Les Fées-Arctivistes : l’art au service de la nature et de l’humanité
À la Promenade artistique de Molineuf, un collectif capte l’attention : Les Fées-Arctivistes, un groupe d’artistes-plasticiennes, composé de Lydie Belde, Laurèle Besse, Claire Comte, Gwendoline Dolbeault, Sylvie Marc et Nathalie Bardyn, qui utilise l’art comme vecteur de sensibilisation écologique, philosophique et sociale. Depuis 2019, elles se réunissent chaque année pour imaginer des installations engageantes et poétiques, afin de transmettre des messages forts et universels sur des thématiques cruciales. Parmi elles, Sylvie Marc, artiste engagée, nous dévoile la démarche de ces artivistes à travers une série d’installations immersives.
2019 : La pollution transformée en « magique solution »
En 2019, tout commence avec une réflexion sur la pollution. Sylvie Marc se souvient : « Nous nous sommes dit : parlons de la pollution, des déchets. Et on va dire aux gens : ne faites pas trop de déchets, et quand vous en avez, transformez-les en quelque chose de joli. » Ce premier projet prend la forme de robes rouges gigantesques créées à partir de déchets plastiques, que le collectif a imaginé dans un univers féerique, transformant ainsi la « pollution » en « magique solution ». Cette initiative a immédiatement capté l’attention des visiteurs : « Les gens nous ont dit : ah mais oui, tiens, les bouteilles plastiques, je vais les utiliser autrement… ». Les Fées-Arctivistes étaient ravies de constater que leur message avait résonné.
2020 : La protection des plantes médicinales
L’année suivante, en 2020, une menace plane sur les plantes médicinales. Un laboratoire pharmaceutique envisage de restreindre la plantation de certaines plantes comme le thym et la sauge. « Nous nous sommes dit : on va faire une énorme orbe végétale de deux mètres de diamètre, la suspendre au-dessus de la rivière, et la recouvrir de plantes odorantes et médicinales, » explique Sylvie. Cette installation, suspendue au-dessus du lavoir de Molineuf, portait un message fort : inviter les gens à replanter massivement des plantes qui guérissent dans leurs jardins. « Quasiment toutes les plantes ont des pouvoirs. À part la ciguë, bien sûr… », plaisante Sylvie Marc.
2021 : La disparition des habitats d’oiseaux
En 2021, le collectif s’attaque à la disparition des oiseaux. « Une espèce sur trois disparaît à cause de l’agriculture intensive et de nos modes de production, » déplore Sylvie. Pour alerter sur ce phénomène alarmant, les Fées-Arctivistes ont créé un « Nid des Fées », un immense nid installé au sol, entouré de nids suspendus dans les arbres. Le but était d’inciter les gens à recréer des habitats pour les oiseaux autour d’eux. « Nous avons appelé les gens à réinstaller des nids partout où ils pouvaient, dans leurs jardins, sur leurs balcons… », poursuit-elle.
2022 : Le « Radeau des Fées » face à la montée des eaux
En 2022, c’est la montée des eaux qui inspire le projet du collectif. « Nous avons entendu parler de la montée des eaux. Nous nous sommes dit : si nous devions partir en urgence sur un radeau, qu’emporterions-nous ? » Cette réflexion se matérialise par l’installation du « Radeau des Fées » sur le marais des Rinceaux. « Nous, en tant que Fées-Arctivistes, nous avons dit que nous emmènerions le cœur des hommes, » raconte Sylvie. Cette installation symbolique invitait chacun à réfléchir sur les valeurs et les essentiels.
2023 : Le mouvement des Rêveurs-Arctivistes
En 2023, les Fées-Arctivistes franchissent un cap en lançant le mouvement des « Rêveurs-Arctivistes ». L’idée est de rassembler non seulement des artistes, mais aussi des rêveurs, des créateurs de tout horizon, pour qu’ils partagent leurs visions. « Nous avons toutes et tous une part de création en nous, et nous voulions élargir notre cercle. Nous avons créé un lit suspendu avec un tapis volant, un ciel de lit féerique, pour encourager nos rêveurs à croire en leurs rêves, » raconte Sylvie. Cette installation, placée aux l’emblématiques Rinceaux, a inspiré les visiteurs et visiteuses et les a invités à réinvestir leurs propres imaginaires.
2024 : Écouter l’enfant intérieur
Cette année, en 2024, les Fées-Arctivistes (qui ne sont pas toutes activistes) poursuivent leur cheminement artistique et introspectif avec un nouveau thème : l’enfant intérieur. Inspirées par deux figures littéraires majeures, Alice au Pays des Merveilles et Le Petit Prince, elles appellent chacun à renouer avec cette part de nous qui s’émerveille encore du monde.
« Nous avons tous été expulsés de notre enfance d’une manière ou d’une autre. Cette année, nous invitons les gens à écouter leur enfant intérieur et à réenchanter le monde, » explique Sylvie Marc. Les visiteuses et visiteurs peuvent ainsi déambuler dans un univers onirique, où des symboles de l’enfance et de la rêverie se mêlent à des messages d’éveil et de conscience écologique.
Sylvie Marc : une Fée-Activiste dans l’action
Lorsqu’on interroge Sylvie Marc sur son rôle en tant que Fée-Arctiviste, elle se définit avant tout comme une Fée-Activiste. « Cela signifie que je suis plutôt dans la revendication. Mon enfant intérieur me dit : « Sylvie, agis, fais bouger les choses, parce que les autres ne le feront pas pour toi ». »
Pour elle, l’action est essentielle. Chaque installation qu’elle conçoit est guidée par cette volonté de provoquer un changement, de sensibiliser, d’interpeller. « Si je veux porter un message, il faut que j’agisse, » affirme-t-elle.
Son enfant intérieur, qui la pousse à créer et à revendiquer, a grandi avec des rêves qu’elle n’a pas pu réaliser dans son enfance. « Petite, je me disais : « J’ai hâte d’être grande pour réaliser mes rêves, parce que je manque de liberté ». Aujourd’hui, j’ai cette immense liberté de créer, et je l’utilise comme moyen de locomotion pour porter mes idées. »
Au-delà de son art et de ses actions, Sylvie Marc croit fermement en la collaboration pour construire un monde meilleur. « Je suis persuadée que si nous travaillons tous ensemble sur les espaces que nous avons en commun, même si nous n’avons que 20 % en commun avec quelqu’un, il faut travailler sur cet espace-là de manière positive. Et là, nous allons construire quelque chose. Moi, j’y crois. »