Ikex, un concept unique qui cartonne à Blois
Installé à Blois depuis cinq mois, Dominique Hermier, graphiste, illustrateur et photographe normand, a trouvé une nouvelle façon d’exprimer sa créativité en ouvrant une boutique-vitrine dédiée à ses créations Ikex qui parodient une célèbre marque suédoise. Depuis son arrivée dans la ville, il a transformé son atelier en un lieu unique où se mêlent exploration artistique et réflexion autour de l’absurde. Et ça cartonne !
Un créateur dans l’authenticité
Dominique Hermier a rejoint Blois pour « sa chérie », mais il ne s’est pas contenté de poser ses valises. « En cherchant un local pour mon activité de graphiste, j’ai vu qu’il y avait des locaux vacants. Je me suis dit : pourquoi ne pas avoir une vitrine ? » raconte-t-il. Habitué des expositions en galerie ou sur des salons, il voit dans ce lieu une opportunité de se connecter directement à ses visiteurs. « Le fait d’avoir mon atelier sur place et de pouvoir avoir la primeur des premières impressions des visiteurs, ça n’a pas de prix. J’ai véritablement une scène de théâtre face à moi. Je vois les sourires. »
Son concept repose sur une idée forte : créer d’abord pour soi, sans chercher à plaire à tout prix. « Quand on veut faire quelque chose qui plaît à tout le monde, ça ne plaît à personne. Alors que si on fait un truc intime, qui nous plaît et qui contient une grande part de nous, ça devient universel. » Ce principe, Dominique Hermier l’a appliqué à ses œuvres, mais aussi à sa démarche globale. Il rejette toute approche purement mercantile. « La démarche n’est pas déontologique quand elle est purement commerciale. Une machine à cash, ça se sent. »
Ikex : entre Ikea et Urbex
Le nom de sa boutique, Ikex, résume bien son univers. Inspiré par une exposition sur le thème de l’Urbex (exploration urbaine), il a eu l’idée de détourner l’esthétique des catalogues Ikea. « En préparant l’expo, j’avais étalé mes photos sur une table où traînait un catalogue Ikea. Je trouvais ça marrant : l’angle de vue et la présentation faisaient très Ikea, mais version destroy. » Ainsi est né le premier catalogue Ikex, mélange de photos d’Urbex prises à travers l’Europe (Italie, Angleterre, Belgique, Allemagne, France) et de descriptions absurdes d’objets « invendables ». Le succès de ce premier opus a mené à un financement participatif pour produire un deuxième numéro, plus copieux et plus abouti. « J’ai ajouté des prix, des références et des descriptifs complètement loufoques. »
Des objets uniques, absurdes et réfléchis
Dans son atelier, Dominique Hermier fabrique des objets uniques, souvent à partir de matériaux détournés. « Parfois, un objet récupéré m’inspire et devient le point de départ d’une création. Parfois, c’est de l’imaginaire pur. » Parmi ses œuvres, on trouve des amplificateurs pour smartphone qu’il appelle « Acouphènes », des luminaires certifiés CE, des robots lumineux ou encore un « mixeur de souvenirs » fabriqué à partir de bandes VHS. « C’est totalement inutile, mais ça raconte une histoire. »
Pour chaque création, il veille à une cohérence esthétique. « Par exemple, j’ai fabriqué une fleur extraterrestre avec un pavillon de gramophone. L’objet paraît crédible parce que je veille à une certaine concordance des matériaux, même si l’ensemble est improbable. » Chaque pièce est accompagnée d’un pitch, qui renforce son côté absurde et décalé.
Un art au-delà des normes
Le processus de fabrication des objets Ikex reflète une volonté de subvertir les attentes tout en respectant les standards techniques. Dominique privilégie un assemblage qui donne l’illusion d’un objet monté par boulonnage, mais il cache ses soudures pour préserver une esthétique design. « Beaucoup de gens qui font de l’upcycling soudent leurs objets de manière brute. Moi, je veux qu’ils soient domestiques, presque sortis d’une BD ou d’un dessin animé. »
Ses références vont des années 30 aux années 80, avec une attention particulière pour les matériaux atypiques. Par exemple, il a pour projet de transformer un Minitel en un écran rétro parodique intitulé « 3615 IKEX », alliant nostalgie et humour.
Un succès local et international
Depuis l’ouverture de sa boutique en août, les créations de Dominique Hermier attirent des visiteurs de tous horizons. « Beaucoup d’objets sont partis un peu partout en Europe cet été, notamment grâce aux touristes. » Ses œuvres, uniques par définition, ne pourraient jamais trouver leur place dans un magasin suédois. Pourtant, elles séduisent un public fidèle, souvent prêt à acheter avant même que les pièces soient terminées. « Ceux qui apprécient, apprécient vraiment. Il y a un côté qualitatif plutôt que quantitatif. » Ses créations sont également achetées en ligne au quatre coins du monde.
L’avenir d’Ikex : entre low-tech et innovation
Dominique Hermier ne compte pas s’arrêter là. En 2025, il prévoit de créer des automates en low-tech, animés par des manivelles. « La low-tech m’intéresse beaucoup. J’aimerais intégrer cette approche dans une partie de mes créations. » Cette recherche constante de nouvelles idées, toujours en marge des conventions, est le fil conducteur de son travail. « À partir du moment où on fait un truc pour plaire, on est sur un terrain glissant. Alors, autant rester fidèle à soi-même. » Et ce néo-blésois a beaucoup d’idées. Vivement la suite !