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Bataille contre la maladie de Lafora : un espoir suspendu à un essai clinique

La maladie de Lafora est une forme rare et sévère d’épilepsie progressive qui touche le cerveau, entraînant des dégradations cognitives et motrices irréversibles. Découverte au début du 20e siècle, cette maladie orpheline est aujourd’hui au centre d’un combat mené par des familles de patients, des chercheurs et des associations. Mais l’espoir est mince, car malgré des avancées prometteuses en laboratoire, l’avenir de ces enfants repose sur un essai clinique actuellement bloqué par des contraintes financières.

Un traitement prometteur, mais incertain

L’association France Lafora, fondée en 1995 par des parents d’enfants atteints, incarne l’une des rares initiatives dédiées à cette maladie rare. Les membres de cette organisation se battent sans relâche pour faire avancer la recherche et aider les familles. Leurs espoirs reposent aujourd’hui sur un traitement expérimental à base d’ASO (Antisense Oligonucleotide), une thérapie prometteuse qui a déjà donné des résultats encourageants sur des souris, des chiens et des singes. Ce traitement est capable de supprimer les corps de Lafora, des amas de glycogène anormaux qui s’accumulent dans les cellules du cerveau et causent des dommages irréversibles.

Cependant, si l’ASO permettrait de stopper l’évolution de la maladie, la question reste en suspens : pourrait-il également inverser les dégâts déjà causés sur des patients ayant des déclins cognitifs et psychomoteurs avancés ? Tant que le traitement n’aura pas été testé sur des patients humains, il est impossible d’affirmer si les dommages peuvent être réparés.

Des enfants en souffrance

La progression de la maladie est implacable. Elle se manifeste par des myoclonies (contractions involontaires des muscles), des crises d’épilepsie, et des hallucinations. À mesure que la maladie avance, les enfants perdent progressivement leur capacité à marcher et à effectuer des gestes simples.

« C’est le cerveau qui contrôle tout cela », explique Véronique Gadomski, qui est à la tête de l’association France Lafora. « Les médicaments qu’on leur donne ont un effet sédatant, leur but étant de limiter les crises. Cela peut aussi avoir un effet sur leur humeur et aboutir à des troubles du comportement… »

Les traitements actuels, bien que nécessaires, n’agissent que sur les symptômes et ne stoppent pas l’évolution de la maladie. En augmentant les doses pour contenir les crises, on peut activer d’autres symptômes et/ou effets secondaires. La frontière entre les effets de la maladie et ceux des médicaments devient floue.« Il faut bien faire la différence entre l’évolution de la maladie et les effets des médicaments. Ces derniers sont souvent très lourds, car ils visent à limiter les myoclonies et les crises. On ajuste toujours les doses, mais plus on les augmente, plus les enfants sont « ralentis ». Par exemple, avec Robin, en moyenne tous les deux mois, il fallait revoir son traitement, tout en sachant que nous savions ne pas pouvoir dépasser certaines doses », se lamente sa mère.

Un essai clinique qui tarde à venir

L’idée de l’ASO est donc d’attaquer directement la maladie. Malgré son potentiel, son développement est confronté à des défis de taille. Un essai clinique, initialement prévu pour être lancé il y a quelques années, a été brutalement interrompu lorsque le laboratoire Ionis s’est retiré du projet. La cause : une question de rentabilité, exacerbée par les effets de la pandémie de Covid-19. Depuis, les familles et les associations, déjà confrontées aux souffrances quotidiennes de la maladie, se sont battues pour relancer cet essai. Il se profile.

En 2023, le Dr Berge Minassian, expert mondial de la maladie de Lafora, a réussi à maintenir le contact avec Ionis et à négocier une solution partielle : un nouvel essai clinique limité à 10 patients sur une durée de deux ans, pour lequel seul le traitement est financé par le laboratoire. « Nous espérons que cet essai dont le but est de tester la sécurité du traitement, permettra aussi d’en tester son efficacité, mais les critères d’inclusion/exclusion sont très stricts », explique l’association. A titre d’exemple de critères connus, seuls les patients capables de marcher de manière autonome, âgés entre 12 et 18 ans, pourront y participer.

Cette restriction a détruit les espoirs de nombreuses familles dont les enfants sont en dehors de cette tranche d’âge ou déjà trop affectés par la maladie. Parmi elles, une mère, qui a vu ses trois enfants atteints de Lafora, reste dévastée après avoir appris que son dernier enfant, âgé de 20 ans, ne pourra pas d’emblée bénéficier de l’essai. « Nous avons déjà perdu tant d’enfants cette année », déplore l’association, « c’est un crève-cœur de savoir que certains ne pourront pas accéder dès son démarrage à ce traitement potentiel. »

Un financement colossal, mais un enjeu vital

Le coût de cet essai clinique est faramineux : 150 000 euros par patient, soit 1,5 million d’euros pour les 10 enfants qui participeront. Cette somme couvre uniquement la prise en charge de l’essai par l’équipe de chercheurs, sans inclure les frais logistiques. Les familles doivent en effet se rendre tous les trois mois aux États-Unis, et y rester une semaine pour le suivi. Cette lourdeur logistique complique encore l’accès des patients européens à l’essai.

Face à ces difficultés, une cagnotte mondiale a été lancée par les familles et les associations. « Aujourd’hui, on a environ 150 000 à 200 000 euros en fonds, ce qui permettrait de commencer avec un premier enfant », explique l’association. « Dès que nous atteindrons les 150 000 euros supplémentaires, un deuxième enfant pourra être inclus. » Ce financement reste un combat permanent pour les familles, qui doivent tout organiser elles-mêmes, à la manière d’une véritable entreprise.

Les familles de patients espèrent également que, si l’essai est concluant, Ionis envisagera d’élargir l’accès au traitement à un plus grand nombre d’enfants, même ceux qui ne répondent pas aux critères initiaux. « Les parents sont prêts à tout », souligne un Véronique Gadomski, « c’est leur seul espoir. »

Un avenir incertain, mais porteur d’espoir

La communauté mondiale des patients atteints de Lafora, regroupée sur les réseaux sociaux, suit l’évolution de cette situation avec une anxiété palpable. « Nous avons perdu huit patients cette année, un nombre record », confie l’association. L’attente est insupportable pour ces familles qui se battent pour sauver leurs enfants. L’essai clinique, validé par la FDA, pourrait représenter un tournant décisif dans la lutte contre cette maladie. Mais le feu vert donné, le processus prendra encore deux ans avant que d’autres patients puissent espérer bénéficier du traitement.

Dans l’intervalle, les familles se battent contre le temps, les contraintes financières, et parfois les lourdeurs administratives. Elles continuent de croire que l’ASO pourrait offrir une lueur d’espoir à ces enfants condamnés par la maladie de Lafora. Mais à ce jour, le chemin vers un remède reste semé d’embûches.

Dans l’idée de recueillir des fonds en soutien à l’association France Lafora, un concert du groupe « NOPARAZIT » (reprises pop rock) aura lieu le samedi 21 septembre 2024 à 20h30 à la salle des fêtes de Vineuil. L’entrée est à 10 € (gratuit pour les moins de 10 ans). Il y aura des foodtrucks, une buvette et des douceurs sucrées disponibles dès 18h30. Il est aussi possible de contribuer en ligne via ce lien : https://www.helloasso.com/associations/france-lafora/collectes/un-espoir-pour-giulian-et-giorgio-enfants-lafora

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