Blois-Vienne autrefois une île fluviale à part entière ?
Vienne, aujourd’hui qualifié de quartier de Blois, intrigue par son passé mystérieux et son emplacement géographique particulier. Situé sur la rive gauche de la Loire, Vienne a toujours eu une relation étroite avec les cours d’eau. Fut-il un jour une île fluviale à part entière ? Telle est l’énigme qui a traversé les âges, intrigue les érudits et enchante les rêveurs.
Géographiquement isolé
Géographiquement, la Loire constitue d’une part une frontière naturelle. Ceint de digues et du déversoir de la Bouillie, Vienne se tient en retrait des communes voisines telles que Vineuil, Saint-Gervais-la-Forêt et Chailles (à l’exception de l’Arcou, qui s’étend jusqu’à Bas-Rivière).
Sur le plan des voies de communication, Vienne s’organise autour de l’avenue Wilson, avec les quais de la Loire au nord (vers Tours), la rue de la Croix-Rouge au centre (chemin vers Bas-Rivière par-delà le cimetière), et la demi-ceinture formée par la RD 951, contournant Vienne au sud. En cas de crues dévastatrices, tous les habitants du quartier risquent d’être isolés, le pont Jacques-Gabriel constituant alors leur seul lien avec le monde extérieur. Vienne se retrouve occasionnellement coupé du reste de la rive gauche, comme en témoigne l’épisode de 2016, lorsque les flots de la Loire se sont emparés du paysage.
Le nom
Au fil du temps, Vienne a porté différents noms, de l’antique Insula Evenna à Vienne-Lez-Blois, en passant par le Faubourg de Vienne. Quid du nom ? On parle d’un village gaulois qui aurait été baptisé Evenna, dérivant du nom de l’île elle-même, Insula Evenna, signifiant littéralement « île de Vienne ». On peut également envisager que Evenna évoque la « rivière » en ancien celte. Malheureusement, l’absence de documents d’époque laisse cette appellation sujette à la spéculation.
Le mystère de l’île fluviale
Quant à la question cruciale de l’île fluviale, elle demeure une énigme. L’étymologie de son nom, même incertaine, témoigne de la symbiose intemporelle entre Vienne et les eaux. Fut-il ou non une île fluviale, ce quartier prospère a toujours su tirer parti de la protection naturelle que lui offrait la Loire.
Les vestiges d’un passé lointain
En 2013, des fouilles archéologiques menées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ont révélé des pans méconnus de l’histoire de Vienne. Des chasseurs-cueilleurs s’y sont installés dès 6 000 ans avant notre ère, tandis que les Gaulois, spécifiquement les Carnutes, ont établi leur présence dès le IVe siècle avant notre ère.
Le site de Vienne, dans une configuration bien différente de l’actuelle, était propice à être entouré d’eau en cas de fortes précipitations ou d’inondations. La construction de Vienne a émergé sur ce qui pouvait être qualifié d’îlot en période de crues, entouré de marécages. Certains historiens avancent que Vienne demeurait une île fluviale même après l’Antiquité. Quelle que soit la vérité historique, la Loire s’est révélée une alliée précieuse, offrant une barrière naturelle aux habitants.
Ainsi, que Vienne ait été autrefois une île fluviale ou une presqu’île, l’essence de ce quartier historique réside dans sa connexion intime avec les méandres de la Loire et dans sa capacité à défier les conventions géographiques et historiques. Vienne, lieu d’histoire et de mystère, demeure une pépite précieuse dans le trésor historique de Blois, où passé et présent s’entrelacent pour créer une identité unique.