de la naissance des héritiers, un symbole dynastique, un signe de prestige. À la Renaissance, on dort couché, et les lits ne sont pas plus petits qu’aujourd’hui : ce sont des idées reçues qui ont la vie dure.” Le baldaquin, les pentes de tissu, les colonnes décorées sont autant d’éléments qui construisent une scène à la fois intime et publique : “La chambre est un lieu d’apparat autant que de repos.”

Chambre de la Reine château royal de Blois

Dans la chambre du Roi, le propos se resserre sur la dimension politique du mobilier. “Le lit du Roi est installé sur une estrade. C’est un espace théâtralisé, une mise en scène du pouvoir. Le mobilier y est orné de références à l’Antiquité – colonnes corinthiennes, pattes de lion, siège curule – qui viennent symboliser la force, l’autorité, l’héritage impérial.” Aucun meuble d’origine n’a subsisté. Les pièces exposées ici sont des dépôts du Louvre, sélectionnées pour leur capacité évocatrice, sans prétention à la restitution archéologique. “Ce sont des objets qui parlent, même s’ils sont étrangers au château. Leur fonction est de permettre une lecture sensible et raisonnée de la vie de cour.”

chambre du roi au château royal de Blois

Le dressoir aux Harpies, lui aussi prêté par le Louvre, incarne la fascination de la Renaissance pour le monstrueux : “Les harpies ne sont pas là pour effrayer, mais pour impressionner. Ce sont des figures féminines hybrides, animales, sensuelles, qui viennent enrichir le vocabulaire ornemental.” Le meuble est lié à Alexandre-Charles Sauvageot, collectionneur du XIXe siècle qui joua un rôle crucial dans la redécouverte du mobilier Renaissance : “C’est grâce à lui que ces pièces sont parvenues jusqu’à nous, et qu’elles ont pu intégrer les collections nationales.”

château Blois

L’atelier du meuble : du bois au textile, en passant par le métal

Dans la salle des États Généraux, le parcours prend un virage méthodologique. Il ne s’agit plus de montrer le meuble en situation, mais aussi d’entrer dans le processus de sa fabrication.

Le premier podium est dédié aux essences de bois : ébène, chêne, noyer, poirier, sapin… “Chaque essence a ses propriétés : densité, couleur, veinage, capacité à être sculptée ou plaquée. C’est à partir de ces caractéristiques que l’on choisit de construire un meuble ou un autre.” Des outils prêtés par le Musée des Outils Anciens des Montils permettent d’aborder les savoir-faire : rabots, varlopes, ciseaux, gouges. “Ce ne sont pas des outils du XVIe siècle, mais ils témoignent de gestes qui ont peu changé jusqu’à l’apparition de l’électricité. Ils disent l’intelligence de la main, la tradition artisanale, le lien entre le mobilier et les arts décoratifs.” Une illustration de Jean Bourdichon montre un menuisier au travail, accompagné de son épouse qui file la laine. “C’est une image forte, car elle rappelle que bois et tissu ne sont jamais séparés : ils vont de pair dans la culture domestique.”

Un second podium présente des éléments de serrurerie et de ferronnerie issus de la collection Franck, rarement montrée au public. Serrures à rayon, pentures décoratives, targettes, clés : “Le métal apporte sécurité, mais aussi prestige. Dans une pièce de réception, une serrure doit être belle. Les clés ne sont pas de simples objets pratiques : elles appartiennent aux princes, elles renferment des secrets, elles sont des signes de pouvoir.” Certaines clés sont magnifiquement ouvragées, parfois en forme d’œuf couronné, et pourraient être de provenance royale.

expo château Blois

Un ensemble est également consacré aux techniques d’incrustation et de marqueterie : “On creuse, on insère des bois rares, de la nacre, de l’ivoire, du métal. En Italie, c’est la marqueterie qui domine. En France, on préfère l’incrustation. Ce sont des techniques complexes, qui donnent au meuble une fonction presque picturale.” Enfin, la matière textile. Grâce au partenariat avec la Maison Roze de Tours, le château présente une évocation tactile de ce que pouvait être une chambre habillée de soieries au XVIe siècle. Le modèle est l’appartement de Jeanne de Castille, reconstitué dans l’Histopad du château : “Du sol au plafond, tout est recouvert de tissu précieux. Chaque centimètre carré est une démonstration de pouvoir. Les tissus d’ameublement et d’habillement proviennent des mêmes ateliers. On achète la matière, puis on l’utilise pour des rideaux, des nappes, des robes.”

Une illustration, tirée d’un tableau de Hans Holbein, représentant Jean de Dinteville, ambassadeur de François Ier à la cour d’Angleterre, permet de lire tous les codes : “On y voit la soie rouge, la fourrure, le tapis d’Orient, les objets savants. Et, en anamorphose, une tête de mort.” Une vanité qui renverse le propos : “Oui, le pouvoir s’affiche. Oui, le mobilier le rend visible. Mais on reste dans un cadre chrétien, où l’on affirme aussi la finitude, la modestie du destin humain, même pour les puissants.”


Une médiation ouverte à tous les publics

“L’exposition s’adresse à tous, mais elle a été conçue avec un souci particulier de médiation”, précise Cédric Marmuse, conseiller municipal délégué à la médiation culturelle, tout en saluant le travail des services de la Ville. “Nous avons travaillé avec les maisons de quartier, avec les publics prioritaires, avec des enfants, pour que chacun puisse trouver une porte d’entrée. Il y aura des restitutions à l’occasion des Journées du Patrimoine, avec des meubles revisités par des habitants de Blois.” Des démonstrations d’artisans sont également prévues : Julien Hébras, restaurateur de mobilier, et Tiphaine Audouin, lissière formée aux Gobelins, interviendront à plusieurs reprises. “Le patrimoine est vivant. Il repose sur des savoir-faire qui se transmettent. Et c’est aussi cela que nous voulons montrer ici.”

expo château Blois

Exposition « Trésors de bois et de velours. Secrets du mobilier Renaissance »
📍 Château royal de Blois
📅 Du 24 mai au 21 septembre 2025
💶 Inclus dans le billet d’entrée
📞 Réservations visites guidées : 02 54 90 33 33
🌐 www.chateaudeblois.fr

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