À Blois, la justice relaxe deux militantes poursuivies pour affichage contre les “banques toxiques”

Ce lundi 3 novembre 2025, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant le tribunal judiciaire de Blois, en soutien à Manon et Lucie, deux militantes écologistes jugées pour avoir participé à une action de contestation dans la nuit du 9 au 10 mai 2025. Leur acte, mené dans le cadre d’un appel national à la désobéissance civile lancé par ATTAC, visait à dénoncer le rôle des grandes banques françaises dans le financement des énergies fossiles.
Des affiches contre les “banques toxiques”
L’action s’était déroulée à Blois, sur les vitrines de la Caisse d’Épargne et de la Banque Populaire.
Munies d’affiches, de colle à la farine et de colorant alimentaire, les militantes avaient participé à une opération coordonnée dans toute la France sous le mot d’ordre « Passons à l’action pour en finir avec les banques toxiques ». L’objectif était de dénoncer l’éco-blanchiment des institutions financières qui, tout en affichant des engagements verts, continuent de financer massivement les industries fossiles.
Selon le rapport Banking on Climate Chaos 2024, les soixante plus grandes banques mondiales ont accordé près de 6 900 milliards de dollars de financements au secteur des énergies fossiles depuis la signature de l’Accord de Paris, dont 705 milliards pour la seule année 2023. Une contradiction que les militantes souhaitaient rendre visible à travers cette campagne d’affichage citoyenne et non-violente.
Une plainte pour “dégradation” et un procès à Blois
À la suite de l’action, la Caisse d’Épargne avait porté plainte pour dégradation. Manon et Lucie encouraient jusqu’à 1 500 euros d’amende pour avoir apposé ces affiches sans autorisation.
Elles ont comparu ce lundi 3 novembre, au tribunal judiciaire de Blois. Une déambulation rue Denis-Papin et un rassemblement devant le tribunal avaient été organisés en amont de l’audience.
Une relaxe et la reconnaissance d’une action non-violente
Le procureur de la République a constaté que l’agence bancaire avait nettoyé les lieux par ses propres moyens, sans faire appel à une société extérieure, et qu’aucun dégât n’avait été à déplorer. Aucune mention de dégradation ne figurait d’ailleurs dans le procès-verbal établi après l’action. Pour la juge, aucune infraction n’était caractérisée et aucun dommage n’avait été causé. Cette relaxe est accueillie comme une victoire symbolique par les collectifs écologistes. Elle confirme la légitimité des actions de désobéissance civile non-violente.
Dans un communiqué publié à l’issue du jugement, ATTAC et Extinction Rebellion ont salué le courage des deux militantes. Leur action, écrivent-ils, « était bien légitime, nécessaire et proportionnée face aux dégâts engendrés par ces banques toxiques ». Le texte appelle à reconnaître les actes de désobéissance civile non-violente comme indispensables, face à l’inaction des institutions. « Entre un collage d’affiches à la colle à la farine et les milliards versés à des entreprises qui fabriquent le chaos et la destruction, objectivement, humainement, qui sont les vrais coupables ? »


