Comment se portent les associations de Loir-et-Cher ? Une étude nous éclaire
Tout au long de l’année 2023, la Ligue de l’enseignement de Loir-et-Cher, en collaboration avec la Banque des Territoires-Caisse des dépôts, le Conseil Départemental de Loir-et-Cher, et 419 associations, a cherché à dresser un panorama des associations pour mieux les connaître, et comprendre leurs besoins afin de mieux les accompagner. Ce lundi après-midi, Benoît Trulla, chargé d’études vie associative, Anaïs Saillau, déléguée générale de la Ligue de l’enseignement de Loir-et-Cher, et Corinne Beaunier, chargée du développement territorial en charge de l’ESS, ont présenté un panorama des associations du 41.
Cette étude était à réaliser, impérativement, notamment après la période Covid. « Nous n’avions que des informations de terrain, notre propre prisme, et il nous manquait des informations objectives pour savoir où en étaient les associations dans l’ensemble du département, comment elles se portaient, comment elles avaient traversé ces dernières années, quels étaient leurs souhaits, leurs besoins, quelles réussites elles avaient pu tirer de cette expérience — car il y en a eu — quelles leçons elles en retenaient et quelles difficultés elles avaient rencontrées, afin que nous puissions les accompagner, pour que les associations et les bénévoles se portent au mieux », explique Anaïs Saillau.
Un tissu associatif vital et actif
Quel est donc le tableau ? Le Loir-et-Cher compte entre 6 500 et 7 500 associations actives, dont environ 750 à 800 sont employeuses (environ 9 000 salariés). Ces associations sont réparties sur l’ensemble du département, avec une forte concentration à Blois (45 %), suivi de Romorantin (33 %) et Vendôme (22 %). Cette vitalité se traduit par une densité d’associations de 31,9 pour 1 000 habitants, démontrant un fort engagement local. Près des deux tiers des associations actives se concentrent dans trois domaines principaux : le « Sport et activités de plein air », en tête, suivi des secteurs « Loisirs et vie sociale » et « Culture ».
Près de 90 % de ces associations fonctionnent sans salarié, et les trois quarts d’entre elles opèrent à un niveau local, avec une forte proportion ayant un rayonnement intercommunal. Les spécificités rurales du département, combinées à l’absence de vraie métropole, expliquent la moindre présence des associations dans le secteur « Humanitaire, social et santé ». Cependant, ces dernières sont tout de même présentes, souvent sous forme d’établissements secondaires. Une caractéristique notable du département, bien que non exclusive à celui-ci, est la forte présence d’associations de chasse et de pêche, particulièrement concentrées dans le sud du département.
L’engagement bénévole
Les bénévoles sont la pierre angulaire de ces associations, représentant 65 % de la force bénévole active de manière régulière. Tandis que la diminution du nombre d’adhérents semble être un phénomène temporaire, la baisse du nombre de bénévoles apparaît plus profondément ancrée. En effet, les membres sont de plus en plus usagers, et moins impliqués.
Le recrutement de nouveaux bénévoles est donc de loin la préoccupation majeure des associations en Loir-et-Cher, surtout dans un contexte où leurs membres, notamment les administrateurs, vieillissent.
Au sujet de la gouvernance des associations, elle reste principalement traditionnelle, avec 45 % des structures adoptant un mode de gestion classique. Les membres des associations se répartissent en différentes tranches d’âge, mais un tiers des bénévoles ont plus de 65 ans, un indicateur de l’importance des seniors dans le tissu associatif.
Entre dynamisme et fragilité
Chaque année, environ 300 nouvelles associations voient le jour en Loir-et-Cher. Cependant, le taux de dissolution est préoccupant, avec 110 associations dissoutes par an, soit un ratio de 4,5 dissolutions pour 10 créations sur les 12 dernières années. Ce taux est bien supérieur à la moyenne nationale (deux fois plus).
A ce sujet, on observe une évolution contrastée entre les arrondissements de Blois, bénéficiant du dynamisme d’Agglopolys, et celui de Romorantin, un contraste qui reflète également la courbe démographique de ces deux territoires. La crise sanitaire a exacerbé ce phénomène, avec une augmentation notable des dissolutions, particulièrement dans les arrondissements de Romorantin et Vendôme. Pour possiblement contrer cette tendance à la dissolution, Jean-Alain Lavige, président de l’Ufolep 41, a proposé à la Ville de Blois la création d’une « couveuse d’associations ».
Les défis post-crise sanitaire
L’étude révèle que 95 % des associations ont été impactées par la crise sanitaire. Parmi les principales difficultés rencontrées figurent la recherche de nouveaux bénévoles, le maintien des financements publics, et la communication pour valoriser leurs activités.
Bien que la plupart des associations actives se montrent résilientes un an après la fin de la crise sanitaire, la situation demeure hétérogène selon le profil des associations. Près d’un tiers d’entre elles indiquent ne pas avoir retrouvé leur niveau d’activité d’avant la crise.
Si 44 % expriment des inquiétudes, notamment face à la baisse de l’engagement bénévole et les défis financiers, 56 % des associations se disent confiantes en l’avenir. Un optimisme qui a relativement surpris Benoît Trulla, auteur de l’étude.
Pour pallier les difficultés de transmission, plus de la moitié des associations se tournent vers l’affiliation à un réseau associatif. En plus de favoriser l’échange d’informations, cette affiliation peut contribuer au développement des compétences des bénévoles. Qu’elles soient affiliées ou non, la majorité des associations expriment un besoin de coopération et d’échange avec d’autres associations, ce qui souligne une volonté de repenser le fonctionnement en réseau.
Toutefois, un tiers des associations qui cherchent à s’appuyer sur des structures externes n’ont pas d’interlocuteur clairement identifié. Dans les deux agglomérations, les associations disposent d’un large éventail de contacts. En revanche, celles situées en milieu rural n’ont souvent qu’un seul interlocuteur : la commune. Cela soulève des questions sur la visibilité des structures de soutien dans les zones les plus isolées du département et souligne l’importance de renforcer le maillage territorial, en utilisant la commune comme point d’ancrage.
France Bénévolat, une association nationale qui a pour mission de promouvoir, développer et faciliter l’engagement bénévole, installe une antenne à Blois, à la Maison des associations (17 rue Roland Garros). Elle mettra en relation les bénévoles potentiels avec des associations en besoin de soutien, tout en offrant des ressources et des formations pour valoriser et accompagner les bénévoles dans leur engagement.