Le monde du travail quand on a 20 ans en 2025

À l’occasion de son vingtième anniversaire, l’association Article 1 a commandé une étude à IPSOS pour dresser un portrait des jeunes Français.es de 20 ans. Cette enquête met en lumière une génération optimiste quant à son avenir personnel, mais préoccupée par les inégalités dans le monde du travail.
Un optimisme personnel, mais une inquiétude sociale marquée
Les résultats révèlent une dualité : 66 % des jeunes se disent optimistes quant à leur propre avenir, et 70 % se déclarent confiants sur leur trajectoire professionnelle. Toutefois, cet optimisme est inégalement réparti. 80 % des jeunes issus de familles où les deux parents sont diplômés du supérieur sont confiants en leur avenir professionnel, contre seulement 67 % de ceux dont aucun des parents n’a obtenu le baccalauréat.
Si les jeunes de 20 ans croient en leur capacité individuelle de réussite, leur vision du contexte global est nettement plus sombre. 82 % estiment que les inégalités sociales sont importantes en France, un constat encore plus fort chez les boursiers (88 %) et les jeunes issus des territoires ruraux (90 %). Pour 80 %, ces inégalités constituent un frein majeur à l’emploi, tandis que 77 % estiment qu’elles limitent les perspectives d’évolution professionnelle.
Une génération qui se sent ignorée
Un autre enseignement de l’étude concerne le sentiment d’invisibilité des jeunes dans le débat public : seuls 28 % estiment que leur voix est prise en compte. Ce ressenti est particulièrement marqué dans les territoires ruraux, où 81 % des jeunes ont le sentiment de ne pas être entendus. Ce manque de reconnaissance interroge sur la manière dont la société peut mieux intégrer leurs préoccupations dans les décisions politiques et économiques.
Le monde du travail, une source de stress
Si le travail reste central dans les aspirations des jeunes, il est aussi une source majeure d’angoisse. 70 % des jeunes perçoivent le monde du travail comme plus stressant qu’épanouissant, et 63 % craignent d’être en décalage avec les générations précédentes. Cette appréhension est renforcée par le manque de réseau professionnel : sans contacts établis, l’entrée sur le marché du travail est perçue comme un obstacle supplémentaire.
Malgré ces inquiétudes, la majorité (70 %) reste optimiste concernant son avenir professionnel, bien que seuls 16 % se déclarent « très optimistes ». Cette réserve traduit une incertitude quant à la capacité du monde du travail à répondre aux attentes des jeunes générations, notamment en termes de conditions de travail et d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Un regard critique sur l’école et l’accès aux études supérieures
Traditionnellement perçue comme un ascenseur social, l’école est désormais remise en question par une partie des jeunes. 62 % estiment qu’elle ne donne pas les mêmes chances à tous, et 61 % considèrent que les études supérieures ne sont pas accessibles à tous. Ce sentiment est particulièrement fort chez les jeunes issus de milieux modestes et des zones rurales.
Le critère ayant l’impact le plus fort sur l’optimisme et la vision du monde est le niveau de diplôme des parents. 87 % des jeunes dont les deux parents sont diplômés du supérieur s’estiment favorisés, contre 66 % de ceux dont au moins un parent a un niveau inférieur au Bac.
Les préoccupations prioritaires : pouvoir d’achat et inégalités sociales
À l’image du reste de la population française, les jeunes placent le pouvoir d’achat en tête de leurs préoccupations (38 %). En revanche, les inégalités sociales arrivent en deuxième position (27 %), un sujet qui apparaît beaucoup moins prioritaire chez les autres tranches d’âge.
L’étude met également en lumière des préoccupations genrées : les jeunes femmes sont plus sensibles aux inégalités sociales (34 %) que les jeunes hommes (20 %). L’égalité entre les hommes et les femmes est le deuxième sujet de préoccupation des jeunes femmes (31 %), mais seulement le douzième pour les jeunes hommes (9 %).
En somme, l’étude commandée par Article 1 dresse ainsi le portrait d’une génération lucide, consciente des défis qui l’attendent et désireuse de trouver sa place dans une société perçue comme injuste. Malgré leur optimisme personnel, les jeunes de 20 ans expriment une forte attente de reconnaissance et d’actions concrètes pour réduire les inégalités et leur offrir un avenir professionnel stable et épanouissant.