À Blois et Agglopolys, le vélo s’invite dans le débat public grâce au Baromètre FUB

Lancé par la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), le Baromètre des villes cyclables s’est imposé comme la plus grande consultation citoyenne sur le vélo jamais organisée en France. En 2021, lors de sa troisième édition, plus de 275 000 personnes avaient pris le temps de répondre à ses 30 questions, issues de plus de 1 500 communes : des métropoles aux villages, en passant par les villes moyennes. Une progression continue depuis la première édition de 2017, qui témoigne d’un intérêt croissant pour les enjeux cyclables dans l’espace public.
Accessible en ligne (ici), le questionnaire s’adresse à toutes et tous : aux cyclistes du quotidien comme à celles et ceux qui enfourchent un vélo de temps à autre – voire jamais, mais qui souhaitent malgré tout s’exprimer sur la place laissée aux mobilités douces dans leur environnement. Au fil des éditions, ce baromètre construit une cartographie fine, évolutive, et argumentée du ressenti des usager·es, ville par ville. Une mine d’informations rendue publique en open data, désormais incontournable pour les collectivités comme pour les militant·es.
À Blois, Vélo 41 en a fait un levier de dialogue, bien plus puissant qu’un simple plaidoyer. « Ce baromètre, c’est du vécu, c’est du ressenti, et c’est surtout un point d’appui redoutablement efficace dans les discussions avec les élus », résume Christian Deblaise, co-président de l’association. En 2021, les 303 réponses récoltées avaient permis de pointer des carences très concrètes. Depuis, certains aménagements ont vu le jour. La quatrième édition, en cours jusqu’au 2 juin 2025, pourrait peser plus lourd encore, alors que se profilent les élections municipales.

Le principe est simple : un questionnaire de 30 questions, un curseur de 1 à 6 pour évaluer chaque item (du très défavorable au très favorable), et une carte interactive permettant à chaque répondant de signaler trois lieux à améliorer, trois points dangereux, trois axes prioritaires, et trois besoins en stationnement. Il est possible de répondre pour plusieurs communes. Ainsi, si vous habitez Blois et que vous travaillez à La Chaussée-Saint-Victor, vous pouvez faire les deux.
En 2021, ils étaient 303 à avoir répondu pour la ville de Blois. Des résultats concrets en ont découlé. « À la gare, par exemple, le manque de stationnement était pointé. On a depuis obtenu l’installation d’arceaux devant la gare, et bientôt, 70 places de stationnement sous la rotonde seront mises en service, plus 30 arceaux libres non gardés. » Le rond-point Médicis, également ciblé en 2021, a été réaménagé. Reste le pont François-Mitterrand, toujours en attente. « Il y a une étude en cours pour aménager deux vraies bandes cyclables protégées par un dispositif en béton. Mais il faut d’abord vérifier que la structure du pont peut supporter la charge », nous dit le co-président de Vélo 41.
Les données du Baromètre, en open data, sont largement consultées et utilisées par les services techniques des collectivités. « Ce sont des documents de travail. Ils s’appuient dessus. C’est beaucoup plus parlant que n’importe quel discours militant. » Mais encore faut-il que les réponses soient assez nombreuses. Pour que les résultats soient pris en compte, il faut au minimum 50 contributions dans une ville de plus de 5 000 habitants, et 30 pour les communes plus petites.

Les répondants n’ont pas besoin d’être cyclistes quotidiens. « Il y a d’ailleurs des réponses de non-cyclistes. En 2021, environ 5 % des contributions venaient de personnes qui ne faisaient pas du tout de vélo, mais qui avaient une perception du cadre urbain. » Les résultats attendus pour la rentrée de septembre devraient refléter à la fois la progression des aménagements et les lacunes persistantes. « On aura des indicateurs par grand thème : sécurité, confort, services, engagement politique, et un ressenti général. Ce seront des tableaux comparables à ceux de 2021. On pourra voir s’il y a eu des efforts. »

Christian Deblaise n’attend pas que du diagnostic. Il compte bien s’appuyer sur ces résultats pour interpeller les candidats aux municipales 2026. « La dernière fois, on avait envoyé un questionnaire à tous les candidats. Deux nous avaient répondu. Cette fois-ci, on renverra un questionnaire, mais en s’appuyant sur les données du Baromètre. » Les demandes seront ciblées, concrètes : « Qu’envisagez-vous pour l’avenue Maunoury ? Combien comptez-vous investir chaque année par habitant pour les aménagements cyclables ? C’est plus parlant de dire : vous comptez mettre 7 € ou 12 € par habitant, que de parler de millions. Ça permet de comparer. »

Certains points semblent faire consensus. L’avenue de Vendôme, jugée trop dangereuse, devrait passer d’une bande à une vraie piste cyclable. Le boulevard Daniel Dupuis reste un obstacle mal résolu. Quant à la rue du Bourg-neuf, elle a été refaite depuis son classement en point rouge. « Ce n’est pas parfait, mais on ne peut pas dire qu’il ne se passe rien. » D’autres cas restent en suspens. « Le projet de passerelle sur la Loire, à 22 millions d’euros, ne concerne pas les cyclistes du quotidien. On nous la vend comme un équipement structurant, mais pour les travailleurs à vélo, ce n’est pas l’itinéraire logique. C’est plus un aménagement touristique. » Les attentes sont nombreuses. Des axes entiers sont encore à sécuriser. « Ce qu’on veut, c’est une vision d’ensemble. Un maillage cohérent, accessible, sécurisé. Pas des coups de peinture ici ou là. »
La deadline est fixée au 2 juin 2025. D’ici là, les membres de Vélo 41 vont redoubler d’efforts pour diffuser l’appel à contribution, notamment dans les communes d’Agglopolys. « On veut que ces communes soient qualifiées pour qu’on puisse dialoguer avec elles avec des données solides. » À l’échelle locale comme nationale, le Baromètre Vélo est devenu un levier démocratique. « Ce n’est pas une pétition. C’est une évaluation structurée, légitime, citoyenne. Et les élus le savent. »
Le lien : barometre-velo.fr