Avant La Chaussée-Saint-Victor la légende des miracles d’un ermite
La Chaussée-Saint-Victor, paisiblement située près de la Loire, renferme en son sein une histoire séculaire, une légende marquée par les actes miraculeux de Saint Victor. Cet ermite, qui autrefois (Ve-VIe siècle) vivait dans la quiétude des grottes du coteau, est devenu au fil des siècles le symbole d’une foi inébranlable et d’une puissance divine à l’œuvre. C’est ce qu’on découvre dans « Légendes de Loir-et-Cher » de Jacques Cartraud.
La biche fidèle
L’une des légendes les plus touchantes liées à Saint Victor est celle de la biche blanche (qu’on retrouve sur le blason de la commune). Elle était non seulement sa compagne (depuis qu’il l’avait sauvée des eaux) mais aussi un symbole de sa pureté et de sa dévotion. À la mort de Victor, la biche, dans un acte de fidélité et de chagrin, se rendait chaque année à l’église. Les portes s’ouvraient miraculeusement à son arrivée, les cloches sonnaient, et elle se prosternait devant l’autel jusqu’à la fin du jour. Ce rituel, témoin d’une affection éternelle, se voulait symbole de la puissance des liens sacrés.
Le miracle du marinier
Saint Victor, même dans sa vie solitaire, n’était pas inconnu des gens du pays. Sa renommée était telle que les passants sur la Loire parlaient de ses exploits divins. Une fois, alors qu’un bateau remontait le fleuve, tous à bord louaient l’ermite, à l’exception d’un marinier sceptique. Son manque de foi ne passa pas inaperçu. Une violente tempête éclata soudainement, précipitant le marinier blasphémateur dans les profondeurs de la Loire. Alors qu’il était à deux doigts de la noyade, une apparition de Saint Victor le sauva, le guidant à travers les eaux tumultueuses jusqu’au port de Saint-Ayacus. Réalisant la gravité de ses actes, le marinier répandit la nouvelle du miracle, renforçant encore plus la légende du saint.
La punition du voleur
Dans la légende, on dit que même après sa mort, Saint Victor continuait à protéger sa terre sacrée. Ainsi, lorsqu’un voleur tenta de piller l’église, il fut condamné par une force surnaturelle à revivre sans cesse sa tentative de vol. Cent fois, il fit le même trajet, avant d’être finalement découvert, épuisé, le lendemain, portant les preuves de son forfait.
Un héritage préservé
Saint Victor ne fut pas seulement un guérisseur de fièvres ou un réalisateur de miracles isolés. Il est devenu une partie intégrante de l’identité de La Chaussée-Saint-Victor. Les reliques du saint étaient autrefois vénérées lors de grandes processions.
Une terre inondée d’histoire
Niché au cœur de La Chaussée-Saint-Victor, à la lisière du parc des Mées, le cimetière ancestral révèle à qui veut bien l’écouter, le murmure de ces légendes. On pourrait presque y ressentir les âges révolus, lorsque les habitations et une église dominaient ce lieu. Aujourd’hui, au sein de ce site occupé au Moyen Âge, seule une seule petite chapelle – où se trouve le tombeau de Saint-Victor sous l’autel – témoigne donc du passé. Et du légendaire ermite. Selon une chronique du XVème siècle, l’homme aurait été un évêque du Mans qui avait choisi la vie d’ermite pour expier ses péchés. Cette version, bien que contestée, trouve écho dans l’église de La Chaussée.
Enfin, c’est parce que le temps et les éléments naturels n’ont pas été cléments avec ce site que le bourg a évolué. Ainsi les crues de la Loire et les rigueurs hivernales ont poussé ses habitants de Saint-Victor à migrer vers le hameau de La Chaussée (terme qui fait vraisemblablement référence à l’antique voie romaine). Qui deviendra La Chaussée-Saint-Victor à la Révolution.