Coup de cœur de Béatrice Fouasnon pour le « Ginette Kolinka » d’Aurore D’Hondt
Béatrice Fouasnon, une libraire passionnée de Blois-Vienne (Voyage au centre des livres au 22 avenue Wilson), choisit aujourd’hui de mettre en lumière cet ouvrage : « Ginette Kolinka : récit d’une rescapée d’Auschwitz-Birkenau » (Des ronds dans l’O, 240 pages, 25€) d’Aurore D’Hondt.
Dans un monde où l’histoire semble parfois s’estomper dans le tumulte du quotidien, la bande dessinée « Ginette Kolinka » d’Aurore D’Hondt se dresse comme un phare de mémoire et de résilience. Éditée par Des ronds dans l’O, cette œuvre est un hommage poignant à Ginette Kolinka, née Cherkasky, une survivante de l’horreur inimaginable d’Auschwitz-Birkenau.
Arrêtée en mars 1944 simplement parce qu’elle était juive, Ginette Cherkasky est déportée dans le tristement célèbre camp de concentration et d’extermination. Son récit, marqué par le matricule 78599 tatoué sur son bras, est celui d’une lutte acharnée pour la survie, mais aussi d’une solitude profonde : elle est la seule de sa famille déportée à en revenir vivante.
Ce n’est pas seulement l’histoire de Ginette qui est racontée dans cette bande dessinée, mais aussi celle d’Aurore D’Hondt, une lycéenne en terminale, profondément touchée par la rencontre avec Ginette Kolinka lors d’une intervention dans son établissement. Émue par le récit et les avertissements de Ginette sur les conséquences de la haine, Aurore s’est sentie investie d’une mission : celle de transmettre ce témoignage pour que cette partie sombre de l’Histoire ne soit jamais oubliée.
Le choix artistique d’Aurore D’Hondt est aussi remarquable que son sujet. La bande dessinée parvient à capturer l’essence des émotions vécues par Ginette et ses compagnons d’infortune, observe Béatrice Fouasnon. Malgré l’obscurité des thèmes abordés, l’illustratrice insuffle une certaine légèreté dans les regards et les visages, exprimant l’humanité même dans les moments les plus sombres. « L’illustratrice imprime, malgré la noirceur des situations, un peu d’humanité et de légèreté dans les regards et les visages ronds. Ginette nous raconte… La souffrance dépasse l’entendement. Les pages sur fond noir présentent la période de la déportation. Malgré tout, une image bouleversante pleine de tendresse se dévoile lorsqu’un papa serre la petite main de son petit garçon pour aller à la ‘douche’. Après cet enfer, Ginette enfouit ses souvenirs. Et puis le temps fait son travail, le témoignage sera le plus fort… Transmettre, transmettre… Ne pas oublier… »
« Ginette Kolinka » n’est pas seulement une bande dessinée ; c’est un message vital, un rappel que l’Histoire, si douloureuse soit-elle, doit être préservée et partagée. C’est un coup de cœur, non seulement pour la qualité de sa narration et de son illustration, mais aussi pour l’importance de son message. Un message qui, espérons-le, continuera à résonner à travers les générations.
