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Carte blanche à Laëtitia Scherier : coups de cœur aux Lobis

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C’est une des nouveautés de cette rentrée. Chaque semaine, Blois Capitale donne la parole à Laëtitia Scherier, directrice du cinéma Les Lobis. Diplômée d’un Master de recherche en esthétique et analyse du cinéma, elle partagera ici ses enthousiasmes et ses découvertes. Pour ce premier rendez-vous, la programmatrice revient sur la reprise du cinéma avec l’un des films majeurs de l’année, Valeur sentimentale de Joachim Trier, et présente les sorties de la semaine, avec Miroirs n°3 de Christian Petzold et La Femme qui en savait trop de Nader Saeivar, coscénarisé avec Jafar Panahi.


« Mon grand coup de cœur, c’est Valeur sentimentale »

À peine réouvert, Les Lobis accueillent un film attendu. Sorti la semaine dernière, Valeur sentimentale du réalisateur norvégien Joachim Trier, Grand Prix du dernier Festival de Cannes, attire un public nombreux. Le pitch : Lorsque leur mère meurt, les sœurs Nora et Agnes sont contraintes de renouer avec leur père, Gustav, un réalisateur autrefois vénéré mais aujourd’hui presque oublié, qui espère renouer avec une carrière passée en proposant à Nora le rôle principal d’un film autobiographique. Lorsqu’elle refuse, il engage à sa place une actrice hollywoodienne, déclenchant une confrontation subtile entre reconstruction familiale, héritage émotionnel et la puissance cathartique du cinéma.

« Moi, clairement, c’était ma Palme d’or », confie Laëtitia Scherier. « Il a eu le Grand Prix, et je me doutais qu’il n’aurait pas la Palme, parce que le film de Jafar Panahi qui sortira en septembre est aussi un très bon film, mais c’est une Palme avec un poids politique très important. Par contre, en termes de mise en scène et de sensibilité, pour moi Valeurs sentimentales aurait clairement dû gagner. »

Pour l’occasion, Les Lobis ont ressorti deux des précédents films du cinéaste, Oslo 31 août et Julie (en douze chapitres). « Ce qui est très agréable, explique la directrice, c’est de voir des spectateurs qui viennent revoir les deux films avant de découvrir Valeurs sentimentales, ou au contraire, découvrir d’abord Valeurs sentimentales, trouver le film incroyable et revenir voir les précédents. »

Admirative du travail de Joachim Trier, Laëtitia Scherier insiste sur son importance dans le paysage scandinave : « C’est une des voix les plus importantes du cinéma de ces dernières années. Il a raflé des prix un peu partout. Il a baigné dans le cinéma, son père était ingénieur du son, son grand-père compositeur de jazz et réalisateur. Il avait eu un film sélectionné à Cannes en 1959, La Chasse, considéré en Norvège comme un des plus grands films jamais réalisés. »

Le style scandinave

Laëtitia Scherier relève dans ce cinéma une esthétique singulière : « C’est très épuré. Certains diraient que la réalisation est un peu clinique, un peu froide. Moi je trouve que oui, c’est millimétré, mais qu’il y a aussi une place laissée à l’improvisation dans les dialogues. Et dans la mise en scène, il y a des plans-séquences sublimes. Joachim Trier est un chef d’orchestre incroyable. »

L’accueil du public ne dément pas cette lecture : « Pour l’instant, je n’ai pas entendu de spectateur sortir en disant : “Bof, pas emballé”. Tout le monde sort très ému, en ayant le sentiment d’avoir vu un grand film. »


Christian Petzold et Miroirs n°3

Parmi les sorties de la semaine, Miroirs n°3 de Christian Petzold, présenté à la Quinzaine des cinéastes à Cannes, retient particulièrement l’attention. « Christian Petzold est très connu dans le milieu cinéphile. Il a été identifié dès ses débuts comme le cinéaste d’une nouvelle vague allemande, avec un cinéma radical. Son œuvre est moins radicale aujourd’hui, mais il a signé des films marquants comme Transit (2018), Ondine (2020) ou Le Ciel rouge (2023). »

Son actrice fétiche, Paula Beer, est de nouveau au cœur du film : « C’est la quatrième fois qu’ils tournent ensemble. Il a pensé le film pour elle. Elle est incroyable. Le titre fait référence à une pièce de Ravel, parce que son personnage est une pianiste. Paula Beer a elle-même reçu une formation musicale et théâtrale. »

Le pitch : Lors d’un week-end à la campagne, Laura, une jeune pianiste berlinoise, survit miraculeusement à un grave accident de voiture qui lui coûte la vie à son compagnon. Recueillie par Betty, une femme mystérieuse, elle trouve un refuge quasi familial — jusqu’à ce que des secrets enfouis viennent rattraper ce semblant de quiétude. Le récit, volontairement simple, explore un traumatisme après un accident de voiture et une rencontre qui bouleverse la trajectoire de la protagoniste. « Comme souvent chez Petzold, il y a une atmosphère vaporeuse, onirique. On se laisse porter, et en même temps il donne une humanité incroyable à ses personnages. C’est un film de femmes, avec des actrices magnifiques. Pour moi, c’est mon coup de cœur de la semaine. »


La Femme qu’on savait trop, un film iranien clandestin

Autre sortie de la semaine : La Femme qu’on savait trop, troisième long-métrage d’un réalisateur iranien, Nader Saeivar, connu pour son travail de co-scénariste avec Jafar Panahi, avec qui il a coécrit Trois visages. Sur ce film, Panahi est à la fois co-scénariste et monteur. « C’est un film qui parle de la corruption en Iran, mais aussi du patriarcat et du mouvement féministe. L’actrice principale, déjà d’un certain âge, refuse l’exil. Elle veut rester, continuer à vivre et à tourner en Iran, comme Panahi lui-même. »

Le tournage a été mené clandestinement : « Ils sont obligés de cacher les caméras, d’avoir toute l’équipe dans un camion et de partir dès que la police arrive. L’actrice est régulièrement convoquée et interrogée. C’est un cinéma fragile, mais d’une grande importance. Même si ce n’est pas mon coup de cœur de la semaine, c’est essentiel de le programmer, parce qu’on a peu de films iraniens qui parviennent jusqu’à nous. »

Pour en savoir plus : blois-les-lobis.cap-cine.fr

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