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La « Goutte de lait » à Blois : une réponse face à la mortalité infantile

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

Au cœur de Blois, discrète mais essentielle, une institution marqua durablement l’histoire sociale et médicale de la ville : la Goutte de lait. Derrière ce nom d’une simplicité presque tendre, se cache une œuvre qui chercher à sauver les plus fragiles.


À la fin du XIXᵉ siècle, le constat est accablant : la mortalité infantile atteint des niveaux alarmants. En France, près d’un enfant sur cinq meurt avant l’âge d’un an, souvent emporté par des affections digestives ou des gastro-entérites liées à la mauvaise qualité du lait. Des médecins décident alors de faire de cette lutte une priorité absolue.

C’est à Fécamp, en juin 1894, que naît la première Goutte de lait, fondée par le docteur Léon-Adolphe Dufour (1856–1928). Son principe est novateur : fournir aux nourrissons du lait stérilisé, dosé selon l’âge, et accompagner les mères par des conseils d’hygiène et de puériculture. Très vite, l’exemple inspire d’autres villes. À Paris, le dispensaire de Belleville, créé en 1892 par le docteur Gaston Variot, adopte à son tour le nom de Goutte de lait.

La reconnaissance nationale consacre ce mouvement. Le docteur Dufour, pionnier de cette pédagogie sanitaire, est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1913 pour son action.

Une œuvre qui se répand

L’expérience normande connaît un écho rapide dans tout le pays. À la veille de la Première Guerre mondiale, on dénombre près de deux cents Gouttes de lait à travers la France. Des congrès internationaux en assurent la diffusion : à Paris en 1905, à Bruxelles en 1907, puis à Berlin en 1911, où médecins et hygiénistes échangent sur les meilleures pratiques.

Partout, les objectifs sont les mêmes : inciter les mères à allaiter leurs enfants, et lorsqu’elles ne le peuvent pas, offrir un lait sûr, contrôlé, et distribué dans des conditions hygiéniques. Car l’allaitement artificiel, inévitable pour une partie des familles, suppose une surveillance stricte. Un rapport présenté en 1928 au Congrès international de la protection de la première enfance soulignait déjà les défis : assurer un lait de qualité irréprochable, éviter les fraudes (mouillage, écrémage), et multiplier les contrôles bactériologiques. Dans certaines villes industrielles comme Roubaix, la majorité des nourrissons étaient déjà nourris au biberon, alors qu’ailleurs – à Orléans ou Montpellier – plus de la moitié des enfants recevaient encore le sein.


L’Œuvre blésoise

À Blois, la Goutte de lait s’installe au 20 rue des Marchands (future rue François-Mansart). L’institution ne se limite pas à la seule distribution de lait. Elle prône l’allaitement maternel comme idéal, mais prend en charge les nourrissons des mères – riches ou pauvres – qui ne peuvent allaiter. Chaque matin, un lait stérilisé, adapté à l’âge de l’enfant, y est distribué. Chaque vendredi, une consultation pédiatrique gratuite est assurée sous la direction du docteur Paterne. Aux mères sont donnés des conseils d’hygiène, de puériculture et de soins quotidiens, dans un esprit à la fois scientifique et social.

Ainsi, la Goutte de lait de Blois s’inscrit pleinement dans la dynamique nationale : unir la science médicale, l’action sociale et l’éducation des familles. Son rôle est tangible : la mortalité infantile régresse, en particulier celle due aux affections digestives. Les familles blésoises trouvent là non seulement une aide matérielle, mais une véritable école d’hygiène et de maternité.

Ces initiatives, pionnières à la charnière du XIXᵉ et du XXᵉ siècle, transformèrent en profondeur la santé publique. L’esprit de la Goutte de lait se retrouve aujourd’hui dans les centres de Protection maternelle et infantile (PMI), dans les crèches, et plus largement dans les politiques de prévention sanitaire.

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