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La folle histoire de Cino del Duca et de son imprimerie à Blois

Cino del Duca, né Pacifico del Duca en 1899 dans un petit village italien, était un homme aux aspirations monumentales. Du jeune vendeur de revues et romans au fondateur des Éditions Mondiales en 1934, Cino del Duca a marqué son époque en créant l‘une des imprimeries les plus importantes de France à Blois, en 1962. Zoom sur cette aventure, le destin exceptionnel de cet homme et son impact sur la ville de Blois.

Les débuts modestes de Cino del Duca

Fasciné par l’édition dès son plus jeune âge, Cino del Duca fait ses premiers pas en tant que vendeur de revues et romans. Une passion qui l’amène à Paris en 1932 où il crée, deux ans plus tard, les Éditions Mondiales. Son entreprise trouve son succès dans le créneau du roman sentimental et populaire, devenant ainsi une SARL en 1937. « Nous Deux », « Intimité » et plus tard, « Télé Poche », étant des témoins de l’empreinte de Cino del Duca sur la France.

L’imprimerie de Blois: Une révolution dans le domaine

Pour maîtriser toute la chaîne de production, Cino del Duca lance quatre imprimeries, dont celle de Blois en 1962. Cette imprimerie était au cœur du développement de la zone Nord de la ville. D’une grande modernité, équipée de machines rotatives Cerutti, l’imprimerie était spécialisée dans l’impression par héliogravure de magazines, de publicités et de documents de vente par correspondance.

« Pourquoi ne pas démontrer qu’il est possible de bâtir une usine dans une région réputée pour sa beauté ? A condition certes de ne pas détruire l’harmonie du paysage. C’est ce qui a été fait à Blois, je crois. »

Des chiffres qui parlent

En 1989, cette imprimerie employait 516 personnes dans trois activités principales: la photogravure, l’impression hélio et le brochage. Elle représentait environ 20 % des périodiques imprimés en héliogravure sur le marché français en 1991 avec un chiffre d’affaires de 550 millions de francs. C’était également la seule imprimerie à disposer d’une unité photogravure et d’un département brochure.

Un chapitre se ferme, mais le souvenir demeure

Après son rachat par le groupe Québécor en 1996, l’imprimerie ferme ses portes en 2008. Les locaux ont été en grande partie démolis, mais des structures demeurent, et une façade remarquable reste. Créée par le sculpteur Carlo Ramous, cette façade en ciment témoigne du destin industriel de l’imprimerie.

L’héritage d’un visionnaire

Cino del Duca a non seulement contribué à l’industrialisation et à la diversification économique de Blois mais a également laissé une empreinte culturelle forte. Les locaux de l’imprimerie, à deux pas du Chato’do, restent un témoin du poids industriel et culturel de cet homme dans la ville de Blois et au-delà.

Photographie de la façade ouvragée par le sculpteur italien Carlo Ramous de l’imprimerie – Archives départementales

L’incroyable vie de Pacifico « Cino » Del Duca : L’homme qui révolutionna la presse, l’édition et le mécénat

Qui aurait prédit que ce fils d’une famille modeste, touchée par la difficulté économique, allait devenir un acteur incontournable de la presse et du mécénat en Europe ?

De la misère à l’engagement

Le jeune Pacifico, surnommé Cino, est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons. Les difficultés financières poussent sa famille à quitter leur village natal pour Ancône en 1912. Mais loin de se laisser abattre, Cino débute sa vie professionnelle aussitôt son éducation terminée. Le service militaire le révèle comme télégraphiste, et en 1918, sa bravoure lui vaut la Croix de guerre. Son expérience en tant que soldat et son arrière-plan familial façonnent en lui un esprit combatif et engagé.

L’épreuve politique

À la sortie de la guerre, l’Italie est plongée dans une crise socio-politique profonde. Cino Del Duca rejoint les rangs du parti socialiste, avant d’être arrêté et emprisonné sous le régime fasciste naissant de Benito Mussolini. Cet épisode l’oblige à renoncer publiquement à son engagement communiste, mais il ne renonce pas à ses idéaux de justice et d’équité.

Le vent tourne

En 1923, Cino prend un nouveau tournant. Sans argent ni relations, mais animé par une volonté inébranlable, il se lance dans le monde de l’édition en Italie. Il vend d’abord des romans-feuilletons en porte-à-porte, puis lance sa propre maison d’édition, Moderna. Les magazines pour jeunes, tels qu’Il Monello et L’Intrepido, marquent les esprits et révèlent Cino comme un éditeur de génie.

Paris, ville des lumières et des possibilités

La suspicion du régime fasciste le pousse à émigrer en France en 1932. À Paris, Cino devient rapidement un éditeur influent, publiant des titres qui deviennent des icônes de la culture populaire européenne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il navigue habilement entre la zone libre et la zone occupée, tout en aidant secrètement la Résistance française.

Le roi de la presse du cœur

Après la guerre, son empire médiatique s’étend à la presse sentimentale, avec des titres comme « Nous Deux » et « Intimité ». Un Français sur cinq lit ses magazines, ce qui le propulse au rang de « Napoléon de la presse du cœur ».

L’héritage et la philanthropie

En 1975, la Fondation Simone et Cino Del Duca est créée. Destinée à soutenir des œuvres d’intérêt général dans des domaines variés, cette fondation immortalise l’esprit humaniste de Cino.

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