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À Blois, une mobilisation massive, un front syndical décidé à prolonger la lutte

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Ce jeudi 18 septembre était un jour de mobilisation sociale portée par une intersyndicale. Et le succès est franc et marqué, encore plus dans un contexte de rentrée. Sous un ciel d’été, le cortège a traversé les rues de Blois dans un parcours assez classique. Après la mobilisation du 10 septembre, les syndicats entendaient confirmer la dynamique et l’amplifier. Et les premiers chiffres sont à la hausse : 1800 manifestants selon la préfecture, et 2200 selon la CGT. Un chiffre relevé à 16 heures qui pourrait encore gonfler.

Trois prises de parole ont rythmé la manifestation, place de la Résistance. Emmanuel Mercier pour la FSU, Didier Calvo pour la CGT et Didier Blaise pour Sud ont livré des discours denses, où s’est exprimée une même exigence : imposer un budget de justice sociale et économique face à des politiques jugées destructrices.

Didier Blaise pour Sud
Didier Blaise pour Sud

Emmanuel Mercier a ouvert la séquence pour la FSU. Il a rappelé le succès de la pétition intersyndicale, forte de 400 000 signatures, et la force des mobilisations récentes. Pour la FSU, le départ de François Bayrou « ne constitue en aucun cas une victoire », la cible réelle étant « l’idéologie libérale ». Les ultralibéraux, a-t-il dénoncé, voient dans le déficit public « une aubaine », un moyen d’attaquer retraites, prestations sociales, services publics et fonction publique, en avançant vers une « marchandisation des services ».

La nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre incarne à ses yeux la continuité de cette logique. Les mesures récentes — gels de salaires, doublement de la franchise médicale, indemnisation réduite des congés maladie — sont dénoncées comme injustifiées. « La dette, globalement stable, ne provient pas d’un trop-plein de dépenses, mais d’un assèchement volontaire des recettes », a-t-il rappelé, citant l’OFCE : 50 milliards d’impôts et de cotisations supprimés chaque année depuis 2017 au profit des plus riches et des entreprises, alors que 211 milliards d’aides publiques sont versés aux entreprises sans contrepartie.

Pour la FSU, la réponse passe par « une fiscalité réellement progressive », la taxation du capital et des sociétés, l’augmentation des salaires et des pensions, la revalorisation des prestations sociales et un remboursement à 100 % des soins prescrits par la Sécurité sociale. Emmanuel Mercier a dénoncé le déplacement annoncé d’Emmanuel Macron à l’abbaye de Pontlevoy, « lycée privé catholique ultra-réactionnaire » dont la rénovation sera financée par « fonds publics et loto du patrimoine », pendant que les établissements publics « se dégradent petit à petit ». Il a conclu en appelant à « rester unis » pour imposer un budget de justice économique et sociale.

manif à Blois

« Travailler pour vivre, pas pour mourir au travail »

Didier Calvo a ensuite pris la parole pour la CGT. D’emblée, il a chiffré la situation : « 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France », soit 15,4 % de la population, « un niveau jamais atteint depuis 1996 ». Il a insisté sur la précarité des familles monoparentales et des enfants, un sur cinq vivant dans un ménage pauvre. Pendant ce temps, le revenu médian n’a progressé que de 60 euros en vingt ans, quand les dividendes explosent.

Le constat est sans appel selon la CGT : « Des centaines de lits supprimés, des conditions de travail calamiteuses à l’hôpital public, dans les EHPAD », des patients privés de soins et « la seule réponse de Lecornu : supprimer le Ségur de la santé » pour économiser 13 milliards. La CGT oppose des revendications claires : augmentation immédiate des salaires et minima sociaux de 300 euros, renforcement des cotisations sociales, taxation des patrimoines et des dividendes, rétablissement de l’ISF et d’un impôt progressif.

La justice sociale et fiscale passe aussi, selon le syndicat, par des embauches dans les services publics : soignants, fonctionnaires des impôts, inspection du travail, services sociaux et collectivités. « Ce que nous voulons, c’est travailler pour vivre, pas pour mourir au travail », a-t-il martelé, exigeant l’abrogation de la réforme des retraites et le retour à 60 ans. Il a rappelé le rôle de la journée du 10 septembre, « première étape », et salué la capacité des mobilisations à « déjouer les provocations du pouvoir en place et de l’extrême droite », évoquant les jeunes gazés qui s’étaient réfugiés au siège de la CGT. Pour Didier Calvo, la manifestation du jour constitue une « deuxième étape » dans la construction d’un « mouvement social d’ampleur », au-delà de la seule démonstration de force dans la rue.

manif à Blois

« De l’argent, il y en a »

Didier Blaise, pour Sud, a enfin rappelé que « la réforme sociale que nous vivons s’est ouverte en 2023 » avec la bataille des retraites. « Nous refusons de tourner la page », a-t-il lancé. Pour lui, les réformes successives visent à « faire travailler plus et plus longtemps pour gagner moins et enrichir toujours plus le patronat ». Le syndicaliste a martelé un leitmotiv : « De l’argent, il y en a. » 211 milliards d’aides publiques annuelles aux entreprises, distribuées « sans condition, sans contrôle, sans contrepartie ». En 2024, 97 milliards d’euros de dividendes ont été reversés aux actionnaires du CAC 40, tandis que les profits atteignaient 131 milliards. Des politiques qui, selon lui, tirent les salaires vers le bas, alors que le nombre de salarié·es au SMIC continue de croître.

Il a appelé à « augmenter les salaires et faire contribuer les plus riches », désignant celles et ceux qui ont le plus profité de l’argent public et détiennent l’essentiel des richesses. Revenant sur la mobilisation du 10 septembre, il a souligné son ampleur : « des centaines de milliers de grévistes » et des formes d’action locales, décidées par les comités de base. Sud défend et encourage ces pratiques, jugées au plus près des réalités du terrain. « Il nous faut construire des grèves, les plus importantes possibles, c’est la meilleure manière de tout bloquer et de toucher l’économie », a-t-il insisté. La journée de ce 18 septembre, déjà qualifiée de « grand succès », s’inscrit dans cette dynamique. Et de conclure : « En action et ensemble, tout est possible, nous allons gagner. »

Une convergence de mots d’ordre

Dans la diversité de leurs expressions, les trois prises de parole ont esquissé un même horizon : celui d’un affrontement prolongé. Entre dénonciation de la « dette instrumentalisée », appel à la justice fiscale, exigence de revalorisation salariale et réaffirmation du droit à la retraite, FSU, CGT et Sud ont convergé autour d’un constat commun : les ressources existent, mais leur répartition nourrit les inégalités. À Blois, la manifestation a ainsi pris des allures de tribune sociale. Les chiffres avancés, les colères exprimées, les revendications formulées ont tracé les lignes d’un front syndical décidé à prolonger la lutte.

manif à Blois
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