Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !
CinémaVie locale

Carte blanche aux Lobis : Bugonia, Vie privée, luttes et cinéma vivant à Blois

Aux Lobis, la semaine s’annonce dense et riche. Entre deux sorties nationales très attendues, Bugonia de Yorgos Lanthimos et Vie privée de Rebecca Zlotowski, et plusieurs ciné-débats organisés autour du 25 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes), la programmation porte des récits puissants, des questions essentielles et des rencontres qui comptent. Laëtitia Scherier, directrice du cinéma, nous présente les grandes lignes.

Au centre de cette semaine, un événement particulièrement attendu : Bugonia, le nouveau film de Yorgos Lanthimos. Laëtitia n’en a pas encore vu une seule image. La raison tient en un mot : protection. « C’est un distributeur tétanisé à l’idée que des gens puissent le pirater. » Pourtant, la rumeur court déjà. « Pour l’instant, les gens ont l’air de dire que le film est incroyable. » Une réussite pour l’un des grands créateurs du XXIᵉ siècle. « C’est son dixième long métrage. Ses films marchent relativement bien aux Lobis. » Elle cite The Lobster, Mise à mort du cerf sacré, La Favorite, Pauvres créatures, Kinds of Kindness. Tous ont marqué.

Ici encore, retrouvailles avec Emma Stone, désormais aussi coproductrice. La présence d’Ari Aster, réalisateur de Hérédité et Midsommar, laisse entrevoir un glissement vers l’inquiétude, vers la brume. Et le pitch, un seul fil de tension, suffit presque : un apiculteur complotiste kidnappe la PDG d’un groupe pharmaceutique parce qu’il est persuadé qu’elle est une extraterrestre venue détruire la Terre. « Ça promet un thriller satirique, clairement sur la paranoïa ambiante, notamment aux États-Unis. »

Laëtitia Scherier ajoute ce qui pourrait être l’essence même de ce cinéma : le film a été tourné en 35 mm, une matière rare désormais. Elle raconte avoir cherché le sens du titre. « Bugonia », contraction grecque de bœuf et naissance, renvoie à un mythe antique selon lequel les abeilles pouvaient naître spontanément du cadavre d’un bœuf. Elle sourit : « Ça promet un bon film de Lanthimos. Très hâte de le voir. Je suis sûre que ce sera un coup de cœur de la semaine prochaine. »


La seconde sortie nationale est Vie privée, le nouveau film de Rebecca Zlotowski, qui retrouve Virginie Efira après Les Enfants des autres. Cette fois, c’est Jodie Foster qui tient le rôle principal, et elle parle entièrement en français. « C’est un film policier où elle joue une psychiatre. Elle a comme patiente le personnage joué par Virginie Efira, qui décède subitement. C’est traité comme un suicide, sauf qu’elle est persuadée que c’est un meurtre, et elle se lance dans une enquête complètement amateur. »

Laëtitia raconte avec précision ce qui l’a touchée : « Le scénario est assez ludique. Il y a des moments proches du burlesque, parce qu’évidemment elle se prend pour une enquêtrice mais n’en est pas une. »
L’enquête devient dérive, vertige, doute. « Elle arrive vraiment à créer une ambiance très feutrée où tu ne sais pas du tout où le film va aller. On est tout le temps avec le personnage principal, et on ne sait pas jusqu’à la fin si elle est dans la réalité ou dans un délire paranoïaque. » L’image, elle aussi, fait récit : « Paris, les rues la nuit sous la pluie, des petits chemins de campagne éclairés uniquement par les phares des voitures. » Et Laëtitia conclut avec une admiration réelle : « Ça s’éloigne vraiment de ce qu’elle faisait avant. Moi j’ai trouvé ça plutôt réussi. »


Cette semaine est aussi celle du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Aux Lobis, les films deviennent alors actes et outils, lieux de parole et de résistance. Mercredi soir, Violence conjugale, les mots du mal, de Léa Ménard, sera projeté en présence de la réalisatrice. « C’est un documentaire qui met en avant la prise en charge des auteurs de violences conjugales. On parle beaucoup des victimes, et on a raison. Mais on parle moins de comment on accompagne et comment on résout le problème du côté des agresseurs. » Le film suit les parcours judiciaires et les dispositifs mis en place dans le Centre-Val de Loire. La séance est portée par le SPIP, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation. La séance est gratuite.

Vendredi 28 novembre, ciné-débat autour de On vous croit, de Charlotte de Villiers et Arnaud Dufay, animé par le Collectif Droits des Femmes et le Planning Familial. « Le film expose le combat d’une mère. Presque 95 % du film se passe lors d’une audience pour déterminer si un père accusé de viol par son enfant peut ou non avoir un droit de visite ou de garde. » Le film repose sur un plan-séquence de cinquante minutes, pour faire sentir l’étouffement, l’enfermement, la respiration coupée. « La caméra peut rester sur la mère, alors qu’on entend la voix du père qui se défend avec des arguments abjects. On voit qu’elle lutte entre l’envie de hurler et la nécessité de se contenir, parce qu’elle sait très bien que si elle sort de ses gonds elle sera considérée comme hystérique. » Le titre lui-même – On vous croit – est un manifeste. Il ne laisse aucune ambiguïté.


D’autres ciné-débats rythment la semaine. Jeudi à 20h30, Stups, d’Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, documentaire sur les lieux de détention au Palais de Justice de Marseille.
Lundi 1ᵉʳ décembre, Lutoppia, de Mathieu Tricard, sur un squat devenu lieu de vie menacé d’expulsion : « Ce n’est pas un squat d’urgence, c’est devenu une maison. »

Et pour que le cinéma reste aussi un lieu de partage concret, Les Lobis inaugurent une double exposition de l’Épicurienne Anonyme et de la photographe Anila Gill, en partenariat avec le Salon Les Vins du Coin.
Dégustation le vendredi 5 décembre à 19h, projection de Levures indigènes à 20h30. Dans cette idée, le bar des Lobis sera ouvert samedi 6 décembre, de 14h à 19h.

Informations et horaires ici : blois-les-lobis.cap-cine.fr

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR