Gaza : Comment Blois affiche publiquement sa solidarité

À Blois, le message est désormais visible par tous : depuis le 21 mai, une banderole accrochée à la façade de l’hôtel de ville appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération des otages et au respect du droit international. En inscrivant noir sur blanc sa solidarité avec le peuple palestinien, la municipalité entend faire entendre, depuis le Val de Loire, une voix en faveur de la paix et du droit.
Accrochée à droite de l’entrée principale, cette installation visuelle manifeste le soutien explicite de la municipalité à plusieurs exigences politiques majeures, dans le contexte du conflit en cours dans la bande de Gaza. Elle est accompagnée d’une déclaration officielle publiée le même jour sur le site de la Ville.
Dans ce texte, la Ville de Blois « rappelle l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et durable dans la région », et demande « la libération des otages, le respect du droit international et la reconnaissance de l’État de Palestine ». Elle évoque également la « catastrophe dans la bande de Gaza » et précise que « des millions de personnes sont en proie à une malnutrition aiguë, aux maladies graves, et tentent aujourd’hui de survivre dans des conditions inhumaines », tandis que « d’autres personnes restent retenues prisonnières et sont attendues par leurs familles, de part et d’autre ».
Ce message s’inscrit dans la continuité du vœu adopté en juin 2024 par le conseil municipal de Blois, et dans un mouvement plus large de collectivités locales à travers l’Europe qui prennent position publiquement sur le conflit israélo-palestinien.
Une crise humanitaire dénoncée par l’OMS
Le geste symbolique de Blois intervient alors que la situation humanitaire à Gaza continue de se dégrader gravement. Le 23 mai, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a lancé un appel public à Israël : « Ayez pitié », a-t-il déclaré, dénonçant la « destruction systématique » du système de santé palestinien. Il a ajouté : « Un appel en faveur de la paix est en réalité dans le meilleur intérêt d’Israël lui-même. » Selon les données communiquées par l’OMS, 94 % des hôpitaux de la bande de Gaza sont endommagés ou détruits. Le directeur des urgences sanitaires de l’organisation, Michael Ryan, estime que 2,1 millions de personnes sont en danger de mort imminente, du fait de la famine, des maladies et du manque d’accès aux soins et à l’eau potable. Le chef de l’OMS a par ailleurs dénoncé l’utilisation de la nourriture et des médicaments comme armes de guerre : « Il est injuste de faire de la nourriture une arme. Il est vraiment injuste de faire du matériel médical une arme », a-t-il martelé.
Une opération militaire israélienne à grande échelle
Le 4 mai 2025, le cabinet de sécurité israélien a validé un plan militaire de grande ampleur, qualifié par le Premier ministre Benyamin Netanyahou de « tournant stratégique ». Baptisé Chariots de Gédéon, ce plan prévoit l’occupation durable de l’ensemble du territoire gazaoui et le déplacement massif de la population vers une zone dite « stérile » au sud de la bande de Gaza.
Les étapes du plan comprennent la destruction préalable des infrastructures dans certaines zones, l’évacuation de toute la population gazaouie — plus de deux millions de personnes — vers des camps sécurisés proches de la frontière égyptienne, puis une offensive visant à « raser » les bâtiments restants et à neutraliser les tunnels utilisés par le Hamas.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est alarmé d’un possible « nettoyage ethnique », en évoquant un changement démographique forcé. L’Institut national d’études de sécurité (INSS) à Tel Aviv alerte également sur le risque que cette opération soit interprétée comme une « punition collective » et potentiellement « un génocide » au regard du droit international.
Une prise de position politique locale
En affichant sur son hôtel de ville un message politique clair et visible, la Ville de Blois fait le choix de s’impliquer symboliquement. Cette démarche s’inscrit dans la tradition des collectivités locales françaises qui, à travers des vœux, des drapeaux ou des banderoles, expriment leur position sur des événements internationaux majeurs.