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Les associations vont pousser un coup de gueule ce weekend à Blois

L’affiche ne laisse pas de place au doute. En lettres sombres sur un fond rouge qui se fissure, un cri s’élève : « Ça ne tient plus ! ». Autour de ce mot d’ordre, les réseaux associatifs de Loir-et-Cher appellent à se rassembler place Jean Jaurès, au cœur de Blois, au cœur des Rendez-vous de l’histoire, les vendredi 10 et samedi 11 octobre. Le message est clair : le monde associatif s’effondre et il est temps de rendre visible une réalité que beaucoup préfèrent ignorer.

Depuis plusieurs années, les signaux d’alerte se succèdent. Les financements publics s’étiolent. Les soutiens qui permettaient à des milliers d’initiatives locales de tenir debout se sont amenuisés au point de devenir dérisoires. Dans le même temps, le poids des responsabilités repose de plus en plus lourdement sur les épaules des bénévoles. Ces femmes et ces hommes, qui ont fait le choix de donner de leur temps, se retrouvent confrontés à une fatigue sourde, celle qui naît du sentiment d’être seuls à porter des charges toujours plus lourdes. Les associations, qui furent longtemps le lieu de l’engagement et de la solidarité, deviennent ainsi le théâtre d’un épuisement général.

La crise est profonde. Les chiffres révèlent l’ampleur du désastre : un secteur qui rassemble 21 millions de personnes, qui représente 3 points de PIB (123 milliards d’euros), qui emploie près de deux millions de salarié·es, voit ses fondations se fissurer. Le recul des subventions publiques entre 2005 et 2020 a déjà amputé ses ressources de près de la moitié. L’année 2025 a marqué un tournant encore plus brutal, avec plus 1052 procédures collectives et 462 liquidations depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, soit deux fois plus que sur toute l’année précédente. Des associations ferment dans le silence, sans bruit ni fracas, mais en laissant derrière elles des activités essentielles, des liens précieux, des présences qui ne seront pas remplacées.

Dans ce contexte, la mobilisation annoncée à Blois se veut un signal. « Nous ne sommes pas des syndicats, nous ne vous appelons pas à défiler dans les rues, car par principe, nous sommes une force invisible de la République. Et c’est bien là notre principale faiblesse », expliquent les organisateurs. En un sens, l’appel traduit une contradiction : la puissance collective de millions de personnes qui, parce qu’elle s’exerce dans la discrétion des associations locales, peine à se faire reconnaître comme une réalité politique et sociale majeure.

La mobilisation à Blois se déclinera en deux temps. Le vendredi, des stands d’information seront installés sur la place et une table ronde se tiendra à la mi-journée (12h15) avec Martin Bobel. Le samedi, un nouveau temps d’échange sera suivi d’un Die In à 14h30, une mise en scène qui interrogera frontalement : « Que serait la France sans associations ? ». Derrière la question, une inquiétude partagée, presque une angoisse : un pays amputé de ses associations serait un pays fracturé, livré à la solitude et à l’isolement, dépourvu de ce tissu patient qui rend supportable la vie quotidienne, en particulier pour les plus vulnérables.

Les organisateurs n’éludent pas la gravité du moment dans un contexte politique dégradé. Les perspectives budgétaires pour 2026 annoncent de nouvelles coupes. Les financements de l’État se contracteront encore. Les collectivités locales, soumises elles aussi à des restrictions, transmettront une partie de ces contraintes aux associations. Quant aux familles, déjà touchées par la baisse du pouvoir d’achat, elles réduiront leurs dépenses au strict nécessaire, au détriment d’activités associatives qui deviendront inaccessibles pour nombre d’entre elles. Dans un tel contexte, que restera-t-il comme option ? Augmenter les tarifs des activités au risque d’exclure celles et ceux qui n’en ont pas les moyens ? Licencier les salarié·es et miser sur un bénévolat que chacun reconnaît aujourd’hui difficile à renouveler ? Ou renoncer, purement et simplement ? Ces alternatives sont toutes marquées du sceau de l’impasse.

Le service civique illustre à lui seul les contradictions de la période. Conçu comme une promesse de droit universel pour la jeunesse, il se retrouve menacé par des coupes budgétaires qui risquent de réduire drastiquement le nombre de missions. Pour la Ligue de l’enseignement, qui relaie l’appel, l’enjeu est considérable. Un gel des financements fragiliserait autant les associations que les jeunes eux-mêmes, privés d’un espace d’engagement et de formation. Déjà, la Plateforme inter-associative pour le Service Civique a alerté les parlementaires sur ces dangers. Une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux pour défendre ce dispositif sous le mot-clé #sauvonsleservicecivique. Et c’est bien le sens du cri qui traverse l’affiche : « Ça ne tient plus ! ». À chacun à se rassembler pour manifester non seulement des inquiétudes, mais aussi un attachement. C’est un choix de société dont il est question.

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