Le décalage du projet du Mail Sudreau source de tensions

Le conseil municipal de Blois a décidé un décalage du projet de réaménagement du mail Pierre-Sudreau et de la promenade Mendès-France compte tenu de difficultés liées aux discussions avec la Direction départementale des territoires (DDT) sur le patrimoine arboré du mail et les difficultés à pouvoir replanter si jamais des arbres sont retirés dans le cadre des aménagements. « On préfère prendre le temps de la discussion avec les services de l’État avant de retravailler sur l’aménagement global du secteur », a expliqué Jérôme Boujot, 1er adjoint à la ville durable.

Ce qui a valu une intervention de l’opposant Malik Benakcha pour une passe d’armes : « Je vote contre car il est essentiel d’adopter une vision plus globale. Bien que j’entende les difficultés évoquées, celles-ci étaient prévisibles mais n’ont pas été anticipées, notamment les problèmes liés à la DDT, à la BF, et au fait que le projet se situe à proximité d’un patrimoine protégé, y compris par l’UNESCO. Actuellement, le projet a entraîné la suppression de places de parking et une réduction de la promenade Pierre Mendès-France. Ce projet, qui était une promesse électorale, s’est finalement réduit à une réalisation bien moindre que prévu, équivalente à une « petite souris ». Aujourd’hui, vous proposez une démission d’autorisation de programme sans suivi, montrant ainsi que les promesses n’ont été tenues qu’en deçà de la moitié. »

Une critique qui a irrité la majorité municipale. « Evidemment on peut regarder Action cœur de ville à l’aune de l’aménagement des quais et dans ce cas là trouver que les choses sont réduites… c’est votre propos qui est réduit !«  a retourné Jérôme Boujot. « Les aménagements du mail Pierre-Sudreau et de la promenade Mendès-France sont inscrits dans Action cœur de ville, et c’est donc dans l’intégralité des projets Action cœur de ville qu’il faut raisonner, et pas seulement à l’aménagement du mail… Mais comme vous vous êtes un grand clerc Monsieur Benakcha, il serait plus judicieux de proposer systématiquement une vision globale de la ville en matière d’aménagements, tout en prenant en compte les difficultés techniques potentielles. Jusqu’à présent, à chaque conseil municipal, vous mentionnez la prévisibilité de certains problèmes, mais je n’ai jamais vu de document écrit de votre part à ce sujet. Je suis donc très curieux de voir ces prévisions maintenant. »

Ce à quoi Malik Benakcha a rétorqué : « Le débat ne porte pas sur la remise en cause globale de l’action de la ville, mais se concentre spécifiquement sur la délibération concernant la réaménagement de la promenade et du mail Pierre-Sudreau. Je m’attache donc précisément à ce sujet. Vous avez souvent souligné lors des conseils que nos prévisions étaient erronées. Nous avions élaboré un programme en 2020, après des discussions approfondies, en espérant ne pas simplement répéter les propositions et les programmes des différentes élections municipales. Cependant, je constate aujourd’hui certaines réalisations qui correspondent davantage aux propositions de l’opposition ou de minorités au sein de la majorité. Il devient évident, projet après projet, que vous vous éloignez de la réalité et des promesses initiales. Il ne s’agit pas de dissimuler le problème ; nous parlons bien ici du mail Sudreau et de la promenade Mendès-France. Jusqu’à présent, j’ai soutenu ce projet ambitieux, mais aujourd’hui, pour la première fois, je vote contre. Ce n’est pas une décision prise à la légère, mais une position assumée. Ce projet représente un recul de votre part, et en tant qu’élu, il est de mon devoir de le dénoncer. »

Le maire de Blois, Marc Gricourt, aura eu ce dernier mot : « Vous êtes un spécialiste la politique politicienne Monsieur Benakcha », a lancé l’édile. « Peut-être qu’un jour, même si il me semble très lointain, vous serez en responsabilité municipale, et vous verrez ce qu’est la gestion municipale… Dans le cadre de la gestion municipale, il est parfois nécessaire de réviser, voire de différer des projets. Le projet concernant le mail Sudreau n’est pas abandonné, mais simplement reporté, puisqu’il figure toujours dans la convention « Action Cœur de Ville ». Cela a impliqué de reprioriser certains projets, notamment la décision, initialement non prévue dans la première convention, de réhabiliter Saint-Saturnin pour trois millions d’euros. La majorité municipale a jugé qu’il était possible de réaliser rapidement ce projet, contrairement au mail Sudreau. Cette décision relève de la sagesse dans la gestion municipale, prenant en compte les capacités des services et les contraintes liées au site, notamment celles imposées par les services de l’État et autres autorités réglementaires. Nous avons donc choisi en toute honnêteté de reporter le projet du mail Sudreau pour privilégier celui de Saint-Saturnin, un autre projet patrimonial important et cher aux habitants. »