Les tirailleurs africains tombés à Blois : des héros méconnus
Le matin du 16 juin 1940 a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire de Blois. À 6 heures du matin, neuf avions allemands ont survolé la Loire à basse altitude, déversant leur cargaison mortelle à l’entrée ouest de la ville. Ce raid aérien initial a fait une trentaine de victimes, parmi lesquelles se trouvait Émile Laurens, député-maire de la ville.
Une deuxième vague d’attaques aériennes a ensuite pris pour cible le faubourg de Vienne à 11h30. Et à 16 heures, c’est la gare de Blois qui a été visée. Le coût humain de cette journée tragique fut considérable : 3661 familles sans abri, 1522 bâtiments détruits ou sévèrement endommagés et au moins 230 morts, un chiffre qui est estimé plus proche de 300 en réalité. Parmi eux, au moins six étaient des tirailleurs africains.
Au cimetière de Blois-Vienne, sept tombes anonymes rappellent le sacrifice de ceux qui sont tombés sur la rive gauche de la Loire, lit-on dans Blois insolite et méconnu (éditions Sutton) . Plusieurs d’entre elles abritent les restes de tirailleurs qui sont morts en défendant leur poste. Ces hommes ont été enterrés par des civils bénévoles.
Le 17 juin, à 14 heures, les avions ennemis sont réapparus, cette fois-ci ciblant le pont de la ville. Deux bombes sont tombées dans la Loire, mais le pont est resté intact. Toutefois, les bâtiments adjacents, y compris l’hôtel de ville situé sur les quais, le collège et toute la tête de pont de la place Ave Maria à la place Louis XII, ont été touchés. Une grande partie du centre-ville a été réduite en cendres, les flammes menaçant même le château. Les défenseurs de la ville se sont repliés sur la rive de la Vienne.
Le 18 juin, à 11h10, deux motocyclistes allemands sont apparus sur l’autre côté du pont, face aux troupes françaises. Au même moment, la deuxième arche sud du pont a explosé. Pendant deux jours, un feu croisé d’artillerie a fait rage entre les deux camps. Des soldats du régiment des tirailleurs sénégalais ont vaillamment défendu leur position. La résistance de Blois s’est terminée trois jours après la demande d’armistice du maréchal Pétain.
En 2010, la ville de Blois a décidé de rendre hommage à ces tirailleurs en apposant une plaque sur le parapet du pont côté rive gauche, à l’endroit exact où ces braves soldats ont combattu pour défendre la ville. Ce geste rend hommage à leur courage et rappelle le sacrifice de ces hommes qui sont venus d’Afrique pour se battre sur une terre étrangère.