Brindille de Folie : le coaching sportif pour une reconquête du corps et de soi

Connue sous le nom de Brindille de Folie, la coach sportive Bertille Rocher a choisi de proposer ses services sans écran interposé… ou plutôt sans visioconférence, sans horaires figés, sans rituels codifiés. Le suivi qu’elle propose est à distance, oui, avec des outils digitaux, mais il se construit autrement. Il commence par un échange en profondeur, un appel initial où la coach écoute sans préjuger, pour comprendre qui elle a en face d’elle. Et c’est ce fil tendu, ce lien, qui ne rompra pas, qui fera office de fil rouge pendant plusieurs mois.
« En général, les gens, quand on dit distanciel, ils pensent visio. En fait, ce n’est pas vraiment ça. Mes coachées, elles vont en salle, elles s’entraînent, elles se filment sur leur séance, elles m’envoient leurs vidéos, moi je les corrige. » Il ne s’agit pas de piloter à distance un corps anonyme. Ce qui se joue est plus subtil : un accompagnement qui s’ajuste à la personne, à sa manière de bouger, à son alimentation, à ses doutes, à ses attentes, à son histoire.

Bertille Rocher travaille avec des femmes, presque exclusivement. Non pas par stratégie ou par principe, mais parce que le lien qui se crée ainsi est plus évident, plus juste, moins traversé par les malentendus, plus simple. « Je suis une femme. Et dans le sport, c’est quand même difficile de faire sa place. J’ai beaucoup d’hommes qui veulent m’expliquer mon travail… Je ne dis pas que je sais tout, je n’ai pas la prétention de tout savoir. Mais rarement les femmes, elles, veulent m’expliquer comment faire mon travail… »
Dans son travail justement, elle écoute, elle observe, elle répond. Presque en continu. Si elle s’impose une journée sans travail, le jeudi, et si elle cesse de répondre à une certaine heure, elle reste accessible le reste du temps. Ce coaching n’a pas les contours rigides d’une consultation classique. Il s’adapte à la vie des femmes qu’elle accompagne, à leurs emplois du temps, à leurs découragements, à leurs questions impromptues : « Sur ce point, je pense par exemple aux coachées concentrées sur l’alimentation. Quand elles ne savent pas si elles peuvent prendre une collation, elles m’envoient un message, moi je peux leur répondre. »
Le programme, quant à lui, n’est pas une fiche imprimée avec des colonnes de répétitions. Il est construit sur mesure. En fonction de l’expérience, des douleurs éventuelles, des attentes formulées ou parfois esquivées. « On passe par un appel pour savoir un petit peu qui elles sont, ce qu’elles ont besoin au niveau du coaching. Parce que des fois, elles n’ont pas forcément d’objectif physique visuel, mais plutôt un accompagnement pour pouvoir rester motivées. » Le programme comprend le nom de l’exercice, le nombre de séries, le nombre de répétitions, le temps de repos, et une petite vidéo pour visualiser le geste.
Certaines sont débutantes. D’autres s’entraînent depuis longtemps. Bertille n’a pas de profil type. Elle ajuste. « J’ai vraiment tout type de profils. J’en ai qui n’aiment pas ça… Donc il faut essayer de trouver des alternatives pour que ça leur plaise et que ça leur convienne. » Pour celles qui n’ont pas l’habitude de s’entraîner seules, elle propose aussi, ponctuellement, des séances en salle. Elle est indépendante à Fitness Park, à Saint-Gervais-la-Forêt, et aime aussi le contact direct. « Ça me permet de les aider à se pousser, à sortir de leur zone de confort. » Il arrive qu’après une seule séance, elles se sentent suffisamment en sécurité pour poursuivre seules.
L’accompagnement se construit dans la durée. Bertille demande un engagement minimum de trois mois. « Pour moi, on ne peut pas travailler en un mois. Même trois mois, c’est court. Mais ça me laisse le temps de leur expliquer les habitudes qu’elles doivent mettre en place. » Au terme de cette période, certaines choisissent de continuer, d’autres partent en autonomie. Elle ne retient pas celles qui sont prêtes à partir : « Si elles sentent qu’elles sont capables de continuer ces habitudes sans moi, et du coup d’aller vers leur objectif, c’est acquis pour moi. Ça veut dire que j’ai fait mon travail. »
Chaque semaine, elle suit un carnet partagé : sommeil, digestion, douleurs éventuelles, événements émotionnels, tout ce qui peut influencer une prise de poids, une baisse d’énergie, un découragement. « Il y a des coachées qui prennent 300 grammes, je leur dis : ce n’est pas grave. T’as eu un gros événement, t’as été stressée, ça joue sur ton poids. Dans deux jours, ça sera parti. » Elle demande aussi des photos mensuelles, parfois des mensurations. Le poids, elle s’en méfie. « Je ne m’arrête pas sur une donnée brute. Je regarde la moyenne de la semaine. Et pour certaines, je ne demande même pas le poids. »
Elle accompagne des femmes qui veulent perdre du poids, d’autres qui veulent en prendre. Certaines se fixent un objectif et changent en cours de route. « Une a commencé avec un objectif de perte de poids, elle a perdu 12-15 kilos, et maintenant elle veut prendre de la masse musculaire. » D’autres découvrent en chemin qu’elles veulent se préparer à une course, ou retrouver de l’énergie au quotidien. Parfois, ce sont des douleurs chroniques qui les amènent à chercher une solution. Bertille Rocher n’est pas médecin. Elle le rappelle. Et elle sait reconnaître les blocages qui ne relèvent pas de sa compétence. Elle insiste sur l’équilibre. Ne pas demander l’impossible. Trouver un rythme. « Une fois qu’on a la routine, c’est facile. »

Mais elle sait que l’alimentation reste le point le plus sensible. Elle ne propose pas de régimes miracles. Elle parle de bon sens, d’équilibre, de cuisine brute. « Pour moi, on peut tout manger. Mais c’est sûr que si la base du repas c’est un McDo, et qu’on mange une pomme derrière pour se donner bonne conscience, il y a un souci. » Elle n’interdit pas, elle ajuste. Elle ne diabolise pas. « Un McDo une fois dans le mois, est-ce que c’est grave ? Je ne suis pas sûre. »
Le lien qu’elle entretient avec ses coachées est personnel. Fort. Parfois sororal. Il est nourri d’une confiance réciproque. Elle les rassure, les guide, les recadre si besoin. « Je pense que je deviens un peu leur copine, d’une certaine façon. C’est ce que je veux. Je veux qu’elles se sentent à l’aise. » Elle veille à maintenir ce lien sans pression. Elle a créé un groupe WhatsApp collectif, mais il reste discret. Les femmes qu’elle suit sont souvent réservées. Comme elle. « On attire les personnes qui nous ressemblent. »
Son nom de coach, Brindille de Folie, intrigue. Elle en sourit. « Mes parents trouvaient que Brindille, Myrtille, c’était mignon. Et ‘de folie’, parce qu’il y a un petit truc pétillant chez moi. » Elle y voit une manière de dire que la musculation n’est pas forcément austère. Qu’elle peut être joyeuse. Exigeante, mais pas rigide. « Il faut que ça fasse plaisir. » Même si c’est potentiellement dans la douleur de l’exercice.

Elle-même n’a pas toujours été sportive. Adolescente, elle fait de la danse classique. Rien d’intensif. C’est plus tard, dans la vingtaine, qu’elle découvre la salle de sport. Elle s’y rend avec un ami. Elle s’y attache. Elle se forme seule, lit beaucoup, explore. Elle devait devenir paysagiste. Elle ne s’y épanouissait pas. Elle part comme fille au pair en Angleterre. La mère de famille, la voyant s’entraîner tous les jours, lui souffle une idée : « Pourquoi tu ne deviens pas prof ? » Elle rentre, fait un service civique, rencontre des conseillers d’orientation. Tous l’encouragent. Elle se lance.
Aujourd’hui, elle veut accompagner des femmes dans leur transformation. Pas seulement corporelle. Intérieure aussi. Parce qu’au fond, ce qu’elle construit avec elles, ce n’est pas une silhouette. C’est une relation, c’est une réappropriation du corps. Et une force.
Bertille Rocher le rappelle : les transformations physiques ont toujours une incidence sur le mental, mais cette influence n’est pas univoque. Elle aide à prendre conscience des petites victoires, à poser un regard plus juste sur soi-même, à reconnaître les réussites invisibles. Son approche du muscle, en tant que femme, déjoue aussi les stéréotypes. « Moi, j’aime bien. Je trouve ça joli. Ce sont mes références. » Elle a déjà entendu des remarques du type : « Je ne veux pas être musclée comme toi. » Mais elle ne s’en formalise pas : « Je ne trouve pas que ça rende plus masculin. Et ce qui est bien avec la musculation, c’est qu’on peut décider comment on va développer tel muscle et pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre. » C’est cette liberté-là qu’elle transmet — une liberté dans le regard porté sur le corps, sur sa puissance, sur sa forme, mais aussi sur sa valeur.
Pour plus d’informations : brindilledefolie.com