Des remparts à l’esplanade : l’histoire de la place du Château à Blois
La place du Château, située au cœur de la ville de Blois, constitue aujourd’hui une vaste esplanade qui s’ouvre au sud sur la place Louis-XII et la vallée de la Loire, tout en étant délimitée à l’ouest par la façade de l’aile Louis-XII du château, à l’est par la Maison de la Magie, et au nord par une rangée de maisons. Cet espace, emblématique de la ville, allie modernité et histoire. Lieu incontournable pour les visiteuses et visiteurs, il devient en période touristique un centre d’animation, entre terrasses de cafés, passages de calèches et spectacles réguliers des dragons de la Maison de la Magie. Pourtant, peu de traces visibles rappellent aujourd’hui l’importance historique de cette place, intimement liée à la forteresse médiévale et à l’histoire de Blois.
Une esplanade moderne sur un site millénaire
Ce qui apparaît aujourd’hui comme un vaste espace dégagé était autrefois une partie intégrante de la forteresse médiévale. Avant même l’établissement du château médiéval, les fouilles archéologiques ont révélé une occupation du site dès le Ier siècle avant Jésus-Christ, comme nous le dit l’association des Amis du Vieux Blois. À cette époque, le promontoire abritait un habitat en bois et terre, avec des fosses et tranchées caractéristiques d’une implantation rurale et peu dense. Ce n’est qu’à l’époque carolingienne, aux alentours de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle, qu’une forteresse significative, mentionnée sous le nom de castrum blesensis ou vetus castellus, est attestée par des sources écrites dès l’an 903.
Les recherches menées dans les années 1990 ont mis au jour des vestiges d’une muraille érigée à cette période pour renforcer les défenses naturelles offertes par les pentes abruptes entourant le promontoire. Ce dernier est naturellement délimité par la vallée de la Loire au sud-est et par la vallée de l’Arrou, un petit affluent intermittent de la Loire, à l’est et au nord. Au sud-ouest, l’actuelle rue des Fossés-du-Château témoigne de l’ancien fossé qui isolait la forteresse. L’abondance du matériel archéologique retrouvé, notamment des céramiques, des objets en fer et des ossements, confirme une occupation continue du site au cours des siècles.
Une place au cœur de la vie seigneuriale puis royale
À partir du XIIe siècle, la place devient un véritable centre névralgique de la forteresse médiévale avec la construction de la collégiale Saint-Sauveur. Située au sud de l’actuelle esplanade, cette église servait de nécropole aux comtes de Blois, puis aux ducs d’Orléans et aux rois de France, lorsque le château devient résidence royale. Son architecture élancée, visible sur de nombreuses gravures anciennes, dominait alors la ville.
Sous Louis XII, la place évolue pour devenir une sorte d’antichambre de la résidence royale. Les courtisans et favoris y font construire plusieurs hôtels particuliers, tandis que la collégiale continue d’occuper une place centrale au sud. La transformation s’accélère sous François Ier, avec la construction de l’aile Renaissance du château et l’aménagement des jardins royaux. La place, telle qu’elle existait alors, symbolisait le prestige de la cour et constituait un espace de transition entre la ville et la vie royale.
Destruction et réaménagement sous l’ère moderne
La Révolution marque un tournant majeur dans l’histoire de la place du Château. La collégiale Saint-Sauveur est entièrement détruite, et son emplacement est rapidement occupé par des constructions privées. À la fin du XIXe siècle, un hôtel particulier est bâti à l’extrémité de l’ancienne avant-cour, reprenant le style décoratif de l’aile Louis-XII du château.
Lors des bombardements de 1940, le centre-ville de Blois subit d’importants dégâts, et tous les édifices situés au sud de la place sont détruits par le feu. Ce drame conduit à une réorganisation complète de l’espace. Afin de préserver la vue sur le château, les autorités décident de ne pas reconstruire sur les terrains dégagés par les destructions, mais d’aménager une esplanade bordée de tilleuls. Ce nouvel aménagement offre également un cadre idéal pour dessiner les jardins Saint-Sauveur, dont les allées rappellent l’empreinte au sol de l’ancienne collégiale disparue.
Aujourd’hui, la place du Château est devenue le centre névralgique du tourisme à Blois. Outre le château lui-même, la Maison de la Magie propose des spectacles étonnants et des expositions dédiées à l’art de l’illusion. À quelques pas de là, l’Office de Tourisme Blois Chambord-Val de Loire organise des visites guidées de la ville et des excursions en attelage dans les rues historiques de Blois. Les jardins Saint-Sauveur, aménagés en contrebas de l’esplanade, offrent eux vue panoramique.
