Avec Agglopolys, les Lions Clubs marquent les avaloirs pour rappeler que « la mer commence ici »

Ce mercredi 22 mai 2025, dans les locaux d’Agglopolys à Blois, les Lions Clubs de Blois Doyen et Blois Renaissance ont officiellement remis les 80 plaques à fixer aux élus de 31 communes de l’agglomération. Sur chacune d’elles figure un message aussi direct que nécessaire : « Ne rien jeter – Ici commence la mer ». Cette opération, labellisée Génération Mer, s’inscrit dans le cadre de l’année de la mer 2025, reconnue comme une année de mobilisation pour la préservation des océans, et vise à ancrer, dans l’espace urbain comme dans les consciences, un rappel écologique élémentaire : ce qui est jeté dans les caniveaux s’écoule, tôt ou tard, jusqu’à la mer.

La cérémonie, organisée donc au siège d’Agglopolys, a réuni élus, agents, membres des Lions Clubs et partenaires de terrain. Elle a été ouverte par le président de l’agglomération, Christophe Degruelle, qui a immédiatement situé l’enjeu de l’opération dans une perspective plus large de politique publique : « Je suis ravi de cette opération parce qu’elle montre la crédibilité de notre communauté de communes autour de la politique de l’eau. » Revenant sur une précédente tentative de marquage au sol par peinture à la craie, qu’il qualifie avec franchise d’« opération qui a modérément marché », il souligne la volonté d’Agglopolys de progresser dans une approche systémique du cycle de l’eau.
Le discours du président, didactique, ancré dans une lecture territoriale des compétences publiques, a aussi pointé sans détour l’un des paradoxes français : « Le prix de l’eau n’est pas assez cher pour remporter les défis auxquels on va être confrontés. » Pollution, changement climatique, restauration des milieux : il faut selon lui une politique ambitieuse. Le chantier est vaste, le calendrier resserré, les moyens encore discutés.

En seconde prise de parole, Yvan Saumet, président du Lions Club Blois Doyen, a salué l’implication conjointe de son club et de celui de Blois Renaissance, dirigé par André Lepers. Il évoque aussi la participation du club de Cheverny, absent ce jour-là mais mobilisé pour la distribution des plaques dans des communes non encore membres d’Agglopolys. D’un ton posé mais ferme, il rappelle que l’idée n’est pas neuve : « Elle s’inscrit dans la même logique que celle des places handicapées marquées par la phrase : “Si tu veux ma place, prends mon handicap.” Ce message a permis, en son temps, de faire évoluer certaines consciences. Ici, c’est la même chose. Nous savons que c’est une action de très long terme. »
Yvan Saumet poursuit en convoquant des souvenirs d’enfance : « Quand on était gamins, on nous apprenait à jeter les papiers dans les bouches d’égout pour que ça ne traîne pas dans la rue. » Ce geste, considéré jadis comme civique, est aujourd’hui dénoncé à juste titre : « Ce qu’on y met va directement à la mer. » Il précise que les mégots, en plus des plastiques, constituent une pollution invisible mais massive, et que d’autres clubs Lions, à Orléans notamment, ont tenté l’installation de filets dans les avaloirs. Une initiative intéressante, mais lourde à entretenir sur le long terme.
C’est donc en connaissance de cause que les Lions de Blois ont opté pour un dispositif plus simple et durable : ces plaques bleues, issues d’une initiative du club de Pont-à-Mousson. Yvan Saumet salue la participation massive des communes : « Les trois quarts se sont inscrites au moins pour une plaque. Certaines en ont demandé cinq ou six. Nous vous les offrons bien volontiers. »

Les modalités d’implantation ont été pensées avec soin. Il insiste : « Elles doivent être visibles. » La question de la fixation a été adaptée en fonction des contraintes : les plaques peuvent être scellées au sol ou fixées sur un mur, avec l’accord de l’Architecte des Bâtiments de France, à condition d’éviter les sols clairs comme ceux en béton imitant le calcaire. Les trottoirs bitumés, eux, ne posent pas de problème. Quant au bleu vif de la plaque — un choix validé nationalement — il en assume la portée : « Je sais que certains auraient préféré du rouge ou du jaune, mais c’est bleu pour la mer. C’est ça qui a été validé. » Un brin d’humour s’invite même dans sa voix : « Vous pouvez la repeindre si vous voulez prendre des risques. »
Cette opération est l’un des trois volets d’une action plus large de sensibilisation menée par les Lions. Dans la journée, une intervention a eu lieu à l’école de Cellettes, en présence d’enfants venus également de l’école de Fresnes. L’intervenant n’était autre que Samuel Bonvoisin, ingénieur agronome et cofondateur de l’Association pour une Hydrologie Régénérative. Il poursuivait sa journée d’éducation à l’eau en animant une conférence publique le soir même, au campus de la CCI de Blois, sur le thème « Et si on pouvait cultiver l’eau ? » Yvan Saumet évoque cette approche nouvelle avec clarté : « Il s’agit de voir comment, plutôt que de perdre l’eau, on peut essayer de la garder. » Il souligne l’enjeu des zones humides, mais aussi la portée pédagogique de l’intervention auprès des enfants : « Il y a un enjeu pour que nos petites têtes blondes — ou brunes — prennent de bonnes habitudes dès l’enfance. »

La conclusion du président des Lions Blois Doyen se veut à la fois sobre et reconnaissante : « Merci à tous ceux qui contribuent à cette éducation citoyenne. Pour qu’on soit collectivement plus attentifs. Et qu’on en retrouve un peu moins, au fil des années, dans les fleuves et les océans. » En effet, les gestes simples — posés dans l’espace public, portés par la parole, relayés par les enfants — construisent aussi les écologies concrètes de demain.