Les propositions de la Scène nationale de Blois en mars 2024

Dans son désir de proposer un programme culturel et artistique varié, allant du savoir-vivre dans la société moderne, illustré par une pièce de Jean-Luc Lagarce, à l’exploration de la musique jazz par l’Umlaut Big Band (à Vendôme le 15 mars), en passant par des adaptations de classiques de Molière et une fable musicale et écologique inspirée par « Le Carnaval des Animaux » de Saint-Saëns, la Scène nationale de Blois reste fidèle à sa ligne au mois de mars 2024. Voici le programme :

Jeudi 14 mars à 19h30 et vendredi 15 mars 20h30 : « Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne » [Complet]

« Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne » est une pièce de théâtre écrite sous forme de monologue par Jean-Luc Lagarce, créée en 1994. Elle met en scène un unique personnage, La Dame, qui énonce et commente les règles à suivre dans la société moderne pour faire face à tous les événements de la vie, comme la naissance, le mariage, ou la mort​​.

La pièce est connue pour son ironie et son humour, revisitant un manuel de bonnes manières de 1889 par la baronne de Staffe. Lagarce enrichit le texte original avec des paraphrases et commentaires, apportant un regard critique et amusé sur les conventions sociales de son époque. La rigidité et l’absurdité des conventions sociales sont exposées, questionnant le sens et l’importance accordés aux rites et traditions​​.

La mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo, avec Catherine Hiegel dans le rôle de La Dame, a reçu des éloges pour sa capacité à capturer l’essence du texte de Lagarce, apportant à la fois humour et humanité. Le spectacle a été décrit comme « étincelant », avec Hiegel « au sommet de son art », selon les critiques de Télérama et L’Humanité​​.

La pièce s’interroge sur les modèles de société construits autour des intérêts économiques et de l’ordre moral, tout en soulignant la fragilité des frontières avec le racisme et l’exclusion sociale. La mise en scène actuelle ajoute une couche de subversion et d’actualité, en résonance avec les débats sociétaux contemporains, notamment à la lumière du mouvement #Metoo​​. Tarifs : de 5 à 22€.

Jeudi 21 mars 14h15 et 19h30 – Vendredi 22 mars 14h15 et 20h30 : « La Grande École »

« La Grande École » est un projet ambitieux mené par Luc Cerutti et la Compagnie Zone Franche, qui fusionne deux célèbres pièces de Molière, « L’École des maris » et « L’École des femmes ». Cette initiative vise à explorer les thèmes de l’amour et de l’autorité, en présentant les deux pièces de manière contemporaine tout en conservant les alexandrins d’époque. Le spectacle est destiné à un public âgé de 12 ans et plus, et met en lumière le génie de Molière à travers une scénographie moderne et des interprétations actuelles​​.

La mise en scène de Cerutti place « L’École des maris » sur le palier d’un immeuble, offrant une perspective neuve sur l’œuvre classique où l’alexandrin se mêle à la dureté contemporaine d’un couloir d’immeuble. « L’École des femmes », quant à elle, continue sur cette lancée en combinant une scénographie actuelle avec la musicalité des dialogues de Molière, soulignant ainsi l’intemporalité et la pertinence des thèmes abordés par l’auteur​​. Les représentations de ces pièces à la Halle aux grains comprennent des séances destinées tant au public général qu’aux établissements scolaires, affirmant l’importance de faire découvrir et redécouvrir l’œuvre de Molière aux nouvelles générations (d’où cet horaire de 14h15).

26, 28 et 30 mars : « Une histoire de l’argent racontée aux enfants et à leurs parents »

« Une histoire de l’argent racontée aux enfants et à leurs parents » est une création théâtrale conçue et mise en scène par Bérangère Jannelle pour la compagnie La Ricotta. Cette œuvre se présente sous la forme d’une conférence spectaculaire, destinée à un public dès 10 ans, où deux apprentis anthropologues racontent 5000 ans d’histoire économique à travers un jeu de société original, créé pour l’occasion. Utilisant des aliments et des ustensiles de cuisine comme éléments scéniques, ils explorent les échanges commerciaux, les montages économiques, et les dettes​​​​.

Le spectacle mêle habilement fiction et sciences humaines et sociales, questionnant en profondeur le lien entre l’histoire intime et l’histoire collective. La mise en scène fait appel à des techniques de théâtre d’objet, amplifiées parfois par des caméras et un vidéoprojecteur, pour illustrer concrètement les grandes questions de notre société à travers des travaux pratiques et ludiques. La pièce démarre avec des échanges basés sur l’orge en Mésopotamie pour aboutir à la privatisation de certaines semences, illustrant ainsi l’évolution des pratiques économiques au fil du temps​​. Ce spectacle proposé par la Scène nationale de Blois sera joué le mardi 26 mars (18h30) à l’Espace Quinière Rosa-Parks, jeudi 28 mars à la Maison de Bégon, et samedi 30 mars au Théâtre du Grand Orme de Feings. (tarifs de 5 à 8€).

Vendredi 29 mars : « Le Carnaval des Animaux en Péril »

« Le Carnaval des Animaux en Péril » est une fable musicale et écologique proposée par l’Ensemble La Rêveuse, avec des musiques et des textes de Vincent Bouchot. Cette production innovante s’inspire du classique « Le Carnaval des Animaux » de Saint-Saëns, mais avec une perspective contemporaine qui aborde le problème urgent de la perte de biodiversité. Elle met en scène les nouvelles aventures d’Orphée, qui, grâce à sa musique, attire l’attention sur des créatures méconnues, invisibles et en voie de disparition, les menant dans une danse fantaisiste. Cependant, elle pose la question poignante : la musique peut-elle sauver ces personnages condamnés à l’extinction ?

La performance est un mélange de musique baroque et contemporaine, enrichie par des œuvres d’art numérique et un message environnemental fort. Elle met en lumière des espèces menacées à travers des pièces engageantes comme « La twist du concombre de mer » et « La bourrée du bec-en-sabot, » visant à sensibiliser à la nécessité de protéger ces espèces. Ce projet unique, qui a remporté les REMA Awards 2022 dans la catégorie « Avocat de la transition, » souligne la collaboration entre le compositeur Vincent Bouchot et l’Ensemble La Rêveuse, mettant en vedette un mélange d’instruments anciens, d’instruments modernes et de certains insolites comme le pardessus de viole et le vibraphone.

L’ensemble comprend des musiciens tels que Koske Nozaki aux flûtes et Sylvain Lemêtre au vibraphone et aux percussions, parmi d’autres. Le projet est soutenu par plusieurs organisations, y compris la Région Centre-Val de Loire, et vise à engager le public dans des discussions significatives sur la résilience écologique à travers le pouvoir de la musique et du récit​​​​​​. Ce sera à la Halle aux grains le vendredi 29 mars 2024 (19h30). Tarifs de 5 à 12€.