Le Secours Catholique a remis ses diplômes de formation citoyenne à des migrants

Ce jeudi 30 janvier 2025, l’antenne Gambetta du Secours Catholique, à Blois, a accueilli la cérémonie de remise des attestations de la formation citoyenne, un programme exigeant de trois mois destiné aux personnes migrantes. Conçue pour offrir des bases solides sur la société française et favoriser l’intégration, cette formation s’impose aujourd’hui comme un levier essentiel pour de nombreux participants. Retour sur un dispositif qui mêle apprentissage, engagement et espoir.

La formation citoyenne du Secours Catholique n’est pas une initiative récente. Béatrice Garnier, bénévole en charge du programme, retrace son histoire : « Il y a près de quinze ans, Christiane Audibert a eu l’idée de proposer ces cours sur la citoyenneté. Elle s’était dit que cela pourrait être utile aux personnes nouvellement arrivées. Aujourd’hui, on voit bien que cette intuition était juste. »
Depuis, la formation s’est structurée autour de 48 heures de cours, d’octobre à janvier (hors vacances scolaires), le mardi et le jeudi, de 9h30 à 11h30 (des bénévoles sont recherchés pour dispenser ces cours, ndlr). Les participants doivent faire preuve d’une assiduité rigoureuse, être présents les deux fois par semaine, à l’heure, et s’impliquer activement. Pour Béatrice Garnier, c’est un élément fondamental : « C’est une manière de leur donner un cadre, de leur montrer que la régularité et l’engagement sont essentiels pour réussir. »
Les enseignements abordent plusieurs domaines clés de la vie en France : les institutions, la citoyenneté, le droit et les devoirs, l’histoire, la géographie, mais aussi des sujets très concrets comme le logement, les assurances, la santé ou l’économie familiale. Plusieurs bénévoles assurent ces cours, parmi lesquels d’anciens enseignants et des médecins. « Nous avons une équipe formidable. Chacun apporte son expertise et son expérience, ce qui rend la formation très enrichissante », souligne Béatrice Garnier.

Un diplôme reconnu, mais pas encore pleinement valorisé
Cette année encore, la cérémonie de remise des attestations a été marquée par l’émotion et la fierté des lauréats. François Virlet, président du Secours Catholique en Loir-et-Cher, a tenu à rappeler l’importance de cette étape : « Célébrer une fin de formation, c’est célébrer une réussite. Pour beaucoup d’entre vous, ce parcours a été semé d’embûches, et nous savons que la migration est une épreuve en soi. Aujourd’hui, vous avez fait un pas de plus vers l’intégration. » La Ville de Blois était représentée par Cédric Marmuse, qui a salué l’engagement des participants : « Nous savons combien il est difficile de s’intégrer dans un pays où l’on ne maîtrise pas tous les codes. Vous avez fait cet effort supplémentaire, et cela mérite d’être reconnu. »
Malgré ces encouragements, le diplôme reste encore trop peu pris en compte dans les démarches administratives, ce que regrette Béatrice Garnier : « Nous avons eu un préfet qui est venu remettre les diplômes il y a quelques années. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Pourtant, nous savons que cette formation va devenir obligatoire pour toute demande de titre de séjour. Nous sommes en avance sur ce qui va devenir une nécessité. »
Des parcours de vie bouleversés et une nouvelle vision de la France
Pour de nombreux participants, la formation représente bien plus qu’une série de cours : c’est une véritable porte ouverte sur une nouvelle vie. Nora, l’une des diplômées, qui a fui un mari violent en venant en France, explique son choix de s’inscrire : « J’ai voulu passer ce diplôme pour mieux comprendre la société française, mais aussi pour avoir plus d’opportunités. C’est mieux que de rester à la maison. » Faïssa, venue du Maroc il y a deux ans, témoigne également : « Nous connaissions déjà un peu la France avant d’y venir, mais il y a beaucoup d’aspects administratifs que nous ne maîtrisions pas. Ce n’est pas pareil de vivre ici. »
L’un des atouts de la formation est de permettre aux participants de mieux appréhender leurs droits et devoirs en France. Béatrice Garnier insiste sur ce point : « Nous leur expliquons par exemple comment fonctionne la justice, quelles sont les obligations en matière d’assurance, pourquoi il est important d’être couvert, comment faire une demande de logement social… Ce sont des choses qui ne sont pas évidentes pour eux. »
Pour certains, cette formation est aussi un tremplin vers une reconversion professionnelle. Faïssa, institutrice au Maroc, aimerait enseigner en France : « Si c’est possible, oui. Mais s’il y a autre chose, je peux aussi m’adapter. »
Un engagement bénévole qui se poursuit après la formation
La formation citoyenne dépasse la transmission de savoirs : elle crée aussi des liens. Béatrice Garnier observe que plusieurs anciens participants deviennent bénévoles après leur passage : « Beaucoup ont envie de rendre ce qu’ils ont reçu. Certains deviennent bénévoles au Secours Catholique, d’autres enseignent le français langue étrangère. Nous avons déjà eu des apprenants qui sont revenus en tant que formateurs. »
Toutefois, certains freins subsistent. L’un des principaux défis concerne les femmes avec enfants, qui rencontrent des difficultés pour suivre la formation. Béatrice Garnier alerte sur ce problème : « Nous avons des mères qui voudraient venir, mais qui ne peuvent pas parce qu’elles doivent s’occuper de leurs enfants. Il n’y a pas de raison qu’elles soient exclues. Nous devons mettre en place une solution, peut-être une garderie pendant les cours. »
Changer les mentalités et lutter contre les préjugés
Au-delà des connaissances acquises, cette formation a aussi une portée symbolique. Elle vient combattre certains préjugés persistants sur l’immigration. Cédric Marmuse l’a rappelé avec force : « Il y a beaucoup de stéréotypes sur les personnes migrantes, et la plupart sont faux. Vous êtes la preuve que l’on peut toujours faire un pas vers l’autre. » Faïssa partage cette vision : « Quand on apprend l’histoire et la citoyenneté, on comprend mieux le pays où l’on vit. Ce sont des choses importantes. On ne peut pas juste être là sans connaître comment fonctionne la France. » Pour François Virlet, cette initiative doit se poursuivre et s’améliorer : « Nous allons continuer cette formation, nous allons l’enrichir, nous allons l’adapter aux besoins des apprenants. Ce que vous avez accompli aujourd’hui est déjà une grande victoire. »
Un modèle à pérenniser et à faire reconnaître
Grâce à l’engagement des bénévoles, au sérieux des participants et au soutien du Secours Catholique, cette formation est une réussite évidente. Mais pour qu’elle ait un impact encore plus fort, elle doit être mieux reconnue par les autorités et accessible à toutes et tous. Une initiative qui vise à offrir un avenir plus stable et plus digne à celles et ceux qui ont choisi la France. Comme le résume Faïssa avec un sourire : « Toujours apprendre, toujours avancer. Si on veut, on peut. »