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L’incroyable prolongement de l’avenue Maunoury projeté au siècle dernier

La petite commune de Saint-Denis-sur-Loire garde jalousement un passé fascinant. C’est une histoire d’eaux curatives, de royauté en exil, de projets urbains audacieux, et surtout, d’un rêve démesuré qui n’a jamais vu le jour. Vous aviez aimé le projet d’un Las Vegas/Deauville en bord de Loire (lire ici) en 1964, vous allez être impressionné par la version 1928.

Prenons un machine à remonter le temps. Les fontaines médicinales de Saint-Denis-sur-Loire étaient bien connues. Malheureusement, une fois le temps de la cour à Blois révolu, ces eaux sombrèrent dans l’oubli. Au milieu du XIXe siècle, le docteur Blau, en chef de l’Hôtel-Dieu de Blois, relance l’affaire. Après avoir dégagé les lieux et confirmé les propriétés bienfaitrices des eaux, l’Académie de médecine donne en 1852 un avis favorable à leur exploitation. La fontaine Médicis reçoit alors trois sources distinctes, mais, malgré tout, la société exploitante est mise en liquidation et l’établissement ferme définitivement ses portes en 1871 à cause de la guerre franco-allemande.

Un projet monstrueux

En 1924 un projet ambitieux fait surface, envisageant la revitalisation de la station thermale de Saint-Denis-sur-Loire, dans le but de stimuler le développement de Blois.

À cette époque, Blois n’était pas encore reconnue comme « ville touristique », mais plutôt comme une simple ville-étape. Cette période coïncide avec une expansion rapide des zones urbaines, principalement sous l’impulsion de l’urbaniste Ernest Hebrard (1875-1933). Il visait à mettre la ville au cœur des avancées technologiques du moment, tout en répondant aux exigences de production et de stabilité sociale.

C’est en 1928 que le passé de Saint-Denis-sur-Loire ressuscite d’une manière presque pharaonique, comme on peut le lire dans « Les grands événements du Loir-et-Cher 1900-2000 » de Pascal Nourrisson (éditions De Borée). La Société foncière et immobilière de Blois et Saint-Denis, dotée d’un capital de 2.500.000 francs, présente un projet de future station thermale sur une plaquette illustrée. Le projet est hallucinant.

Une avenue de 60 m de large, prolongement de l’avenue Maunoury, reliant Saint-Denis à Blois, bordée de buildings et de maisons bourgeoises. Selon la plaquette, cette nouvelle station accueillerait chaque année 50.000 curistes. D’où une nécessité de disposer de «vastes boulevards, avenues, squares».

Un luxe inégalé

Au-delà de l’établissement thermal aux soins ultra-modernes, des infrastructures de divertissement et de loisirs sont prévues. Imaginez un casino avec tous les fastes possibles : salons, galeries, salle des fêtes, salle de spectacle et restaurant. Le luxe ne s’arrêterait pas là. Des palaces et des hôtels compléteraient le paysage.

Le grand air et les loisirs

Pour les amoureux du grand air, une plage de sable fin au bord de la Loire était prévue. Côté sport, tous les goûts seraient satisfaits : un golf, un hippodrome, un autodrome, un vélodrome, un stand de tir, un club nautique et même un aérodrome ! Et pour les férus de chasse, un vaste domaine était envisagé pour les chasses traditionnelles.

Une utopie autonome

Le projet incluait également une autonomie presque totale en termes d’économie et d’énergie. Une usine élévatoire pour la distribution en eau potable, un groupe industriel pour fournir l’électricité, une brasserie et même une fabrique de glace.

Le revers de la médaille

Comme tout projet sans mesure, celui-ci avait un coût : 63.250.000 francs. La hauteur du projet et la crise économique de 1929 eurent raison de cette ambition. Presque un siècle plus tard, ce projet gigantesque de prolongement de l’avenue Maunoury n’est plus qu’un fantôme d’une époque révolue.

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