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Blois-Vienne : l’héritage complexe du Cirque Amar

Blois-Vienne abrite une histoire digne d’un roman, teintée à la fois de magie, de courage, et de tragédie. Cette histoire, c’est celle du Cirque Amar, qui, bien qu’éloigné de Blois depuis des décennies, a laissé une empreinte indélébile.

Fondé en Algérie à Sétif par Ahmed Ben Amar el-Gaid, le Cirque Amar s’est rapidement imposé sur le paysage circassien français. Suite au décès d’Ahmed, c’est sa veuve, Marie Bonnefous, assistée de ses fils – Ahmed, Mustapha, Ali, et Shérif – qui prend les rênes de l’entreprise. À la fin des années trente, attirés par un vaste terrain à Blois, ils y installent les quartiers d’hiver, érigeant logements, remises et un lieu de dressage pour les animaux.

Mais au-delà de l’animation et du spectacle, la guerre a fait planer une ombre sombre sur le cirque. Les frères Amar, dans un geste de solidarité et d’humanité, accueillent la famille Strassburger, artistes juifs allemands en exil. Malheureusement, à l’exception d’Adolph, caché par Shérif Amar à Blois puis à Paris, la plupart des membres de la famille Strassburger connaissent un destin tragique, déportés à Auschwitz.

La guerre a également vu le chapiteau du Cirque Amar à Blois transformé en camp d’internement pour les exilés allemands, un chapitre sombre relaté par Ernst Heidelberg. À cause des restrictions de circulation, les frères Amar ont dû innover, créant trois chapiteaux aux portes de Paris.

La période sombre de l’occupation a aussi suscité des suspicions sur les origines des frères Amar, les poussant à prouver qu’ils n’étaient pas d’origine juive. La situation s’est envenimée en raison de la confusion entre leur patronyme et une autre entité.

L’après-guerre révèle également des facettes inattendues du cirque : Edit Kleinbarth, travaillant pour les Amar, évoque la présence de prisonniers de guerre allemands, anciens soldats de la Wehrmacht, qui participaient aux représentations du cirque, à l’exception des anciens membres SS.

L’histoire du Cirque Amar à Blois est un mélange complexe de magie circassienne, de solidarité, et de drames de guerre. La ville elle-même est un témoignage vivant de cette époque où Blois-Vienne était à la croisée des chemins entre l’art, la guerre et l’humanité.

Photo des archives de Blois et d’Agglopolys | Guerre 1939/1945, éléphant au travail des champs |
©  Pierre Jahan / Roger-Viollet, ref. 20032-13

L’histoire de cette photo d’éléphant au travail

Vers 1930, la paisible rue des Métairies à Blois-Vienne a été témoin de l’arrivée des frères Amar, des figures emblématiques du monde du cirque français. Ils avaient choisi ce quartier pour établir les quartiers d’hiver de leur cirque. Un vaste terrain, parfait pour le stockage du matériel de scène, des tentes colorées, des remorques et, bien sûr, pour l’hivernage de la ménagerie, y était aménagé. Bientôt, la rue des Métairies s’est transformée en une petite ville de lumières, de sons et de couleurs, où les animaux, les artistes et les résidents locaux cohabitaient dans une harmonie unique.

Mais ce n’était pas seulement la magie des performances qui a marqué Blois-Vienne. Au fur et à mesure que la Seconde Guerre mondiale progressait, la ménagerie du cirque est devenue bien plus qu’un simple spectacle pour les résidents. Dans ces temps désespérés, alors que les ressources se faisaient rares et que la faim et la peur régnaient, les animaux du cirque se sont révélés être une bénédiction. Employés dans les champs pour aider au travail agricole, ces animaux robustes et bien dressés ont fourni l’aide inestimable nécessaire pour garantir que les récoltes soient plantées et récoltées à temps.

La guerre a fini par se terminer, laissant derrière elle ses cicatrices. Mais à Blois-Vienne, l’empreinte du Cirque Amar est restée profondément gravée. Là où autrefois se trouvait le terrain du cirque, une école de cirque a vu le jour, passant le flambeau de la tradition circassienne aux générations futures. Aujourd’hui, des enfants et des adultes du quartier s’initient à l’art du jonglage, de l’acrobatie et de la performance, perpétuant l’héritage des frères Amar.

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