Le Campus du Parti socialiste revient à Blois pour une « émancipation » ?
L’édition 2024 du Campus du Parti socialiste avait placé Blois sous les projecteurs médiatiques de la politique nationale, du 28 au 30 août 2025, la ville accueillera une nouvelle fois le CamPuS du Parti socialiste (pass de 20 à 40€). Ce rendez-vous devenu traditionnel dans la capitale du Loir-et-Cher constitue chaque été le point de ralliement de toute la famille socialiste, de ses jeunes militants à ses figures nationales. L’édition 2025, qui débutera dès le jeudi après-midi, s’annonce d’autant plus stratégique qu’elle interviendra dans un contexte de fractures persistantes au sein du parti et d’incertitudes profondes à deux ans de l’élection présidentielle.
« Le CamPuS, c’est le moment de l’année où nous nous retrouvons toutes et tous pour faire le bilan de l’année passée et lancer la rentrée socialiste ! », affirment ses organisateurs. Au programme : ateliers de formation, tables rondes thématiques, rencontres militantes, mais aussi moments festifs comme le banquet républicain du samedi soir et la traditionnelle « Léon Boum » organisée par les Jeunes socialistes. Dès le jeudi soir, une grande soirée débat plongera les participants dans une fiction politique : une immersion dans la France de 2050, pour mieux réfléchir aux enjeux de long terme auxquels la gauche doit se confronter.
Un parti en crise de cohérence
Ce CamPuS se tiendra à peine deux mois après un 81e congrès national qui, s’il a évité l’affrontement direct entre les deux principales lignes du parti, n’a pas réussi à retisser les fils d’une unité durable. La réélection d’Olivier Faure au poste de Premier secrétaire n’a été acquise qu’avec une marge infime : 51,15 % contre 48,85 % pour le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Des scores quasiment identiques à ceux du congrès de Marseille en 2023, marquant une stagnation des équilibres internes et une fatigue stratégique.
Le congrès de Nancy, qui s’est tenu du 13 au 15 juin, devait acter une clarification idéologique et un cap commun en vue des échéances de 2027. Il n’a produit qu’un texte de synthèse incomplet, brisé par l’exigence des proches de Mayer-Rossignol de voir formalisée noir sur blanc une rupture avec La France insoumise. Un refus qui a ravivé les clivages latents. Jean-Luc Mélenchon s’est d’ailleurs amusé publiquement de cette dépendance persistante.
Olivier Faure, promoteur d’un « socialisme écologique » dont les contours demeurent flous, affirme vouloir construire un arc de rassemblement de la gauche — tout en se gardant d’une alliance organique avec LFI. Mais cette ambivalence stratégique fragilise davantage un parti dont le nombre de militants est désormais inférieur à 40 000. Nombre d’élus locaux socialistes, députés ou maires, restent dépendants de l’appareil électoral de LFI. Ce déséquilibre empêche le PS de se projeter comme une force politique autonome.
À l’extérieur du parti, les dynamiques centrifuges se multiplient. Bernard Cazeneuve, en rupture assumée avec le PS depuis 2022, poursuit son entreprise de refondation d’une gauche de gouvernement. Raphaël Glucksmann tente de capitaliser sur son score des européennes de 2024 pour élargir sa base électorale et s’imposer comme une figure centrale. Face à ces recompositions, le PS doit encore arbitrer sa ligne d’opposition au gouvernement de François Bayrou.
Blois, lieu d’une (re)construction idéologique ?
À moins de deux ans d’une présidentielle qui pourrait redistribuer profondément les rapports de force à gauche, ce CamPuS 2025 pourrait devenir un moment d’inflexion — à condition que les débats, au lieu de reconduire les blocages, amorcent une nouvelle trajectoire. Au congrès de Nancy, le mot d’ordre était « émancipation ». À Blois, fin août, il pourrait bien s’agir de tenter de la mettre en application.
