S'installer en Loir-et-Cher
AlimentationStyle de vieVie locale

Cinq Chefs au piano : quand la gastronomie populaire rencontre le septième art

Jeudi 5 juin 2025, au restaurant d’Escale et Habitat à Blois, en cuisine comme en salle, c’est le septième art qui donnait le ton à cette 8e édition de “5 Chefs au piano”, événement culinaire interétablissements porté par l’Union Régionale pour l’Habitat des Jeunes.

La thématique de cette année, le cinéma, a infusé toute la conception du menu, pensé et exécuté par le chef Wilfried Arnoult, en résidence au restaurant Escale et Habitat à Blois, avec la complicité de ses homologues Yann Le Pollotec, chef à Tours, et Quentin Carmier, installé à Romorantin. « En fin de compte, cet événement est un événement promotionnel au sein de nos établissements, parce qu’il est difficile pour nous de faire de la publicité. Donc, avec cette opération, ça nous permet de rayonner vers l’extérieur et de montrer notre savoir-faire. On n’est pas des cantines. On est souvent dévalorisés, alors qu’on a du savoir-faire, qu’on sait travailler les bons produits », affirme Wilfried Arnoult d’un ton calme mais déterminé.

Lancé à l’origine comme un événement musical, le projet 5 Chefs au piano a, au fil des années, glissé vers d’autres univers thématiques, tout en restant fidèle à ses fondations : la mise en valeur de la cuisine maison, l’usage de produits frais et locaux, et l’engagement social. Le label Nouvelles Renaissance(s), attribué par la Région Centre-Val de Loire, vient saluer cette double ambition : culturelle et solidaire.

À Blois, l’équipe a opté pour une déclinaison volontairement lisible, à commencer par le plat phare : un poulet en hommage direct à L’Aile ou la cuisse. « Là, le lien avec le poulet est tout de suite compris. D’autres rapprochements sont plus subtils. Ça permet aussi de faire venir du monde », avance Wilfried Arnoult, fier du cap des 300 couverts ce midi-là.

Mais le menu ne se limite pas à la référence cinématographique. Il s’ancre aussi dans la terre solognote, chère au chef. Les asperges – en pleine saison – et les fraises de Romorantin s’imposaient d’elles-mêmes, restait à trouver le film pour les justifier. « J’ai voulu mettre en valeur ces produits de saison et de région. Et j’ai trouvé une réplique dans le film Podium où les asperges sont citées. C’est tout ce que j’ai trouvé, mais ça suffisait pour faire le lien », explique-t-il. Ainsi, derrière chaque plat servi ce jour-là, une citation, une scène, une affiche ou un souvenir cinématographique.

Escale et Habitat

Des plats signature… et des clins d’œil assumés

Pour Wilfried Arnoult, la bonne franquette n’est pas une posture. C’est une culture. « Une bonne grillade, c’est convivial, ça correspond à l’esprit gueuleton, qui revient à la mode. Voilà, la bonne franquette, tout simplement », résume-t-il. Un héritage qu’il attribue à la cuisine de ses grands-mères, dans des familles nombreuses où l’on cuisinait « beaucoup, ensemble ». De là découle un menu généreux et sans afféterie : poulet-frites, ribs aux deux porcs, ratatouille, fromages locaux, desserts revisités. Et ce n’est pas un hasard si le mot « gueuleton » revient à plusieurs reprises.

Une bande de passionnés, de Tours à Romorantin

Autour de lui, Yann Le Pollotec, chef à Tours depuis janvier, et Quentin Carmier, installé à Romorantin, partagent cette philosophie. À Tours, le menu du 15 mai avait puisé dans les comédies françaises : crème brûlée inspirée d’Amélie Poulain, salade César pour le clin d’œil aux Astérix, terrine de cochon en hommage à l’affiche de Delicatessen. Une cuisine à la fois référencée et joyeusement décalée. Quant à Romorantin, qui accueillera l’événement dans deux semaines, le ton est donné : esturgeon, cuisses de grenouilles, côtes de bœuf braisées et filets de brochet, le tout dans un esprit de banquet à l’ancienne, avec buffet de desserts et grands plats de fromages partagés. Chacun s’est prêté au jeu de la recherche filmique. « L’École buissonnière, par exemple, je n’ai pas eu besoin de le revoir. Je l’ai déjà vu au moins 452 fois ! » lance Quentin Carmier. Autre référence : Le sens de la fête, film de Nakache et Toledano. « C’est un mariage qui part un peu en vrille, mais au final, c’est une célébration collective, une ambiance chaleureuse. C’est ce qu’on cherche à recréer ici », ajoute le chef.

Escale et Habitat

Un projet de territoire, un levier d’estime

5 Chefs au piano est une vitrine collective portée par Yann Le Pollotec, Nathalie Ferreira Pires, Wilfried Arnoult, Quentin Carmier et Agnès Jacquet, chefs engagés au sein d’établissements parfois peu visibles, mais essentiels dans les parcours d’insertion, de formation ou de transition. Le projet est coordonné à l’échelle régionale par l’URHAJ Centre-Val de Loire, avec le soutien du réseau APOGÉES et du GARS (Groupement Associatif des Restaurants Sociaux). À Escale et Habitat, à Blois, ce travail s’incarne chaque jour dans une restauration ouverte, conviviale, solidaire. « On a une grande liberté pour concevoir nos menus, même si le budget est serré. Contrairement à un restaurant traditionnel où le menu change tous les trimestres, nous, on le renouvelle chaque semaine. Cette flexibilité nous permet d’explorer la cuisine traditionnelle, en piochant un peu partout, pour offrir plus de diversité au moindre coût », souligne Wilfried Arnoult.

À travers cette édition 2025, les cinq établissements impliqués (Tours, Bourges, Blois, Romorantin et Saint-Amand-Montrond) poursuivent le même objectif : redonner de la visibilité à une restauration qui ne sacrifie ni le goût, ni le lien social. Et démontrer, par la force de l’exemple, que l’on peut conjuguer insertion, création culinaire et action culturelle. Comme au cinéma, l’essentiel ne se joue pas seulement à l’écran. Mais dans les coulisses. En cuisine. En salle. Et dans l’attention portée aux autres.

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR